samedi 30 octobre 2010

La ballade de Lila K ( Blandine Le Callet )



Nous sommes en 2100 à peu près ... Enfant, Lila est enlevée brutalement à sa mère et transportée au Centre, dont elle ne ressortira qu'à sa majorité. Là, on la rééduque (visiblement traumatisée, elle ne sait plus ni  marcher ni parler, ne supporte pas la lumière ni qu'on la touche) avant de "l'éduquer" pour qu'elle devienne une citoyenne modèle d'Intra Muros, la ville fermée et ultra sécurisée où tout est sous contrôle, complètement coupée de La Zone, extra muros. Un monde qui ne laisse aucune part à l'improvisation et dans lequel les livres sont devenus un danger ...



Je peine à rédiger ce résumé car je voudrais qu'il soit parfait ... oui, parfait dans la mesure où il vous allécherait, sans trop en dire, et vous donnerait l'envie irrésistible de découvrir ce livre. Du coup, j'ai peur d'être en dessous de ce que j'ai ressenti, de ne pas me faire comprendre, de le trahir ou de l'affadir car ... qu'est ce que j'ai aimé ce roman ! Je l'ai ADORE même !!! Comment, déjà, ne pas être titillée par une société dans laquelle les livres sont pratiquement proscrits, manipulés avec les plus grandes précautions par quelques initiés seulement ? Mais bien avant celà, j'ai tout de suite été sensible à la voix de Lila ... un être atypique, ultra sensible, écorché vif, à la recherche de son identité et de son mystérieux passé qu'elle va peu à peu, envers et contre tout, tâcher de reconstituer. Avec elle, au fur et à mesure qu'elle grandit, nous découvrons les régles étranges, absurdes et effrayantes du Centre. La vie en dehors n'en sera d'ailleurs qu'un prolongement, dans un univers hyper normé qui  fait penser, mais sans les plagier, à  la fois à1984 , au Meilleur des mondes et à Fahrenheit 451, 3 livres incontournables ... le style de "science-fiction", si on peut vraiment appeler ça comme ça, qui me plaît ! Bref, le monde de Lila K, en tout cas, est d'autant plus glaçant qu'à bien des égards, on y est déjà ! Je m'y suis complètement immergée avec elle, vraiment attachée, touchée par sa personnalité, grandes forces et grandes faiblesses mêlées, sa lucidité, son courage, sa tenacité. Quant à sa véritable histoire, je préfère ne rien en dévoiler ... peut-être de cette façon-là, serez vous suffisamment intrigués pour, comme moi, vous retrouver à tourner les pages,  fébrilement,  tout en voulant les retenir pourtant, encore ... pour ne pas arriver trop vite au bout de ce rendez-vous priviligié avec Lila , attendu chaque soir si impatiemment ...

Extrait, en parlant des livres : " Ce que je recherchais, surtout, c'est le pouvoir qu'ils m'accordaient. J'oubliais le Centre, sa routine et son lot de contraintes épuisantes. J'oubliais qu'on m'avait confisqué ma maman. J'étais ailleurs, loin du monde, loin de moi. C'est parfois reposant de se perdre de vue. J'arrivais grâce à eux à m'abstraire de ma vie."

De Blandine Le Callet, j'avais déjà aimé Une pièce montée ... là, je remercie infiniment  Keisha de m'avoir tellement tentée que j' ai acheté La ballade de Lila K presque tout de suite après son billet !


La radio des blogueurs


Leiloona nous propose de partager, en plus de nos coups de coeur littéraires, nos coups de coeur musicaux ! Le principe est simple : poster un billet sur votre blog avec votre titre du moment (en vidéo ou en  lecteur audio) celui qui vous émeut ou vous fait danser , celui que vous écoutez en boucle , qui vous trotte dans la tête à tout instant ... ensuite , vous laissez un p'tit com à Leilonna pour lui dire que votre billet est en ligne et elle se chargera d'établir , par mois par exemple , une playlist des blogueuses ... son billet est ici

Sympa, non ? Vous êtes partantes ??? Moi oui :



En ce moment , mon fils ( 15 ans ) écoute tout le temps Californication des Red Hot Chili Peppers et je ne m'en plains pas car j'adore aussi ! Accessoirement, c'est aussi le titre (et la musique) d'une série télévisée (que je n'ai jamais vue) avec David Duchovny ... mais si , vous vous souvenez , le héros de X Files , l'agent Mulder...

