Au Japon, à l'âge de 10 ans, Tengo, le garçon surdoué en maths, et Aomamé, la petite fille solitaire étaient dans la même classe mais sans se côtoyer. Sauf une seule et unique fois... 20 ans plus tard, en 1984, ils ne se sont jamais revus, sans jamais s'oublier pourtant. Peu à peu des évènements étranges vont les faire basculer chacun de leur côté dans un monde parallèle, une sorte d'année 1Q84... est-ce pour mieux les amener à se rencontrer ?
Ouf ... me voilà sortie de cette longue immersion dans l'univers de 1Q84. Longue parce que j'ai lu les 3 tomes à la suite sans pause, longue aussi car c'est le rythme induit par l'écriture particulière de l'auteur. Peu portée spontanément vers la littérature asiatique, je n'avais rien lu de lui avant et même le bruit fait à l'époque autour de Kafka sur le rivage n'avait pas provoqué d'échos chez moi. Il est donc fort probable que, malgré le buzz médiatique créé autour de cette trilogie, je sois passée à côté si un ami ne m'en avait pas parlé, réussissant à m'intriguer, je l'avoue. Et quand il m'a offert en cadeau le 1er tome, je m'y suis plongée avec curiosité mais loin d'être conquise d'avance... Bon, premier point positif : j'ai lu les 2 tomes suivants, c'est donc que j'y ai trouvé des choses qui m'ont plu !
Dans le premier, Murakami prend tout son temps pour planter le décor et les personnages, par petites touches successives plutôt étonnantes et si j'ai certes trouvé cela un peu lent, ça ne m'a pas gênée, comprenant bien que les différents éléments se mettaient en place avant un plus large développement dans les livres suivants. A la fin, il faut bien le dire, j'étais ferrée, déjà attachée à des personnages atypiques, séduite par un style unique, une atmosphère des plus étranges et c'est avec un réel plaisr que j'ai entamé le deuxième ...
C'est dans celui-ci que l'action se développe réellement, ménageant même de vraies plages de suspense, même si en se précisant un peu dans les faits relatés le curieux monde parallèle de 1Q84 reste toujours aussi incompréhensible. J'ai cependant commencé à ressentir de la lassitude à partir du 2ème tiers, du fait de nombreuses redites qui sont pourtant parfaitement volontaires, il me semble, qui participent pleinement au "caractère japonais" de l'écriture, enfin c'est ce que j'ai ressenti. Du fait aussi que, loin de se révéler, le mystère semble continuer à s'opacifier.
3ème tome enfin, le plus lent de tous, pour moi ... avec moins d'action, plus de psychologie encore, pas inintéressant mais je me suis tout de même surprise à vérifier de plus en plus fréquemment à quel niveau de ma lecture j'en étais arrivée. Et puis, j'attendais inconsciemment je crois un retournement de situation, une révélation fracassante, un éclaircissement évident à toute cette bizarre histoire et ... ce n'est jamais venu !!!
Bilan final : plutôt positif malgré tout et je ne regrette pas cette lecture au long cours ! Je me suis, c'est vrai, laissée fasciner par cette écriture que beaucoup ont qualifié d'hypnotique (encore une fois, je pense que les longueurs, les répétitions, les détails qui semblent inutiles sont partie prenante du style et du propos ... comme un mantra, une scansion poétique, une mesure du temps ou de la force du destin) et j'ai eu l'impression de pénétrer un peu plus avant derrière cette façade impénétrable que représentent pour moi le peuple et la culture japonaises. Volontairement, je ne suis pas rentrée dans les détails du récit, ce billet est déjà inhabituellement long et l'année 1Q84 est bien trop foisonnante, ouvrant sur un univers onique qu'il faut vraiment découvrir par soi-même petit à petit... Sachez seulement que des thèmes nombreux, tels que la filiation, les violences faites aux femmes, les sectes, la réincarnation, la littérature, la perception de la réalité et surtout l'Amour sont abordés mais qu' aucune réponse n'est jamais donnée.
Un roman différent dont il me restera une impression forte, c'est sûr, comme si je sortais moi-même, légèrement nauséeuse, d'un long rêve éveillé dont la sens profond me reste caché...