lundi 30 avril 2012

Le chapeau de Mitterand ( Antoine Laurain )















Un soir, Daniel Mercier dîne dans une brasserie quand le président Mitterand s'installe à la table juste à côté. En partant, ce dernier oublie son célèbre chapeau sur la banquette. Mû par une impulsion soudaine, Daniel Mercier se l'approprie et ... sa vie va en être bouleversée. Hélas, il le perd à son tour. Le chapeau va alors  passer de tête en tête, influant à chaque fois sur le destin de ceux qui le portent ... 

Ah ... vraiment, quel délicieux roman que celui-là pour quelqu'un de ma génération qui a bien connu les années 80 et le "règne" de François Mitterand. Des souvenirs qui remontent, le sourire aux lèvres, de petites bouffées de douce nostalgie pour toute une époque soudain retrouvée à travers 1000 détails ... "C'est la ouate" sur toutes les radios, les débuts de Mylène Farmer, Joan Collins en couverture des magazines télé, J.R Ewing, Yves Mourousi au JT, Séguela omniprésent dans les média, la pyramide du louvre en construction, les colonnes de Buren ou encore le minitel ... mais oui, tiens, c'est vrai ça, passé aux oubliettes depuis bien longtemps et pourtant si présent dans ces annés là, précurseur de tous nos ordis et autres tablettes ...
L'histoire est bien menée, le fameau chapeau se retrouvant tout naturellement sur la tête des différents protagonistes, qui ont chacun leur personnalité, leur histoire, une vie qui tout d'un coup va changer, infuencée par ce je ne sais quoi d'un peu magique qui émane du couvre-chef présidentiel : fulgurance, clairvoyance, brin de génie, audace ou créativité ... chacun y trouve en tout cas une force tranquille, un nouvel élan. Derrière la plume brillante, bien que sans ostentation, de l'auteur, j'avais l'impression de percevoir un fin sourire en coin, mi mélancolie mi ironie, une certaine forme d' attachement sous un apparent détachement, beaucoup de délicatesse et de finesse en tout cas. D'Antoine Laurain, j'avais déjà lu et aimé Fume et tue, plus dur quoiqu'avec toujours le même humour en demi-teinte, la même légèreté feinte ... avec Le chapeau de Mitterand, j'ai vraiment passé un excellent moment, parfaitement en adéquation avec cette période de l'entre 2 tours qui plus est !  
Une seule chose à déplorer : il n'y a absolument plus la moindre chance de tomber sur le chapeau miraculeux par hasard ... 

Allez lire le billet de Cécilequoide9 ... grande fan de l'auteur ( c'était déjà ma tentatrice pour Fume et tue ), au fil de ses 9 bonnes raisons de lire ce roman, elle vous conduit vers d'autres avis.


vendredi 27 avril 2012

Un monde sans fin ( Ken Follett )















Kingsbridge, Angleterre, entre 1327 et 1361, la vie des habitants de cette petite ville s'articule principalement autour de son prieuré et de la foire à la laine mais connaîtra pourtant nombre de bouleversements, grâce en partie à Merthin, un nouveau bâtisseur surdoué et à Caris, femme de tête visionnaire...

Et ben voilà, ça y est ! Rappelez-vous, je vous disais le 12 avril que je me préparais à faire une longue pause sur ce blog en raison de la taille du pavé (1337 pages quand même ) mais finalement, c'est passé comme une lettre à la poste et le voilà terminé en 15 jours ! Et c'est avec plaisir qu' à 200 ans d'intervalle, j'ai retrouvé Kigsbridge et son prieuré et découvert de nouveaux personnages, pour certains descendants des fameux Jack et Aliena des Pilers de la Terre. Et oui, encore une fois, ça fonctionne parfaitement et Ken Follett m'a tenue en haleine tout du long sans jamais m'ennuyer, enchaînant les péripéties avec talent. Nouvelles techniques de construction, guerre de 100 ans , épidémie de peste, médecine, vie quotidienne des serfs et des seigneurs, le contexte historique est suffisamment riche pour que l'action rebondisse sans cesse, le caractère et la psychologie des personnages principaux s'enrichissant dans le même temps. A tel point que je me suis vraiment attachée à eux et,  qu'un peu effrayée en entamant la 1ère page, me voilà presque dépitée de les quitter, eux et Kingsbridge,  maintenant que j'ai tourné la dernière ...


dimanche 22 avril 2012

Scrutin ...