Mais trève de bavardage, place à la musique :





jeudi 21 octobre 2010

Le gang de la clef à molette ( Edward Abbey )

















Le décor : les déserts de l'Ouest américain, nature sauvage et paysages somptueux peu à peu défigurés par les compagnies minières, les autoroutes, les ponts et les barrages sur les canyons. Les personnages : Doc, un chirurgien cinquantenaire en guerre contre les panneaux publicitaires; Bonnie  (tiens, tiens ... ça ne vous rappelle rien ?) sa magnifique petite amie un peu baba cool; Smith , mormon polygame dissident et George Hayduke, vétéran du vietnam accro à la bière et aux armes. Le scénario : leur croisade un brin désespérée et totalement déjantée contre les pollueurs, les industriels sans scrupules, à coup de sabotages à la clef à molette et à la dynamite ...


Repéré il y a un an et demi sur le blog de Keisha, je n'avais pas été totalement convaincue mais Keisha, fan des éditions Gallmeister, de Nature Writing et d' Edward Abbey en particulier, en a reparlé si passionnément dès que l'occasion s'en présentait qu'il ne m'est jamais tout à fait sorti de la tête, en fait ! Comme j'avais entamé les Chroniques de San Francisco avant d'y partir en avril, je me suis dit qu'à l'inverse, c'était le bon moment pour lire celui-ci maintenant et confronter les descriptions ( le livre date de 1975 quand même ! ) de pas mal d'endroits où nous sommes allés lors de ce voyage aux Etats Unis avec mes souvenirs encore frais ! Et c'est vrai que dès le début, les images sont revenues et j'ai été tout excitée d' être à nouveau transportée dans l'Utah et l'Arizona, à Flagstaff, à Page, au Lac Powell, à Sunset Crater, tout au long de ces interminables routes désertes bordées d'immensités ...
Mais, malheureusement, ça s'est un peu gâté ! J'ai eu du mal à m'attacher aux personnages, les descriptions des sabotages ( je ne parle pas de celles des paysages ) m'ont paru carrément longuettes et je me suis dit : houla, ça va être répétitif et ennuyeux cette histoire, je me demande même si j'arriverai au bout (presque 500 pages !) bon bah voilà tant pis, je ne dois pas être réceptive sauf que maintenant ... comment je vais annoncer ça avec suffisamment de ménagement à Keisha, moi  ? ;-))
Et puis ( ouf ... sauvée par le gong ) tout d'un coup, ça l'a fait dis donc, ça s'est enchaîné tout seul sans que je m'en rende compte et j'ai accéléré ma lecture naturellement, avec un plaisir croissant. Pourquoi ? Peut-être parce que plus on avance et plus l'action se précipite, portée par le suspense de la traque et l'angoisse de la capture car nos 4 héros ont bien sûr réussi à se mettre à dos l'église mormone, les rangers des parcs  et toutes les polices réunies. Ou parce que curieusement, je me suis rendue compte que je m' y étais finalement attachée à ces 4 là ... oui, aussi bizarres, grossiers et immatures qu'ils puissent être parfois ! Ou encore à cause de cet hymne vibrant à la beauté de l'Ouest américain, à cette nature grandiose qui rend l'homme et son orgueil demesuré si petits. Et que dire de ces mises en scène qui collent à l'action pour devenir de plus en plus "visuelles", de plus en plus cinématographiques ( explosions dans la nuit, vol en surplomb au-dessus des canyons par des hélicos, des avions et même un vautour, courses poursuites dans le désert avec panache de poussière qui trahit l'avancée des fugitifs ). C'est dans cet esprit que j'ai d'ailleurs rédigé mon résumé et le gang de la clef à molette est un peu celui des 4 derniers vrais cow-boys de l'Ouest sauvage, épris avant tout de liberté.
Voilà ... et bien pour une qui n'étais pas vraiment séduite au début, hein ! Qu'est-ce que vous en dites ?  Et vous savez quoi ? J'envisage même de lire la suite : Le retour du gang de la clef à molette ...

