Jiselle, hôtesse de l'air, est toujours célibataire à 30 ans. Alors, quand le beau pilote Mark Donner, qui fait fantasmer toutes les femmes, la demande en mariage, elle pense vivre un conte de fées. Seulement voilà, il est veuf et père de 3 enfants, dont 2 filles adolescentes pas du tout disposées à accueillir la nouvelle venue. Et puis, Mark se met à rentrer de moins en moins souvent tandis que la mystérieuse épidémie qui décime les Etats Unis s'amplifie, rendant le quotidien de Jiselle de plus en plus difficile ...
Encore un livre plutôt étrange (après l'Inaperçu, le précédent lu) qui commence un peu comme une gentille bluette pour évoluer petit à petit vers une situation de crise intense qui fera se révéler les différents personnages ! L'épidémie en question ressemble fortement à une grippe H1N1 qui aurait finalement pris toute son ampleur, nous ancrant donc d'emblée dans une réalité possible, où l'on peut se projeter et pourtant, tout baigne dans une atmosphère un peu bizarre, mystérieuse. La pierre angulaire du récit est Jiselle qui va finalement devenir le seul repère dans un environnement qui se délite complètement. Car la petite hôtesse fleur bleue et un peu mièvre, bien que dépassée par les événements, va devoir réagir au jour le jour et faire appel à des ressources insoupçonnées, se découvrant plus forte qu'elle ne le croyait, devenant le pilier de cette famille à la dérive. Et c'est d'ailleurs le véritable sujet ... comment cette femme sans réelle épaisseur dans "un monde parfait" va finalement donner toute sa mesure et un véritable sens à sa vie dans un monde devenu plus qu'imparfait.
Elle ... mais nous aussi car c'est ce que semble pointer Laura Kasischke : notre infinie capacité d'adaptation qui peut aboutir, selon la personnalité de chacun, au meilleur comme un pire.
J'ai aimé ce roman et pourtant j'ai comme un sentiment diffus de frustration, d'inachevé ... peut-être parce qu'il n'y a pas comme, par exemple, dans Rêves de garçons, un retournement final fort et terrible mais que le sort de certains personnages, comme beaucoup d'autres choses d'ailleurs ici, reste à la seule appréciation du lecteur. Et pourtant non, car d'une certaine façon, ça renforce encore le propos alors je ne sais pas ...
Ce qui est sûr en tout cas, c'est que j'ai toujours accroché à ce que j'ai lu de Laura Kasischke (Rêves de garçons : le 1er, un coup de coeur, A moi pour toujours, La couronne verte, même si c'est celui que j'ai le moins aimé ) à tel point que j'ai directement enchaîné avec son tout dernier : Les revenants et qu'hier j'ai acheté son tout premier : A suspicious river.
Le billet, récent, de Kathel qui vous conduira vers d'autres ...