" La droite a gagné les élections. La gauche a gagné les élections. Quand est-ce que ce sera la France qui gagnera les élections ? "


Coluche - Extrait de l'horreur est humaine 


mercredi 18 avril 2012

Hummmm ....




Arôme de thé 
Petit matin sous la couette 
Rêve de croissant

Haïku d'Elisa Huttin


La photo a été ajoutée à la demande de Brize ! ;-)


jeudi 12 avril 2012

Pause imposée ...


... par la longueur du livre en cours, très certainement ! 

Je vous explique : il y a un bon moment déjà, j'avais acheté Les piliers de la terre de Ken Follet, n'en ayant entendu que des louanges unanimes sauf que ... je ne sais pas pourquoi, et c'est aussi le cas de quelques autres bouquins, il avait passé un temps infini dans ma PAL.  Je ne me décidais jamais à prendre celui-ci plutôt qu'un autre. Mais quand je m'y suis enfin mise, je l'ai dévoré et adoré, comme de juste ! J'ai même réussi l'exploit de le faire lire à mon cher et tendre qui l'avait tellement aimé lui aussi que je lui ai acheté la suite dès qu'elle est sortie en en poche ! Enfin, ce n'est pas vraiment une suite puisque ça se passe à quasiment 2 siècles d'écart mais au même endroit et avec certains des descendants des personnages du premier  ... 
Bref, quoiqu'il en soit, c'était une gageure et ... ce fut un exploit inouï, ramené au nombre de pages positivement effrayant : il l'a depuis belle lurette terminé alors que pour ma part, devinez quoi ? Bingo : il subit exactement le même sort que son prédécesseur ! Mais  un événement est soudain venu le sortir de son étagère : l'adaptation télévisée des Piliers de la terre est passée très récemment à la télé, je l'ai regardée avec plaisir et comme ça m'a tout bien remémoré,  il n'y a pas à tortiller, plus à tergiverser, il est temps de prendre ses responsablités, c'est pile poil le moment rêvé pour attaquer le second : 
Un monde sans fin. 

             

Je vais donc tâcher d'ignorer certains appels désespérés chuchotés quand je passe devant ma PAL : Delphine de Vigan qui me supplie de commencer sans tarder son Rien ne s'oppose à la nuit, Le chapeau de Mitterand d'Antoine Laurain qui s'incline sur mon passage, Les oreilles de Buster de Maria Ernestam qui se dressent effrontément ... non, je vais être forte, j'ai suffisamment succombé comme ça aux sirènes des nouveautés ces derniers temps, hein !!!

Cependant,  au vu de l'épaisseur du pavé...


... du nombre de pages ...


... associés à la taille des caractères ...


... j'ai bien peur de ne plus donner de nouvelles ici avant un certain temps, voire un temps certain ! Alors, à un des ces jours et d'ici là, bonnes lectures ... 



lundi 9 avril 2012

Enola game ( Christel Diehl )















Une nuit, il ya eu des explosions et puis une "grande lumière" et puis ... plus rien ! Depuis, elle reste seule chez elle cloîtrée avec sa fille de 4 ans, respectant les consignes criées au  mégaphone par des militaires, le 2 ème jour. Il n'y a plus d'électricité, plus de communications, aucune info ... juste une distribution journalière de vivres de survie et d'eau. Alors elle vit sur ses réserves, pensant à son compagnon et à sa fille aînée au loin, réinventant chaque jour comme elle peut un semblant de vie normale pour la petite, malgré la faim, le froid, la solitude,  la peur terrible ... 

