mardi 30 avril 2013

Le dernier lapon (Olivier Truc)




De nos jours, 10 janvier en Laponie centrale. La grande nuit prend fin, enfin ! 40 minutes de soleil ce 1er jour  de sa réapparition... Klemet, policier sami (la culture originelle des lapons, s'étendant à cheval sur plusieurs pays : Suède, Norvège, Finlande, Russie) de la police des rennes et Nina, sa jeune collègue fraîchement débarquée du sud de la Suède pour le seconder, vont être confrontés à 2 délits majeurs, totalement inhabituels dans ces contrées reculées : le vol d'un tambour sami inestimable au petit musée local de Kautokeino où il venait d'être transféré et le meurtre sauvage d'un éleveur de rennes sami dont on a mutilé les deux oreilles...

Comme les habitués de ce blog s'en souviennent peut-être, les polars nordiques, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé mais celui-ci sortait tellement du lot et j'en avais lu tant de bien sur différents blogs auxquels je fais confiance que j'ai craqué... avec un peu l'impression que j'allais retrouver, dans une version moderne et revisitée, mes émois d'adolescente à la lecture des Frison Roche. Et puis, chose très inhabituelle : c'est mon mari qui l'a lu le premier, tellement emballé que je ne pouvais que plonger dans le Grand Nord à mon tour !
Et j'ai aimé, bien que déplorant un tout petit peu parfois une certaine lenteur qui fait pourtant, paraît-il, tout le charme de ces polars venus du froid. Mais force m'a été  de constater que l'atmosphère très particulière, glaciale pourtant (entre moins 15 et moins 30° en moyenne) et très sombre malgré un taux d'ensoleillement de plus en plus long (bien que tout relatif : autour des 5 heures à la fin du récit) est réellement prenante. L'intrigue, mêlant à la fois enquête policière, étude géographique (un territoire imbriqué dans plusieurs pays) topologique, géologique (il est question d'une mine) climatique (des aurores boréales font leur magique apparition) et ethnologique (la persécution de la culture sami par les pasteurs protestants et le racisme ordinaire toujours d'actualité) tient en haleine et maintient l'intérêt du fait de ses nombreux aspects. Et puis, ma fille s'appelle Nina, comme l'une des héroïnes principales du roman! ;-) 
Bref, malgré quelques longueurs, que je reconnais pourtant comme inhérentes au rythme du récit et totalement en adéquation avec l'environnement qu'il décrit, j'ai été séduite par ce roman, écrit contre toute attente par un français qui, visiblement, maîtrise parfaitement son sujet...

Les billets positifs d'Aifelle, de Keisha, de Dasola, de Kathel et d'Yv... et, plus récent et beaucoup plus mitigé : celui d' Alex mot à mots.


samedi 27 avril 2013

L'amour est déclaré (Nicolas Rey)















Le narrateur, qui n'est autre que Nicolas Rey lui-même, retraçait apparemment dans son précédent roman (Un léger passage à vide), que je n'ai pas lu, son combat victorieux contre une longue addiction au pack"Alcool, drogue, médicaments". Son éditrice le presse pour qu'il lui ponde un nouveau livre mais il n'a plus d'inspiration... jusqu'à ce que la tornade Maud (dans la réalité la fille d'un acteur très connu) entre dans sa vie : le voilà de nouveau avec de la matière pour écrire puisque, de son propre aveu, ce qu'il fait le mieux c'est se raconter...