Le billet de Keisha où vous retrouverez des photos et un résumé sur l'auteur, bref mais efficace:  !
Papillon  a aimé également ...

Et puisque c'est comme ça, moi aussi, je vous mets quelques-unes de mes photos :


 Zion Park


Monument Valley


En route, quelque part en Utah ou en Arizona ...


Lac Powell


Bryce Canyon

Pour plus de photos du voyage là-bas, c'est sur : Arrajou news from the USA


P.S : je commence tout juste La ballade de Lilla K à cause d' un billet tout récent ( je n'ai pas su résister, je l'ai acheté ) de qui ? Je vous le donne en mille ... et oui, gagné ... encore Keisha !


vendredi 15 octobre 2010

Back in the USA ...


Comme je suis en train de lire Le gang de la clef à molette d'Edward Abbey , me voilà replongée dans plein d'endroits où je suis passée au mois d'avril, pendant notre voyage aux Etas Unis : l'Utah, l'Arizona, les lumières sur les déserts,  les routes à perte de vue, la nature grandiose, Sunset Crater, Page, le Lac Powell ...



Et c'est plutôt sympa ! Du coup, j'ai même fait un un nouveau billet sur Arrajou news from the USA, honteusement délaissé depuis le 28 juillet !!! Comme quoi tout arrive ...


lundi 11 octobre 2010

La pluie avant qu'elle tombe ( Jonathan Coe)



 













Avant de mourir, Rosamond a laissé plusieurs cassettes enregistrées à l'intention d'une mystérieuse Imogen que sa nièce Gill est chargée de retrouver. En vain ... Gill et ses filles se décident donc à les écouter et y découvrent l'histoire de la famille, à travers 20 photographies que Rosamond y décrit ...

Très joli titre pour un livre qui ne l'est pas moins. Même s'il n'est pas spécialement gai ... car à travers ces 20 clichés, c'est l'histoire plutôt tragique de 3 générations de femmes que nous livre petit à petit Rosamond. 3 femmes peu douées pour le bonheur et qui, comme malgré elles, s'entêtent à reproduire toujours le même schéma, dévastateur. La construction est impeccable et j'ai aimé cette idée de décrire minutieusement ces photos à une aveugle ( car oui ... Imogen est aveugle ) avec un luxe de détails pour restituer fidèlement ce qu'on y voit et une vie de souvenirs pour révéler également ce qu'on n'y voit pas, caché sous les sourires de façade.
Cette histoire, ces souffrances m'ont parlé et je me suis vraiment attachée à écouter attentivement la voix de Rosamond, en attendant la pluie et que tout soit dit.

Et maintenant le billet de Catherine, de  Rose et gris, une lectrice aussi mais que peu d'entre vous doivent connaitre car son blog n'est pas uniquement consacré aux livres. Une bonne occasion pour  la découvrir ...

lundi 4 octobre 2010

Le voisin ( Tatiana de Rosnay )

















Colombe, jeune femme timide et effacée, mène une vie bien rangée entre son mari, souvent en déplacement, ses 2 enfants et son boulot de "nègre"  dans une maison d'édition que, même s'il ne l'épanouit vraiment, elle effectue consciencieusement, comme tout le reste ! La famille déménage pour un appartement plus grand, calme, clair, parfait apparemment sauf que ... toutes les nuits, juste au-dessus de la chambre de Colombe, le voisin fait un tel bruit qu'elle ne plus dormir ! Mais toujours uniquement quand son mari est absent, c'est le début d'une incroyable spirale, infernale ...

Alléchée par l'auteure et la 4ème de couv, j'ai commencé ce bouquin et je n'ai plus pu le lâcher ! Tourner, tourner les pages, allez ... juste un chapitre encore, un seulement, oui mais la tension va crescendo ...
Aahhhh ... il y avait longtemps que je n'avais pas ressenti ce plaisir particulier ! Ce roman-là distille insidieusement un suspense insoutenable, digne des meilleurs thrillers mais sans serial killer, ni duo d'enquêteurs à l'américaine, non ... avec juste un décor qui nous est familier, une  famille française ordinaire, une vie sans histoires et puis, un grain de sable d'abord et tout qui s'emballe ... Tatiana de Rosnay nous cueille et nous entraîne, haletants,  jusqu'au bout.
On s'attache à Colombe, à ses pudeurs,  à ses pensées secrètes, à sa lucidité aussi ... en plus, elle fait un métier qui nous touche, nous, lecteurs/trices car bien sûr elle écrit pour les autres tout en rêvant d'écrire enfin pour elle, sans oser. On comprend ses tergiversations et ses peurs autant qu'on a envie de la secouer, on essaie nous aussi de cerner la personnalité de ce mystérieux voisin du 5ème et puis on commence à douter  ... ce qu'elle raconte est-il  vrai ou a t'-elle tout inventé, en train de perdre pied, complètement en dehors de la réalité ? Mais ça , je vous laisse le découvrir par vous-même ...


