lundi 31 mars 2014

Je n'ai pas peur (Niccolo Ammaniti)

















Sud de l'italie, dans un tout petit hameau, l'été 78 est caniculaire, étouffant. Les adultes se terrent à l'ombre pendant que Michele, 9 ans, sa petite soeur et ses copains sont livrés à eux-mêmes toute la journée. Ils partent en expédition en vélo, se lancent des défis et des gages. C'est comme ça que Michele, tout près d'une maison abandonnée dans un vallon désolé, fait une découverte terrible qui va bouleverser sa vie : au fond d'un trou bien dissimulé, il trouve par hasard un jeune garçon de son âge, enchaîné et en si piteux état qu'il croit d'abord qu'il est mort...

Et je m'arrête là ! Surtout ne pas lire la 4ème de couverture qui en  dévoile plus, qui en dit bien trop, trop vite !!!
Je n'avais jamais entendu parler ni de ce livre ni de cet auteur jusqu'à que j'échange avec une blogueuse découverte il y a peu, qui m'a donné envie de le lire et je l'en remercie, vraiment, car je suis ravie d'avoir découvert ce roman d'une intensité si marquante que je ne suis pas près de l'oublier je pense... Cette blogueuse, c'est Delphine-Olympe, allez faire un tour sur son blog, vous y trouverez de belles choses ! En tout cas, personnellement, je suis réceptive à la sensiblité qui se dégage de ses avis...
Mais revenons à notre village des Pouilles écrasé de chaleur et à Michele qui va vite passer malgré lui de l'insouciance de l'enfance à l'angoisse propre au monde des adultes. Le récit est court en effet, ramassé sur quelques jours à peine, pendant lesquels la sourde menace qui plane, le sentiment d'oppression et de suffocation vont aller crescendo jusqu'au dénouement, terrible, que l'on pressent mais auquel on ne veut croire. Michele aura alors appris que ce ne sont pas les créatures imaginaires qui peuplent ses cauchemars qui sont le plus à craindre mais bien les monstres véritables que sont parfois les humains les plus ordinaires. Mi roman iniatique, mi roman noir, Je n'ai pas peur raconte une histoire implacable dans un style épuré, une écriture au formidable pouvoir évocateur qui, sans jamais en faire trop, nous plonge instantanément dans la vérité de l'enfance, dans la chaleur d'un été à la campagne ou dans les affres de la terreur. Un récit d'atmosphère très réussi dans lequel il fait vraiment chaud, nuit, peur...
Je n'ai pas pu le lâcher et je ne peux que vous le conseiller à mon tour !

Le billet de Delphine-Olympe (elle en dit un peu plus que moi sur  l'avancée de l'histoire)...


vendredi 28 mars 2014

Le soldeur (Michel Field)

















Le narrateur, lecteur impénitent et bibliophile averti, décide de se débarrasser de quelques ouvrages qui n'ont plus grand intérêt et les apporte chez un soldeur spécialisé. Là, il flashe sur une jeune femme, mystérieuse, qui attend son tour en lisant. Il demande à la revoir, celle-ci accepte à la condition qu'il accepte l'étrange contrat qu'elle lui propose et qui va l'amener à se dessaisir petit à petit de ses livres les plus précieux...

Autant le dire tout de suite, on comprend très vite que le narrateur en question n'est autre que Michel Field lui-même et que l'intrigue, plus mince qu'un "Que sais-je, n'est qu'un prétexte. S'ensuit un long texte sur l'amour absolu des livres, la place qu'ils prennent dans la vie de tout grand lecteur, le rapport que l'on entretient avec chacun d'eux car beaucoup nous semblent uniques, liés à un souvenir, des circonstances précises et nous considérons certains comme de véritables trésors...
En de longues digressions, l'auteur aborde une multitude de sujets qui vont de l'organisation physique d'une grosse bibliothèque et des dilemmes posés par l'adoption d'un mode de classification aux sacrifices consentis pour s'offrir telle ou telle édition ou aux partages et discussions enfiévrées que certains opus ont généré. En revisitant ses innombrables rayonnages, Michel Field traite de thèmes aussi variés que la philosophie, la cuisine, l'érotisme, l'art, la politique, le féminisme, la grammaire, la langue... et nous livre ainsi un peu de sa vie, de ce qui l'a construit au fil (field ?) d'une logorrhée si brillante qu'elle en devient étourdissante. Ne possédant pas moi-même, en effet,  une telle érudition, je me suis sentie quelquefois un peu larguée, ne saisissant pas à leur juste valeur certainement des références très pointues et même, je dois bien l'avouer, je me suis trouvée par moments à la limite de l'ennui.
Reste que le Soldeur est tout de même passionnant et qu'il ne pourra que donner envie aux lecteurs compulsifs que nous sommes aussi, nous interpellant cependant sur ce que cache ce besoin dévorant, cette accumulation perpétuelle :  nous font-ils accéder à une plus grande liberté ou nous aliènent-ils, finalement ?