Ce livre traînait lamentablement dans ma PAL depuis un certain temps, pour ne pas dire un temps certain, car après avoir lu un avis particulièrement négatif je ne sais plus où, j'avais décidé qu'il pouvait largement attendre, voire même prendre définitivement racine...
Alors, me direz-vous, qu'est-ce qui m'a tout d'un coup poussée vers lui ? Et bien, la raison en est très simple, c'est le billet récent de l'Irrégulière qui m'a décidée à lui donner finalement sa chance. A cause de tout le bien qu'elle en disait et pour la comparaison avec Beigbeder que j'aime bien et dont je n'ai rien lu depuis longtemps. Du coup, je me suis dit : allez, allons-y pour un roman léger de cette veine là, le journal d'un mondain cynique et désabusé, la chronique annoncée d'une histoire d'amour mouvementée...
Sauf que n'est pas Beigbeder qui veut et s'il a certes lui aussi un côté tête à claques nombriliste qu'on retrouve tout du long ici, ses récits du microcosme parisien privilégié et déjanté sont du moins servis par une belle écriture, un humour réjouissant, et donnent quand même lieu à quelques reflexions plus élevées. Là, je n'ai trouvé qu'auto-complaisance, trash et vulgarité gratuites, personnages aux névroses et aux vices exacerbés mais inintéressants au possible !
Bon, pas besoin de vous faire un dessin, vous avez compris que je n'ai pas du tout aimé ...
Désolée L'irrégulière ... mais on ne peut pas toujours être d'accord ! Et dis-moi, n'aurais-tu pas été malgré tout et malgré toi influencée par cette fameuse dédicace ? ;-))

Je n'ai pas trouvé énormément d'avis chez mes copinautes, voici au moins celui de Mango , qui a déclaré forfait avant la fin: "La verdeur du style? Facilité! L’apparente modernité? Du bluff: déjà vieux demain! Les personnages? Creux, vaniteux et frivoles! People, médias, clichés, poncifs, du vent,  du vide." 


jeudi 25 avril 2013

CONNEXION ALEATOIRE...




Depuis jeudi dernier... connexion internet qui coupe sans arrêt.
Puis, de lundi à mercredi soir : plus rien, zéro, nada (et ça veut dire bien sûr plus de ligne fixe et plus de télé non plus !) 
Hier soir, miracle : un technicien absolument charmant et génial de mon opérateur détecte le problème : il vient de la ligne souterraine France Telecom : Aïe !!! 
Il me remet quand même tant bien que mal tout ça en marche  me prévenant que ça peut couper à n'importe quel moment tant qu'ils n'auront pas réglé le problème... grâce à son intervention énergique, ils viennent en fin d' après-midi aujourd'hui...
alors, croisez pour moi :


J'essaie de poster un billet ici dès que possible, donc ...

Edit de 13h : France Telecom est venu ... ils doivent remplacer un cable, en conséquence le problème risque d'être réglé seulement lundi !!! :-(



mercredi 17 avril 2013

14 (Jean Echenoz)















1914, la mobilisation. 5 hommes d'un même village partent ensemble... une jeune femme attend le retour de deux d'entre eux. Pourquoi ? Qui reviendra ? Et quand ? Et dans quel état ? 

Je crois que je vais faire court pour ce billet.
Court comme l'est ce roman, si intense pourtant...
Pas le premier lu sur cette grande boucherie, non, mais ce que j'ai aimé là c'est cet étonnant ton détaché, qui relate les faits dans leur réalité crue sans y mêler vraiment les sentiments, comme pour mieux montrer que l'homme n'est qu'un jouet des événements extérieurs et de la fatalité, que c'est comme ça, qu'il n'y à rien à en dire de plus car on n'y peut rien changer. Et c'est bien ce qui s'est joué là, effectivement, les individualités transformées en simple chair à canon, ni plus ni moins, et sans échappatoire...
Ca peut sembler très froid, dit comme ça et ça l'est un peu, peut-être oui, mais la langue très belle, riche et simple à la fois, m'a beaucoup plu et m'a suffi tant elle m'a donné malgré tout à voir... et j'ai finalement aimé ce parti pris.
C'était ma 1ère expérience avec Echenoz mais sûrement pas la dernière, d'ailleurs j'ai Lac dans ma PAL ...

"Trop de sécheresse dans la narration"au goût d'Aifelle, qui est restée "en dehors de l'histoire". Yv, lui, a aimé ce roman "court, dense, fin et excellement écrit"...


lundi 15 avril 2013

Aïe !





Sonne le réveil.
Je reste au lit dimanche
Oh non ! C'est lundi !