vendredi 1 octobre 2010

Un roman français ( Frédéric Beigbeder )



Placé en garde à vue pour avoir sniffé de la coke dans la rue sur le capot d'une voiture, l'auteur se rémémore son enfance oubliée ...

Résumé volontairement simpliste car la garde-vue n'est bien sûr qu'un prétexte, un déclencheur à ce récit que l'auteur portait en lui certainement depuis longtemps. Alors évidemment, il y en a que Beigbeder exaspère, ce que je peux comprendre ... moi, personnellement je suis plutôt amusée et intéressée par le personnage. Ancienne publicitaire, je me suis bien entendu jetée avec gourmandise sur 99 francs quand il était sorti ( devenu depuis 14,99 euros puis 6 euros à sa sortie poche ... on pourrait  dire que quitte à faire tout le temps le malin, il a plutôt réussi son coup avec un même livre qui ne porte pas moins de 3 titres différents ! ;-)) Bref, j'avais donc lu ce brulôt assassin sur ses années pub puis Vacances dans le coma et L'amour dure 3 ans. Un peu lassée de tourner toujours autour de ses frasques noctures déjantées, j'avais ensuite d'autant plus apprécié Windows on the world mais  la lecture de son avant-dernier : Au secours pardon m'avait tellement déçue que je m'étais dit qu'on ne m'y reprendrait plus !  Quelques échos positifs sur celui-ci ont révéillé mon intérêt et la gueule d'ange aperçue sur l'édition poche ( une portrait à l'aquarelle de l'auteur enfant ) m'ont finalement décidée, ce que je ne regrette pas. Au-delà de son indéniable talent d'écrivain ( celui entre autres des formules qui marquent, vestiges de son ancien métier  ) Beigbeder, avec ce livre là, m'a touchée. Peut-être parce que je m'y suis souvent retrouvée : une certaine amnésie partagée à propos de l'enfance et pourtant les mêmes souvenirs un peu nostalgiques d'une époque disparue ( vous savez , quand on se dit : ah oui ... et ça, oooh oui ... Daktari, les berlingots de lait nestlé aromatisés, le 33 tours du Petit prince raconté par Gérard Philippe ... au rayon pub : Fruité c'est plus musclé ou Vous vous changez ? Changez de Kelton ... etc ... ) et, plus sérieusement, le divorce des parents quasiment au même âge que moi. Et puis ça se passe dans des endroits que je connais bien aussi : Pau, Guéthary sur la côte basque ( Beigbeder est un nom que l'on retrouve parfois ici ...).
Surtout, on a l'impression que le dandy mondain dilettante laisse enfin tomber le masque pour plus de profondeur, failles et douleurs révélées ... car c'est bien d'une autobiographie qu'il s'agit. Alors, c'est vrai que dans sa découverte soudaine et horrifiée des conditions de détention en garde à vue, il fait  pas mal "tête à claques", bien qu'il sache prendre les devants avec humour : " Je sais ce que vont penser certains lecteurs: Marie-Chantal fait de la garde à vue chez Marie-Antoinette ! ". Et oui, les souffrances de ce gamin choyé, né dans un milieu privilégié, n'ayant jamais vraiment manqué de rien, maintenant devenu un grand enfant gâté, un peu coupé des réalités, peuvent prêter à sourire peut-être mais il m'a semblé que, pour la 1ère fois, il a cessé de se cacher pour se livrer avec lucidité et par dessus tout sincérité.Je lui laisse le mot de la fin : " J'aimerais qu' on lise ce livre comme si c'était le premier ".