Extraits qui ne pourront que vous parler : 

"Les nouvelles technologies portaient en elles un risque d'addiction ? La belle affaire ! Le livre, en ce domaine, lui paraissait autrement puissant."

"Il y a du Don Juan dans tout grand lecteur, en quête effrénée d'une aventure à peine une autre terminée... quand il n'en mène pas plusieurs de front !"

"Il en est ainsi de certaines lectures comme de certaines rencontres : rendues impératives par un contexte pressant, qu'on oubliera très vite, rien ne paraît plus urgent que les réaliser."

"Libère-t-on de soi quand on se libère des livres qui vous ont fait soi ? Leur présence aide-t-elle à vivre, ou empêche-t-elle de vivre ? Une bibliothèque est-elle ouverture au monde ou forteresse assiégée ? Le livre, un baptême, ou une épitaphe ?"

Lisez aussi le billet de Cultur'elle pour qui c'est un énorme coup de coeur...

P.S : j'allais oublier... quelle merveilleuse couverture, non ?



lundi 24 mars 2014

La singulière tristesse du gâteau au citron (Aimee Bender)

















Pour les 9 ans de Rose, sa mère lui a fait son gâteau préféré : chocolat/citron. Mais ce jour là, loin de se régaler, Rose découvre en arrière-goût  toutes les émotions ressenties par sa mère au moment où elle l'a fait : de la solitude, une grande tristesse  et une espèce de vide aussi. Un choc initial qui ne va cesser de se reproduire. Dès qu'elle mange quelque chose, elle peut dire quel est l'état d'esprit de la personne qui a cuisiné et bien plus encore...

Un postulat de départ suffisamment original pour que j'ai envie de découvrir ce petit roman à la jolie couverture acidulée. Et si les premiers chapitres ont effectivement un goût d'inédit, entre rêve et réalité, j'ai trouvé que le récit perdait peu à peu de sa saveur de départ, comme ces bonbons aux couleurs trop vives pour garder leur parfum ou ces chewings-gums  que l'on finit par remâcher sans vrai plaisir.
Je ne dis pas que c'est inintéressant mais au bout d'un moment, on a un peu l'impression de tourner en rond au sein de cette famille étrange qui semble faire du surplace : Rose avec ce don qu'elle vit comme une vraie malédiction, son frère super brillant mais si renfermé qu'il en est asocial, sa mère malheureuse, en quête de reconnaissance et d'amour et son père qui semble hermétique à tout.
Alors bien sûr, au fur et à mesure qu'elle grandira, Rose apprendra à apprivoiser son pouvoir, à s'accepter, à se trouver, de même qu'elle comprendra qu'elle n'est pas la seule à avoir hérité d'un talent particulier et que, au sein même de sa famille, les plus fragiles ne sont pas forcément ce que les apparences tendent à montrer. Et sous cette imagination débridée à la limite du fantastique parfois, passe assez clairement le message de la difficulté à s'assumer quand une sensibilité exacerbée fait se sentir différent et la nécessité absolue, pourtant, d'arriver à se faire sa place dans la vie. Mais c'est un peu trop long à se développer...
Ma conclusion aura un côté doux-amer donc, comme le fameux gâteau au citron du titre sans doute, agréable au début mais qui a fini par devenir un peu lourd pour moi sur la fin et je n'en aurais pas repris davantage...