Après une fille vivant seule dans des conditions particulières avec son père (voir billet précédent) j'enchaîne avec le huis-clos d'une mère et de sa petite, non choisi celui-ci. Comme l'ont déjà souligné Ys et Kathel, c'est un thème récurrent en littérature depuis quelques temps, l'enfant seul avec l'un de ses parents dans des circonstances extrêmes ou apocalyptiques : La route,  Sukkwan Island, Room, l'Abandon ... avec Enola game, j'ai tout de suite pensé moi aussi à En un monde parfait de Laura Kasischke, dans une version plus dramatique encore ! Car si la mère a choisi d'appeler" le jour de la grande lumière " Enola game, par un jeu de mot rappelant le nom de l'avion qui largua la 1 ère bombe atomique sur Hiroshima, on comprend vite que ce n'est pas par hasard, que oui, la catastrophe est très certainement de cet ordre là et ... que les choses ne vont pas aller en s'arrangeant. Et c'est d'un coup l'occasion  de mesurer les choses à l'aune de leur importance réelle : la longue hésitation entre 2 smartphones, tous les 2 aussi inutiles l'un que l'autre à présent, les milliers de morceaux de musique enregistrés sur un MP3 jusqu'à la saturation, jusqu'à ne plus savoir quoi écouter, le manque de temps pour soi, tout d'un coup devenu illimité, terrifiant ! C'est aussi le moment de revenir sur les grands moments de sa vie : les chagrins, les joies, les naissances,  les êtres chers disparus ... celui de s'angoisser pour les autres, encore vivants, déjà morts peut-être et alors, où, quand  comment  ... celui encore de laisser libre cours à une passion longtemps contenue, lire et écrire, écrire au long des nuits pour conjurer l'angoisse, l'incertitude,  l'insomnie ... celui, enfin,  de tout tenter pour protéger  sa fille, le seul trésor encore en sa possession, le plus longtemps possible, contre le manque, les privations, l'horreur, la barbarie qui vient ...
Voilà un petit livre (à la jolie couverture) bien grand finalement ! Petit par le nombre de pages, grand par sa force et sa puissance d'évocation car si, comme la mère, on oublie preque par instants l'extrême gravité de la situation, au fil de la nostalgie et des jolies choses convoquées par la mémoire, on sait bien malgré tout la menace qui grandit, la tension qui monte inexorablement, l'évolution tragiquement prévisible ....
Grande douceur et atroce violence mêlées, un premier roman fort et marquant !

Comme je n'ai pas beaucoup de temps, je vous renvoie simplement vers le billet tout récent de Kathel qui vous conduira vers celui d'Aifelle et vers plein d'autres encore (merci Kathel d'avoir déjà fait le boulot ! ;-))


vendredi 6 avril 2012

L'abandon ( Peter Rock )















Caroline, 13 ans au début de l'histoire, vit cachée dans les bois avec son père près de Portland dans l'Oregon. Ils veulent surtout ne pas être vus. Pourquoi ? On ne le sait pas. Un jour Caroline commet une erreur et les services sociaux s'en mêlent qui veulent absolument les faire rentrer dans la norme ...

Le billet de Lystig m'avait tellement alléchée que je l'ai tout de suite demandé puisqu' elle le proposait en livre voyageur. Merci à elle donc pour la découverte de ce roman bizarre.  Bizarre oui, car l'atmosphère est vraiment étrange, les rapports père/fille surprenants et très peu d'informations nous seront finalement données. C'est Caroline qui raconte ce qui s'est passé mais de façon froide, distanciée, sans véritables émotions apparentes, comme son père lui a appris à fonctionner. La grande question reste le pourquoi de tout ça ? Le père a t'il commis un crime ?  Il n'a pas l'air violent, ils ne font rien d'illégal et achètent le peu de nourriture dont ils ont besoin, sachant se donner une apparence "normale" pour leurs rares incursions obligatoires en ville. Sont-ils vraiment recherchés et par qui ? Revenu de la guerre, le père paraît complètement parano. Alors est-il simplement malade ? Victime de la crise économique comme d'autres sans-abri qui vivent aussi dans les bois ? Ou refusant tout simplement par idéologie de rentrer dans le moule ? Toutes ces hypothèses sont plausibles, possibles et d'autres encore, plus terrifiantes ... posées par les quelques révélations parcimonieuses distillées par Caroline vers la toute fin. Mais chutttt ! Ca, ce sont mes interprétations personnelles et chaque lecteur  se forgera sans doute les siennes propres. D'autant plus que si le livre est tiré paraît-il d'un fait divers, tout comme Lystig, je n'ai pas trouvé lequel,  ce qui laisse le champ complètement libre à l'imagination. Roman vraiment spécial donc, que je ne regrette pas d'avoir lu, qui ouvre plus de questions qu'il ne donne de réponses, qui dérange et  laisse une drôle d'impression, forte et contrastée, un sentiment de malaise diffus mais prégant.
A vous de voir ...