Les haïku d'Elisa Huttin


jeudi 11 avril 2013

L'île des beaux lendemains (Caroline Vermalle)















Jacqueline, 73 ans et 50 ans de mariage avec Marcel le laisse sur un coup de tête et part retrouver sa cousine Nane qui vit sur l'île d'Yeu. Les 2 femmes, pourtant très proches par le passé, ne se sont plus revues depuis leur jeunesse. Malgré son caractère bien trempé, Nane ouvre sa maison à Jacqueline sans lui poser de questions, la laissant se ressourcer tout doucement. Seul et désemparé, Marcel, de son côté, décide de mettre en oeuvre un projet fou qu'il a depuis 30 ans : descendre l'intégralité de la Loire, moitié à pied moitié dans l'eau, et, puisqu'il y sera, finir à la nage les 19 kilomètres de mer qui le sépareront encore de l'île d'Yeu au bout de son périple ...

Cette ravissante couverture, colorée, fraîche et lumineuse comme le printemps qui se fait tellement attendre cette année, est à elle seule une promesse de douceur, de beauté, de plaisir de lecture ... et miracle : les jolis mots qu'on s'attend à y trouver sont bien là, précieusement déposés entre les pages, délicats et légers, à l'image des papillons et des vents qui sont les narrateurs inattendus  du roman. Une belle idée, pleine de poésie, qui m'a un peu désarçonnée durant les premières lignes mais qui m'a finalement  bien vite charmée. Et cette finesse de ton est d'autant plus plaisante qu'elle alterne avec des dialogues à la gouaille savoureuse, particulièrement quand c'est Nane qui prend la parole... Une personnalité hors du commun, cette cousine, toujours prête à accueillir les âmes blessées, particulièrement douée pour les aider à se retrouver ou à se trouver tout court... et c'est, petit à petit, ce que vont faire tous les personnages de cette histoire attachante. Le temps ne fait rien à l'affaire (comme disait Brassens à un autre propos ;-)) il n'est jamais trop tard pour sortir de l'immobilisme, des rancoeurs, des erreurs et des regrets paralysants car la vie est toujours trop courte pour ne pas la vivre pleinement au présent, quel que soit son âge, tant qu'on le peut ... c'est le message plein d'espoir de ce récit vraiment touchant. Il peut paraître naïf ou "cucul", il est pourtant parfaitement lucide et délivré ici de si jolie façon que l'on ne peut qu'aspirer à notre tour, même si ce n'est pas toujours facile,  à ces beaux lendemains...
Une délicieuse lecture, à la saveur plus douce qu'amère, au goût prononcé de bonheur...

Beaucoup d'avis positifs (très peu de négatifs) déjà sur mes blogs lecture préférés ... trop pour que les cite un par un  !


lundi 8 avril 2013

Le manuel du serial killer (Frédéric Mars)















Au sein de la prestigieuse université Harvard, à Boston, Thomas Harris, 21 ans, est un brillant étudiant en littérature. A l'écart des autres, pourtant : orphelin (ses parents se sont noyés quand il avait 10 ans) défiguré par un oeil abîmé, peu sûr de lui, il doit sa position à une bourse. En quelques jours, ont soudain lieu à Boston 4 meurtres d'enfants, exactement selon le même mode opératoire que 10 ans auparavant. A l'époque, le meurtrier des 11 garçonnets, avait pourtant été éxécuté ! Au même moment, Thomas, en stage dans une maison d'édition spécialisée dans les thrillers, est chargé de trier les nouveaux manuscrits. Parmi eux, il découvre Le manuel du serial Killer, un texte abject qu'il met aussitôt dans la poubelle des refusés. Sauf que le livre sort quelques jours plus tard dans toutes les librairies sous son propre nom. Et que tout, dans son contenu, le désigne comme l'auteur des 4 derniers meurtres...