Cathulu l'a savouré et le place sur son étagère des indispensables. Il a touché et fait vibrer ClaraAntigone est moins enthousiaste même si elle est finalement satisfaite de sa lecture et Joëlle, quant à elle, ne s'est pas franchement régalée et parle d'un ennui grandissant...


samedi 22 mars 2014

Ce qui n'est pas écrit (Rafael Reig)

















Carmen et Carlos sont séparés depuis plusieurs années. Suite à l'alcoolisme et au comportement violent de Carlos, Carmen lui a interdit pendant toute une année de voir régulièrement leur fils Jorge, aujourd'hui âgé de 14 ans. Mais Carlos semble s'être assagi et Carmen lui permet de l'emmener en randonnée en montagne pour le week-end. A peine sont-ils partis qu'elle découvre un manuscrit que lui a laissé Carlos. Le titre en est Sur la femme morte et il arbore une étrange dédicace : Pour C.M, in memoriam. Au fur et à mesure qu'elle avance dans la lecture du récit, hyper violent, Carmen se sent de plus en plus inquiète. Quel message Carlos essaie t'il de lui faire passer ? Et pourquoi ni le portable de son ex-mari ni celui de son fils ne répondent ? 

Ca commençait plutôt bien avec un récit qui semblait partir sur les traces du fameux Sukkwan Island mais autant le dire tout de suite, ce début prometteur ne tient pas ses promesses... en tout cas pour moi, et je n'ai pas aimé ! C'est rare que je dise ça d'un livre mais j'ai lu celui-ci avec un déplaisir grandissant et un malaise persistant tant c'est glauque, violent, malsain et plombant !!! De nombreux sujets sont abordés : le désamour au sein du couple, les failles et les faiblesses mal digérées de chacun, les difficiles relations parents/enfants, le poids de la frustration et les rancunes que cela génère, les ambitions déçues... mais tout est l'objet de redites constantes et ça finit par se mordre la queue sans plus nous avancer. Et le thème principal, celui qui aurait du être le plus passionnant, à savoir le pouvoir manipulateur d'un auteur et ce que le lecteur projette de lui-même dans la lecture d'un roman, subit le même traitement. Répété sans nuances ad nauseam, histoire sûrement de bien enfoncer le clou mais merci on avait compris, il finit vraiment par lasser.    

Extrait :

"Ca, c'est tout le problème avec la lecture, vous projetez sur le texte l'ombre de vos désirs ou de vos craintes, votre ombre à vous qui obscurcit la page jusqu'à que vous ne lisiez plus que ce que vous vous attendez à lire, et tout parle de vous..."

Yv a un ressenti assez proche du mien mais Clara  est plus enthousiaste...


jeudi 20 mars 2014

Désolée...


Comme je modère les commentaires sur ce blog, ils m'arrivent normalement directement sur ma boite mail. Hier cependant, je suis passée directement par la case modération en attente sur le blog et là, surprise, je suis tombée sur une dizaine de comms qui ne sont jamais passés par le mail.
 Je les ai rétablis et y ai répondu avec retard donc, sorry...



mercredi 19 mars 2014

Les brumes de l'apparence (Frédérique Deghelt)

















Gabrielle, parisienne à la vie bien réglée, hérite d'un immense terrain et d'une masure perdus à la campagne au milieu de nulle part. Bien décidée à s'en débarrasser, elle découvre sur place l'existence d'une tante inconnue qui lui tient d'étranges propos. Contrainte de passer la nuit sur sa propriété, elle ressent de curieuses sensations qui vont aller crescendo dans le temps jusqu'à ce qu'elle se rende à l'évidence : elle est guérisseuse et médium, comme sa grand-mère et sa tante. Une révélation insensée qui, à l'aube de ses 40 ans, va remettre toute sa vie en perspective...

Le thème des médiums ne m'aurait sans doute pas portée vers ce roman mais comme j'ai eu l'occasion de l'avoir entre les mains et que j'avais aimé La grand-mère de Jade et La nonne et le brigand, pourquoi pas ?
E après lecture, je peux dire que j'ai vraiment aimé bien qu'avec quelques bémols. En cela, je me rapproche des impressions de Cuné car tout comme elle, je me suis laissée envoutée par la force du récit et la beauté de l'écriture de Frédérique Deghelt qui est une formidable conteuse. On ressent parfaitement avec elle l'enchantement ressenti dans la partie bienveillante de sa forêt tout comme on tremble dès qu'elle pénètre dans son côté obscur. Là ou j'ai moins adhéré c'est dans le côté un peu manichéen du contexte. J'ai trouvé que tous les postulats qui construisaient jusqu'ici la vie de Gabrielle sont bien caricaturaux. A commencer par son entourage : son mari chirurgien esthétique, un symbole bien lourd pour insister sur le poids des apparences, non ? Tout comme son métier à elle qui consiste à organiser des évènements commerciaux pleins de légèreté, de paillettes, de vent... Et puis, un père et un fils tous deux scientifiques et hyper cartésiens. J'aurais préféré que sa remise en question se fasse dans un environnement plus neutre, moins superficiel,  moins opposé par nature à ce qui lui arrive, ce qui n'aurait rien enlevé au propos, au contraire à mon avis ! Malgré ces petits reproches, ce passage inattendu de l'autre côté du miroir des apparences, cette réflexion sur la vacuité dont nos vies sont remplies, ce questionnement éternel de savoir ce que l'on devient après la mort, cet insondable mystère de la condition humaine sont passionnants et toucheront forcément chaque lecteur, d'une manière ou d'une autre.
Et puis, Frédérique Deghelt m'a de toute façon une nouvelle fois embarquée dans l'un de ces mondes singuliers et c'est bien le plus important...
Petite attention délicieuse de sa part, elle cite deux romans de Carole Martinez, comme ça, l'air de rien, naturellement dans le cours de son histoire, et j'ai adoré ! Mais il est vrai que le coeur cousu traite aussi d'une lignée de sorcières magiciennes et que l'héroïne du Domaine des murmures voyage au-delà des murs qui l'enferment...

