Sakaya Kurashashi, mariée et mère d'une petite fille, recontacte son ancien petit ami, le narrateur de l'histoire, qu'elle n'a pas plus vu depuis plusieurs années pour lui faire une bien étrange demande : son père vient de mourir en lui laissant une clé et un plan et elle est persuadée qu'il disparaissait régulièrement pour aller à cet endroit. Tourmentée par le fait de n'avoir aucun souvenir d'enfance, elle lui demande de l'y accompagner pour tenter de trouver des réponses à ses questions...
Je reste volontairement évasive dans mon résumé car la 4ème de couverture, par exemple, en dit beaucoup trop et je pense qu'il vaut mieux aborder cet étrange récit en en sachant le moins possible à l'avance et se laisser imprégner petit à petit par sa curieuse atmosphère...
Cette fois-ci, c'est le billet de Sandrine, terriblement tentateur, qui a été le déclencheur de ma lecture, un exploit quand on sait que la littérature asiatique n'est à priori pas ma tasse de thé et que j'en lis assez peu souvent !
La majorité du roman se passe dans une maison complètement abandonnée, dégageant des ondes négatives fortes dans un climat vraiment anxiogène. Mais, intimement persuadée que les clés expliquant l'absence de ses souvenirs d'enfance et son mal-être actuel se trouvent là, Sakaya veut persévérer dans sa quête. Au fur et à mesure que des faits bizarres, toutes les horloges de la maison sont arrêtées à 11h10 entre autres, et que des incohérences se dévoilent, on en apprend sur la vie actuelle de l'héroïne mais aussi sur le passé du narrateur, jamais nommé. En recoupant tous les éléments à leur disposition : un journal intime, des objets, des lettres, quelques flashs de mémoire revenue, ils arriveront finalement à résoudre l'énigme et à reconstituer l'enfance disparue de Sakaya...
Comme le disait Sandrine, pas véritablement de suspense ici mais une tension oppressante, lentement distillée et servie par une écriture fluide mais étonnamment distanciée, presque désincarnée... qui n'est pas sans me rappeler celle de la fameuse trilogie 19Q4, une patte, une sensibilité toute japonaise, une manière spécifique d' évoquer avec beaucoup de pudeur, de façon très différente des occidentaux, des sujets graves.
Un roman singulier, dans lequel je me suis totalement immergée, à découvrir...