A lire aussi pour tenter de vous faire une opinion, l'avis d' Ys ...


mercredi 4 avril 2012

Journal d'un corps ( Daniel Pennac )















Comme son titre l'indique, le journal d'un corps, à la façon d'un journal intime, tenu par un homme de ses 13 ans à ses 87 ans. 

Voilà une idée plutôt originale ...
Et qui tient toute ses promesses, en plus !
Mon histoire d'amour lectrice/auteur avec Daniel Pennac remonte à loin ... la série des Malaussène,  bien sûr mais surtout, surtout Comme un roman, véritable ode à l'amour des livres et plaidoyer irrésistible pour donner l'envie de lire aux jeunes (à ses élèves, entre autres). J'en garde un souvenir vraiment ébloui ! D'ailleurs, je ne résiste pas au plaisir de me remettre en mémoire en les citant :
-  La phrase de préambule avant le chapitre premier : "On est prié (je vous supplie) de ne pas utiliser ces pages comme instrument de torture pédagogique."
-  L'incipit : "Le verbe lire ne supporte pas l'impératif. Aversion qu'il partage avec quelques autres: le verbe aimer ... le verbe rêver ..."
- Les droits imprescriptibles du lecteur figurant en 4 ème de couverture :
1. Le droit de ne pas lire
2. Le droit de sauter des pages
3. Le droit de ne pas finir un livre
4. Le droit de relire
5. Le droit de lire n'importe quoi
6. Le droit au bovarysme(maladie textuellement transmissible)
7. Le droit de lire n'importe où 
8. Le droit de grappiller
9. Le droit de lire à haute voix
10. Le droit de nous taire 

Je rajouterais bien  d'ailleurs après "Le droit de lire n'importe où" "Le droit de lire n'importe quand" mais bref ... allez, je m'arrête là car, ayant repris le livre en main pour citer correctement ces passages, je vais bien finir par, premièrement, le relire en entier et deuxièmement, vous le citer en entier !!! Donc, revenons à cette histoire d'amour qui s'était brutalement interrompue avec Le dictateur et le hamac pour cause de grosse déception et depuis, plus aucun contact ... c'était en 2003 tout de même ! Alors, quand je l'ai entendu parler de son nouveau roman, je l'ai tout de suite écouté  avec beaucoup d'interêt ... son talent indéniable pour transmettre sa passion, un thème inhabituel, plusieurs avis très enthousiastes lus sur la blogo, il n'en fallait pas plus pour que la flamme qui semblait éteinte (on a vu souvent repartir le feu d'un ancien volcan etc...)  flambe à nouveau et je me suis précipitée pour l'acheter sans délai. Et donc, le Pennac que j'aimais est bel et bien de retour ! Car avec ce journal consacré au corps, il réussit à nous en dire beaucoup sur l'âme et sur les sentiments et nous conte malgré tout l'histoire d'un homme aussi complètement que s'il n'avait pas choisi ce parti pris. Simplement, les choses se révèlent différemment, d'une manière détournée peut-être d'autant plus forte. Car ce vécu d' un corps individuel a aussi une portée universelle et tout un chacun se reconnaîtra, à un moment ou un autre : "Nous qui nous sentons parfois si seul dans la nôtre nous découvrons peu à peu que ce jardin secret est un territoire commun " (4 ème de couverture).  Et on s'attache, on est ému, touché, surpris, on rit beaucoup aussi et on se laisse emporter tout naturellement au fil de cette vie déroulée au jour le jour, de cette écriture qui semble toujours couler si naturellement de source ... séduits et  conquis. Bon retour dans ma bibliothèque monsieur Pennac !

Les avis de Cuné (qui cite de très nombreux extraits) de Brize (mesdames et messieurs, précipitez-vous car elle a rempli ses 4 parts de tarte et ce n'est pas si souvent, hein !) et d'une blogueuse , toujours un peu à l'ouest, qui ne tient pas un blog livres mais que je lis de temps en temps. Vous remarquerez que cette dernière dit elle aussi aimer Pennac d'amour et qu'elle a choisi de citer exactement le même extrait que Brize (coeurs de mamans).  Je trouve la  toute dernière phrase de cette citation ... tout simplement parfaite, non ?