lundi 31 octobre 2011

Ah oui ?



Crédit photo : sûrement , pour changer ! 


mardi 25 octobre 2011

La peine du menuisier ( Marie Le Gall )
















La narratrice parle de son enfance, triste et solitaire, entre un père âgé et mutique qu'elle n'appelle que Le Menuisier, sa grande soeur handicapée mentale, sa mère et sa grand-mère et surtout tous les morts de la famille, encadrés sur les murs, et qui finissent par devenir pour elle de vrais compagnons. Attirée de façon morbide par les cimetières, elle pressent un passé douloureux et caché au sein de sa famille, un secret qui inexplicablement lui pèse mais les paysans du Finistère sont des taiseux ... 


C'est Sylire, parce qu'elle l'avait beaucoup aimé, qui m'avait d'abord tentée mais j'avais attendu sagement (pour une fois) la sortie poche et bien m'en a pris ! Car malheureusement,  de la peine, c'est moi qui en ai eu pour le terminer ... non que je l'ai trouvé mauvais ou mal écrit mais qu'est-ce que ça m'a semblé long et plombant ! Cette petite fille attirée à ce point par la mort et les cimetières, ces descriptions des défunts dans leurs cadres à n'en plus finir, ce manque d'amour et de communication à longueur de pages ...  de la description des maisons à celle du paysage ou du caractère des gens, tout est irrémédiablement gris, terne, froid, cafardeux. De quoi sombrer réellement dans la déprime !  Quant au fameux secret de famille, pressenti et enfin révélé vers la toute fin, il ne me paraît pas suffisant à justifier l'attitude du Menuisier à l'égard de sa fille ni la façon dont celle-ci le perçoit et se comporte avec lui. Et bien que ce ne soit pas joli joli, c'est sûr, du coup je m'étais  imaginée bien pire encore !!! Voilà ce que j'ai ressenti mais je suis peut-être passée complètement à côté alors ne vous arrêtez pas à mon seul avis,  bien d'autres sont très enthousiastes : pour Sylire c'est un vrai coup de coeur, "un récit bouleversant", Aifelle parle d'un premier roman magistral et Cathulu évoque "un roman lent et fascinant. Une langue superbe".


lundi 24 octobre 2011

Vu ...


...  sur un blog ( non littéraire ) il y a quelques temps  : 


Et pourquoi ...


... je ne tombe jamais sur des trucs comme ça, moi, hein ??? ;-)


mercredi 19 octobre 2011

Nagasaki ( Eric Faye )















Célibataire, la cinquantaine, Shimura-San a une vie plutôt terne. Après sa journée de travail appliquée, sans surprises, il regagne toujours seul sa petite maison de la banlieue de Nagasaki. Enfin, sans surprises, ce n'est pas si sûr car depuis un moment, il ressent comme une présence invisible chez lui et de la nourriture disparaît ... 

C'est le billet récent de Cathulu qui m'a donné envie de lire ce roman. Il avait fait pas mal parler de lui à l'époque de sa sortie et comme il vient de paraître en poche, il n'y avait donc aucune raison de s'en priver et ... il n'y a rien à regretter ! Extrapolant à partir d'un fait réel qui a bien eu lieu au Japon,  Eric Faye nous livre un texte court et précis, sans fioritures, qui aborde pourtant une grande variété de thèmes et de sentiments mais tout en retenue, sans démonstration, comme on se plaît à imaginer les japonais. L'argument de départ est celui de la violation de l'intimité, du cocon protecteur où chacun d'entre nous a besoin de se replier à l'abri du monde (ayant souvent des "inconnus" dans ma maison de part mon activité,  j'y ai été particulièrement sensible) mais solitude, indifférence, difficulté des rapports humains, poids du passé, attachement aux racines, honte, culpabilité aussi bien que crise économique, précarité sociale et déshumanisation de la société sont autant de questions abordées en peu de pages et peu de mots. J'avais été intriguée par le sujet et le récit a donc su maintenir mon intérêt  jusqu'à la fin, plus inattendue qu'on ne l'aurait crue.

Extraits : 

"Des collègues que d'ordinaire rien ne détournait de leurs écrans (A quoi bon mettre au point de couteux robots puisqu'ils existent déjà ?) allongeaient le cou, haussaient les sourcils, échangeaient des regards, à ce seul mot prononcé sur un ton empressé, anxieux, police ? "


"Dans le bac à sable où les enfants jouaient au capitalisme, on vient d'égarer la règle du jeu."


"Même chez nous, dans les services météorologiques, on évoque des compressions d'effectifs, à croire qu'il y a moins de phénomènes climatiques ou que l'on va fermer des mers, ce qui ne serait au fond que justice puisque certaines sont vides."