Extraits :

"Mais qu'est-ce qui m'arrive? Il faut admettre que depuis que mon téléphone la boucle, la machine à cogiter est en surchauffe."

"Misère des transports en commun où nous n'avons justement rien en commun si ce n'est ce lieu où rien ne nous transporte."

"J'aspire à quelque chose d'autre mais je ne sais plus à quoi."

"Les esprits sont comme les parachutes, ils ne fonctionnent que lorsqu'ils sont ouverts. Lord Thomas Dewar"

"Maudire les impondérables, ça ne les rend pas plus souples à ce qu’on voudrait en faire. Comme les machines informatiques et leurs comportements incompréhensibles dans certaines situations, le monde le plus étrange n’est pas celui dans lequel nous vivons mais celui que nous avons créé."

"Est-ce que la peur nous empêche de croire ce que nous ne savons pas comment expliquer ? La peur, c’est toujours et avant tout l’ignorance, la rencontre de l’inconnu. Affronter sa peur, c’est refuser de souscrire à sa propre ignorance. Mais si cette ignorance est également celle des autres, c’est pire encore. On se sent très seul à désirer un partage qui ne suffirait pas."



samedi 15 mars 2014

Un vent de cendres (Sandrine Collette)

















Andreas, Octave, Laure : 3 jeunes insouciants revenant en voiture d'un mariage et roulant vite, beaucoup trop vite, si vite que c'est l'accident, horrible ! Laure meurt sur le coup, Octave restera boiteux et défiguré et Andreas, qui allait épouser Laure, traumatisé à jamais. 10 ans plus tard, les 2 hommes vivent reclus dans leur domaine champenois. C'est le moment des vendanges et comme chaque année des jeunes sont embauchés le temps d'une semaine. Arrivent Malo et sa soeur Camille. Camille qui ressemble à s'y méprendre à Laure. Octave est irrésistiblement attiré par elle ce que ne supporte pas Malo. Andreas, lui, ne quitte jamais sa chambre mais surveille tout et tout le monde depuis sa fenêtre. Quand Malo disparaît, Camille ne croit pas, comme les autres, qu'il réapparaîtra bientôt. En le cherchant coûte que coûte, en approchant de la vérité, elle se brûlera les ailes...

Ouf... je crois que j'ai rarement fait un résumé aussi long mais les choses doivent être bien posées, le passé sous-tendant le présent, pour comprendre la teneur du récit.
Le premier roman de Sandrine Collette, Des noeuds d'acier, m'avait tellement scotchée que je n'avais qu'une hâte : découvrir celui-ci ! Pourtant, il aurait été difficile de provoquer à nouveau un choc aussi grand et comme je m'attendais à tout autre chose, je n'ai pas été déçue. Si la scène initiale de l'accident est hyper réaliste et terrifiante, le rythme se calme singulièrement après, distillant plutôt lentement au fil des pages un malaise, une angoisse, une peur sourde et lancinante qui ne fait que croître vers un dénouement qu'on s'imagine forcément terrible... et c'est cette atmosphère pesante, cette course lente mais inexorable vers une conclusion brutale qui envoûte et tient en haleine, qui empêche de reposer le livre avant d'en avoir fini. Comme dans Des noeuds d'acier, Sandrine Collette laisse une part importante à la nature et là encore, elle apparait hostile, menaçante, recélant des dangers cachés sous des dehors calmes, ambigüe et imprévisible, à l'image des personnages dont la psychologie est bien appronfondie...
Différent du premier forcément, ce second roman a su me séduire et je note Sandrine Collette dans les auteurs à suivre. Une petite anecdote : en cherchant la couverture du livre sur Google images, je suis tombée sur la photo de l'auteure qui ressemble étrangement à la description qu'elle fait de Camille. Pour celles qui l'ont lu, vous les devinez les fameuses mèches blanches dans la chevelure blonde ?