Ouf, difficile de synthéthiser de façon cohérente une intrigue aussi foisonnante. Je pressens pourtant déjà en l'écrivant que le corps de mon billet risque d'être à peine plus long (voire moins) que le résumé lui-même car, contrairement aux autres avis vers lesquels je vous renverrai, je n'ai pas été franchement emballée ! Alors, bien sûr, c'est malgré tout un thriller assez  efficace pour m'avoir emmenée jusqu'au bout mais qu'est-ce que c'est tarabiscoté, emberlificoté et pour tout dire sacrément capillotracté !!! L'auteur nous perd évidemment à loisir dans les méandres d' innombrables rebondissements où chacun devient un coupable en puissance et l'on sent bien que certaines choses ne collent pas mais : trop c'est trop et surtout il y a ... la fin ... une vraie déception pour moi ! Je m'attendais franchement à autre chose car elle m'a hélas furieusement rappelé celle d'un autre thriller, brillant et connu...

S'il la trouvé un peu trop délayé pour lui, Yv le qualifie néanmoins de grand thriller. Pour Liliba, c'est un coup de coeur et une véritable réussite. Et Géraldine vous conseille de le lire de toute urgence...


vendredi 5 avril 2013

Jolie libraire dans la lumière (Franck Andriat)















Un joli rayon de lumière sur la libraire, allié à son absolue concentration sur le livre qu'elle est en train de lire, il n'en faut pas plus pour décider Laurent à entrer ... il ne cherche pas d'ouvrage en particulier, aussi demande t'il ce même livre qu'elle semble dévorer. Un roman qui va les rapprocher après avoir été comme un électrochoc pour Maryline car ce qu'elle y découvre, bouleversée, au fil des pages, c'est un épisode de son propre passé, d'une précision inexplicable jusque dans les prénoms et les lieux ...

Quel merveilleux titre, déjà, non ?
Et quelle belle dédicace, aussi : "Aux libraires, aux lettres vives qu'ils partagent."
Et finalement, quel joli roman, tout en délicatesse. Un vrai raffinement de lecteur gourmet ...
Car c'est de ça dont il est question ici : des livres, des lecteurs passionnés que nous sommes, des petites librairies, havres de paix, jardins secrets, antres magiques, et des vrais libraires réellement habités par leur mission de passeur. La lecture qui transporte, qui porte, qui réunit, console, rend heureux...
L'histoire en elle-même, bien qu'elle capte parfaitement le lecteur intrigué jusqu'au bout, est un peu improbable, un peu "trop belle pour être vrai". Prétexte à un texte centré sur l'amour de la littérature, elle est à prendre comme une sorte de conte moderne... une leçon d'optimisme tendant à prouver que rien n'est figé, que d'un malheur peut naître un bonheur, que les pages douloureuses peuvent finalement se tourner pour laisser le bonheur reprendre ses droits. En écrivant ces lignes, je repense du coup irrésistiblement à L'amour commence en hiver... tout en poésie et finesse, là aussi, mais dont le charme n'avait pas agi sur moi alors que là, je me suis laissée porter bien volontiers malgré un peu trop de bons sentiments...
Les livres mais aussi les jeux subtils de clair-obscur, omniprésents, y sont bien sûr pour beaucoup et il m'en reste une impression de belle lumière, de grande douceur, de lecture qui fait du bien...

Extrait : 

"Et chaque livre est une âme. Elle en est persuadée depuis l'enfance ... Depuis, elle retrouve ce sentiment dès qu'elle ouvre un livre. Elle frémit, persuadée qu'elle entre dans une chambre secrète."

Pour Laurence de Biblioblog, la magie n'a pas opéré, trop mièvre à son goût (c'est vrai que je me suis dit, moi aussi, qu'en réalité, les libraires n'ont pas vraiment le temps de lire dans leurs librairies) Clara a été séduite, même si elle a trouvé que l'auteur jouait un peu trop sur l'émotion et Cathulu regrette une pointe de joliesse dans l'écriture mais l'amoureuse des livres qu'elle est y a trouvé largement son compte et elle conseille finalement de se précipiter sur cette pépite ...


mardi 2 avril 2013

La disparition de Jim Sullivan (Tanguy Viel)















Dwayne Koster, la cinquantaine, est prof d'université à Ann Harbor, tout près de Detroit, Michigan. Il est divorcé de Susan qui l'a trompé avec l'un de ses anciens collègues, celui qu'il déteste le plus, pour couronner le tout. Assis au volant de sa vieille Dodge devant chez elle, il remonte le fil de son histoire, revivant la façon dont ils en sont arrivés là ...