"Le nous meurt. Au lieu de se regrouper autour du feu, les je s'isolent, s'épient. Chacun croit s'en sortir mieux que le voisin et cela, aussi, c'est probablement la fin de l'homme."


"Je lisais un roman pris au hasard , dans la bibliothèque du salon. C'était un livre prenant, sur l'idée du double. J'avais oublié le monde; je n'entendais plus rien des autos en orbite autour du centre, plus rien des jappements du petit shiba d'à côté."



lundi 17 octobre 2011

Scintillation ( John Burnside )















Une usine chimique abandonnée, des bois empoisonnés, tout un secteur contaminé ... c'est  là que, loin de l'Extraville des riches et des puissants, vivent les habitants de l'Intraville : anciens ouvriers de l'usine en question, sans projets, sans espoirs, malades pour la plupart. C'est là que régulièrement disparaissent des jeunes garçons de ces familles sans que personne ne semble s'en soucier. C'est là que vit Léonard, 15 ans,  qui aime les filles et les livres et c'est peut-être ce qui le maintient en vie ... 






FASCINATION. Oui c'est bien le mot qui convient à ce que j'ai ressenti à la lecture de Scintillation ... un roman incroyable qui ne ressemble à aucun autre ! C'est dur, c'est noir, c'est terrible et pourtant en même temps c'est pur, lumineux, prenant ... inexplicable ! Je crois que la seule façon pour vous de saisir ce que j'essaie maladroitement de vous dire, c'est de le lire !!!  Mais attention, ce n' est pas une lecture anodine... il faut être prêt à s'embarquer  dans cet univers de désolation frappé au sceau du malheur et de la violence, prêt à affronter des scènes vraiment difficiles parfois, prêt à être constamment déconcerté, passant soudainement d'un point de vue très intellectualisé à  la réalité la plus crue, prêt à se perdre par moments dans des digressions où l'on n'est pas sûr de tout comprendre (ça a été mon cas), prêt à se laisser séduire par des descriptions où oui, de la laideur la plus absolue, nous voyons nous aussi surgir une forme de beauté inattendue. Prêt enfin et surtout à entrer dans un monde qui n'est pas clairement identifié, dans lequel aucune clé, aucune explication ne seront finalement données, où chacun verra et retiendra ce qu'il voudra. Dans Scintillation, il y a du rêve, du symbolisme, de la philosophie, des réflexions sur la religion, l'âme, la probité, le bien et le mal, le pouvoir... mais aussi de la psychologie, de la poésie, de la conscience écologique, de l'étude économique et sociale et plein d'autres choses encore. Alors surtout, ne ne vous méprenez pas, ne prenez pas peur : ce n'est pourtant ni compliqué ni ennuyeux, ça vous entraîne même irrésistiblement à la façon du thriller que c'est aussi mais en infiniment plus riche. Il faut simplement accepter de se laisser porter sans lutter, emporter par le récit et la beauté de l'écriture.  Et puis bien sûr, il y a Léonard, ado complexe et terriblement attachant, forcé de mûrir trop vite dans un monde impitoyable mais dont le coeur bat malgré tout encore pour le  sourire d'une fille ou les pages d'un roman ... et oui, comment ne pas aimer cet amoureux des livres ? Et comment l'oublier ?
Pour conclure, je dirai que Scintillation est un peu un OLNI (objet littéraire non identifié) dont la magnifique couverture donne déjà le ton, une expérience de lecture comme on n'en a pas si souvent, forte, marquante, dont l'écho va certainement résonner longtemps une fois la dernière page tournée ...

Extraits : 


" C'est une histoire qui possède une vie propre, pour autant que je puisse le constater. Une vérité propre aussi, mais pas une vérité que l'on puisse énoncer. Elle ne cesse de fluctuer, de glisser hors d'atteinte."


" C'est vraiment typique de la façon dont marche le monde : les gens qui adorent les livres, ou autre, n'ont pas les moyens de s'en acheter, pendant que les gens bourrés de fric font des études commerciales pour pouvoir gagner encore plus d'argent et maintenir les liseurs de livres dans l'impuissance."


"En ce moment, il y a un bibliothécaire fou du nom de John ... C'est vrai, moi j'adore les livres, mais John est un lecteur maladivement frénétique, ce qui signifie surtout qu'il est capable de se pointer au boulot le matin avec du jaune d'oeuf sur la cravate et les cheveux hirsutes, façon film de Godzilla, sans même s'en rendre compte." 


"C'est alors que j'ai découvert Marcel Proust.  C'était une belle édition, presque flambant neuve avec de belles couleurs, une super jaquette qui sentait encore l'imprimerie. Du bleu sur la couverture comme je ne sais quelle chanson française sur la mer." Des titres bizarres. Quand j'ai vu la rangée complète sur le rayon, j'ai failli me mettre à pleurer tellement c'était beau."