Les billets d'Aifelle et de Praline qui se sont laissées prendre au jeu.
Clara et Sandrine sont plus mitigées...



mercredi 12 mars 2014

Les Falsificateurs et Les éclaireurs (Antoine Bello)




Sliv Darthungunder, jeune géographe inslandais, vient d'être embauché par une société d'expertise spécialiste en environnement. Ce qu'il ignore encore c'est que cette société est en fait une couverture pour de nombreux agents d'une société secrète, le CFR : Consortium de Falsification du Réel et que sa vie va changer du tout au tout...

Je vous épargne les détails des péripéties qui auront lieu ensuite tant elles sont foisonnantes et d'ailleurs développées sur deux livres, Les éclaireurs étant la suite des Falsificateurs. J'ai lu les deux en suivant, c'est pourquoi j'ai tardé un peu à écrire un nouveau billet, d'autant plus que j'ai eu un peu plus de mal avec le deuxième...
Dans Les Falsificateurs, nous découvrons en même temps que Sliv ce qu'on attend de lui et les premières missions qui lui sont confiées car, séduit par la vie hors du commun, loin de l'ennui d'un emploi conventionnel, qui lui est proposée, il a décidé de se lancer dans l'aventure bien qu'il ne sache pas encore vraiment les tenants et les aboutissements du CFR ni sa finalité. Et c'est passionnant ! Comment ne pas être séduit par l'idée de monter un scénario de toutes pièces et de finir par le rendre bien réel, en créant les témoignages, les photos, les documents officiels qui l'accréditent et ce, sur les sujets les plus variés : art, politique, technologie, écologie. C'est un peu se prendre pour le maître du monde ou être dans le secret des dieux d'autant plus qu'au fur et à mesure de son évolution dans le CFR, Sliv s'aperçoit que les innombrables "dossiers" crées par les agents influent plutôt heureusement sur le cours de l'histoire; Son  premier dossier, en particulier, a permis d'aider un peuple menacé de disparition, chassé sans relâche de ses territoires : les Buchimans du Kalahari (certains se souviendront peut-être d'eux dans le film Les dieux sont tombés sur la tête où ils reçoivent une bouteille de coca tombée du ciel).
Et ce sujet de la manipulation de la réalité, de le déformation de l'information et de la fabrication de preuves est on ne peut plus ancré dans notre société actuelle. Il suffit de se référer aux tenants de la théorie du complot qui soutiennent que le 11septembre n'est que de l'intox ou que les américains n'ont jamais posé le pied sur la lune. C'est à la fois fascinant et terrifiant ! Terrifiant car alors toutes les dérives sont possibles et c'est un peu ce qui se passe ensuite dans Les Eclaireurs, alors même que Sliv fait évoluer l'organisation vers la falsification éléctronique et approche de plus en plus, au lendemain du 11 septembre, de la révélation finale : la raison d'être du CFR. (Les deux tomes se déroulent entre 1991 et 2003)
Si ce second volet m'a moins séduite c'est d'abord car, comme dans le premier, chaque "dossier" est présenté dans le moindre détail avec toutes les preuves de falsification et c'est un peu long parfois, que l'intrigue devient beaucoup plus politique (c'est moins ma tasse de thé) et que la lassitude commençait à se faire jour dans un contexte où, très occupée, je ne lisais que quelques pages le soir avant de sombrer dans le sommeil...
Quoiqu'il en soit, Les falsificateurs et Les Eclaireurs sont deux romans qui valent la peine d'être découverts, présentant de façon maligne et ludique des questions intéressantes sur l'histoire et la perception que nous avons, les dangers de la surmédiatisation, les pouvoirs de l'information et de sa manipulation et notre devenir...

Si le propos de ces deux livres vous semble un peu fumeux, Dasola, dont le billet est plus détaillé que le mien, vous aidera peut-être à l'éclaircir...



samedi 1 mars 2014

Perce-neige

Clochettes silencieuses
Sonnent le glas de l'hiver 
Premier perce-neige


Les haïkus d'Elisa Huttin