Voilà, ça c'est le postulat de départ, qui, convenons-en, ne brille à priori pas par son originalité ...
Et ce n'est pas grave du tout car le principal interêt du livre n'est pas là. Non, le parti pris, vraiment original et très intéressant pour le coup, est que l'auteur, tout ce qu'il y a de plus français pourtant, annonce clairement son intention : écrire un roman typiquement américain ! Et il explique, au fur et à mesure qu'il l'écrit, les différents ingrédients qu'il y met pour atteindre son but, se regardant écrire et se commentant lui-même. Ca peut fait faire peur, dit comme ça, paraître vraiment tiré par les cheveux ou super ennuyeux mais ce n'est pas du tout le cas : c'est tout simplement brillant et très marrant !

Quelques exemples : 

"J'ai remarqué cela aussi dans les romans américains, que toujours un des personnages principaux est professeur d'université..."

C'est on ne peut plus vrai, et l' on pense immédiatement à Philip Roth, par exemple ...

"Même si je n'aime pas trop les flash-backs, je savais qu'il faudrait en passer par là, qu'en matière de roman américain, il est impossible de ne pas faire de flash-backs, y compris des flash-backs qui ne servent à rien..."

"Ce sont surtout des choses comme ça, ai-je souvent pensé, que le romancier américain aurait écrites, je veux dire, pas seulement l'odeur des pins dans la nuit éclairée, pas seulement le bruissement des érables dans le vent du soir, mais de quoi déchiffrer dans les plissements des fronts, dans l'inquiétude des lèvres, ce qui se passait dans la tête de chacun, les pensées passagères et les désirs souterrains..."

N'est-ce pas autant d'ingrédients que l'on retrouve aussi, avec d'autres incontournables, dans La vérité sur l'affaire Harry Québert de Joël Dicker qui lui aussi, à sa façon, a voulu écrire un roman américain ?
Surtout n'allez pas croire, encore une fois, parce que je mets les extraits bout à bout, que ça ne se résume qu'à une introspection d'écriture un peu lourde, non non ... ça se met en place habilement dans un vrai récit, avec beaucoup d'humour, de légèreté, de second degré, et n'empêche pas l'intrigue de se dérouler  jusqu'au bout de façon cohérente, en accrochant le lecteur. Et ce qui aurait pu, à la longue, devenir lassant, est parfaitement maîtrisé sur le format  court de ce drôle (dans les 2 sens) de roman. Une excellente surprise de lecture pour moi !
Quant à la disparition du Jim Sullivan du titre, ça je vous laisse découvrir par vous-mêmes de quoi il retourne ...

Allez, un dernier (long) extrait pour le plaisir :

"Je ne dis pas que tous les romans internationaux sont des romans américains. Je dis seulement que jamais dans un roman international, le personnage principal n'habiterait au pied de la cathédrale de Chartres. Je ne dis pas non plus que j'ai pensé placer un personnage dans la ville de Chartres mais en France, il faut bien dire, on a cet inconvénient d'avoir des cathédrales à peu près dans toutes les villes, avec des rues pavées autour qui détruisent la dimension internationale des lieux et empêchent de s'élever à une vision mondiale de l'humanité.
Là-dessus, les Américains ont un avantage troublant sur nous : même quand ils placent l'action dans le Kentucky, au milieu des élevages de poulets et des champs de maïs, ils parviennent à faire un roman international.
Même dans le Montana, même avec des auteurs du Montana qui s'occupent de chasse et de pêche et des provisions de bois pour l'hiver, ils arrivent à faire des romans qu'on achète aussi bien à Paris qu'à New York. Cela, c'est une chose qui m'échappe. Nous avons des hectares de forêts et de rivières, nous avons un pays qui est deux fois le Montana en matière de pêche et de chasse et nous ne parvenons pas à écrire des romans internationaux."

 L'avis de Reading in the rain, très proche du mien ...