"A chaque inspiration, je fais entrer le monde dans mes poumons, chaque fois que j'avale, non seulement à manger et à boire, mais tout ce que ça contient, toutes les traces, les traînées, les pluies de suie, tous les filaments de cuivre, nickel, 2, 4, 5-T et je ne sais quoi encore."


" L'usine chimique est toujours belle, même quand elle fait peur ou qu'on remarque à quel point l'endroit est triste, quand tous les petits scintillements de ce qui existait avant -les bois, l'estuaire, les plages- transparaissent et qu'on se rend compte que ça devait être incroyable, autrefois."


" On devrait envoyer un peintre là-bas, vraiment, un artiste qui n'ait pas l'estomac trop délicat et qui ne se borne pas non plus à découper des requins en deux. Un peintre de guerre peut-être. Parce que, si ça ressemble à quelque chose, c'est bien à une zone de guerre. Enfin bon une zone de guerre, c'est beau aussi non, pour peu qu'on y regarde bien ?"


" Un tel calme qu'on dirait qu'il n'est jamais rien arrivé, ni là ni ailleurs, où que ce soit. Un tel calme qu'on dirait que nul n'a jamais existé et que le temps est sur le point de commencer. Ca a peut-être l'air idiot de parler de déférence, mais cet ensemble de bâtiments en ruine et de voies ferrées à l'abandon qui s'étend dans toutes les directions aussi loin que je puisse aller à pied, que ce soit le long de la côte ou vers l'intérieur des terres à travers bois broussailleux et champs d'ajoncs, ce terrain apparemment vague est l'unique église que nous ayons ... "


" Enfin bon, il y a des gens tout à fait respectables, philosophes et autres, qui pensent que le monde est une chose que l'on imagine, que ce n'est qu'une vaste illusion qu'on invente chemin faisant." 

Le billet qui m'a fait découvrir ce livre et donné furieusement envie de l'acheter est celui de Cuné, qu'elle en soit remerciée ! Lisez aussi ceux, tous positifs, d'Aifelle, d'Yv de Cryssilda ...

Dernier atout de Scintilation, il me permet d'ajout un titre au défi de Kathel...


... pour l'Ecosse. 


jeudi 13 octobre 2011

Freedom ( Jonathan Franzen )
















Patty est mariée à Walter mais peut-être aurait-elle dû choisir Richard, le meilleur ami de celui-ci, musicien instable mais terriblement attirant. Quoi qu'il en soit, Patty et Walter ont 2 enfants, Joey et Jessica, et l'histoire de cette famille est aussi et surtout prétexte à nous brosser des instantanés de celle de la société américaine, des années 70 à nos jours... 

Autant le livre est long, dans tous les sens du terme car il totalise tout de même 700 pages et son côté fresque familiale et nationale fait qu'il faut vraiment se poser avec dans la durée ... autant mon billet va être assez court !
Alors oui, il y a des longueurs incontestables dans lesquelles on s'enlise un peu mais si, Freedom vaut quand même le coup, sans être toutefois à mon avis, le GRAND roman annoncé par tout un battage médiatique (le livre de chevet d'Obama, un auteur comparable à Tolstoï ...). Le thème général que laisse supposer le titre (et la jolie couverture) est donc bien la liberté ... liberté individuelle, celle de se réaliser en tant que personne propre en s'émancipant de tout le poids de son passé familial si une telle chose est bien possible, liberté à l'intérieur du mariage, liberté des parents vis à vis des enfants et inversement, liberté par rapport au regard des autres, liberté de souffrir et de renoncer ou d'aller de l'avant ... et puis, plus largement, liberté en tant qu'état, membre d'une société dont c'est le fondement même, avec sa légitimité auto-proclamée induisant tous ses débordements et son arrogance et  la bonne vieille question des Etats Unis se prenant toujours pour les maîtres du monde alors même que le rêve américain en est plutôt, comme les personnages, aux lendemains qui déchantent.
En résumé, un roman ambitieux et dense que j'ai trouvé intelligent, riche, intéressant (je le redis pourtant : il faut être disposé à prendre vraiment son temps) mais sans enthousiasme débordant non plus et je ne suis pas mécontente, après cette plongée au long cours, de laisser Walter, Patty, Richard et les autres à leurs introspections existentielles et de passer à  un univers totalement différent !

Les avis de Keisha, de Papillon et de Leiloona.


mercredi 5 octobre 2011

Des crayons ...


... ça peut aussi servir à autre chose qu'écrire ! 
La preuve en sculptures : 



Plus de détails (passionnants) :  et  !