Plusieurs années après la naissance de sa fille Salomé, Colombe Schneck trouve enfin le courage de remonter le temps et de se plonger dans l'histoire tragique de sa famille, juifs lithuaniens déportés durant la seconde guerre mondiale. Pour tenter de comprendre, sa grand-mère, sa mère, ses tantes, faire taire ce sentiment prégant de peur, de culpabilité et écarter de sa propre fille l'ombre que fait toujours planer la petite Salomé Bernstein, morte en 1943 à Auschwitz avec son cousin et sa grand-mère...
Je suis si embêtée pour parler de ce livre, qualifié de "roman vrai" mais qui n'a pour moi absolument rien d'un roman, que j'ai bien failli ne pas écrire de billet.
Car la réparation met mal à l'aise, et ce parce que l'auteure l'est elle-même, qui n'arrête pas de se dédouaner, se justifier, se rabaisser, se jugeant à tout bout de page indigne de parler de l'histoire de sa famille : "Je me disais c’est trop facile, tu portes des sandales dorées, tu te complais dans des histoires d’amour impossibles, tu aimes les bains dans la Méditerranée et tu crois qu’une fille comme toi peut écrire sur la Shoah ?".
Alors son récit se concentre essentiellement sur les faits, presque comme un documentaire, et s'il touche par les événements terribles qui y sont retracés et les questions qu'il soulève ( est-ce que vraiment "être juif, c'est avoir peur"? Jusqu'à quand les juifs se sentiront-ils coupables, d'avoir survécu pour les générations de la guerre ou même d'exister tout simplement pour nos contemporains ? Est-ce que ne pas parler du malheur le tient mieux à distance ? Est-ce que taire la souffrance est un service à rendre à ses descendants ou au contraire une malédiction, un poids supplémentaire ? Jusqu'où peut aller la pulsion de vie, le sacrifice d'une mère ? ) la véritable émotion y est le plus souvent absente. A vouloir trop jouer la pudeur et la distanciation, Colombe Schneck se perd, multiplie les redites, les retours en arrière, les maladresses et au final, même s'il serait malvenu de remettre en cause la sincérité de son propos, elle n'emporte pas comme d'autres témoignages ou même romans sur la Shoah ( je pense particulièrement à cet instant au Kinderzimmer de Valentine Goby) ont pu le faire. La compassion ressentie l'est de manière purement intellectuelle, en tout cas pour moi. Les seuls moments du livre qui ont véritablement fait écho chez moi sont ceux où elle parle de la peur panique, irraisonnée, douloureusement constante, qu'elle ressent à l'idée qu'il arrive quelque chose à ses enfants...
Reste que j'ai appris beaucoup de choses que j'ignorais sur la situation des juifs en Lithuanie et le ghetto de Kovno. Reste surtout que je me sens extrêmement mal à mon tour de paraître juger un tel récit et la façon dont l'auteure a choisi de le mener car, extérieure à cette page d'histoire et non juive, qui suis-je pour le faire ?
Cet article de l'Express qui présente deux avis opposés vous aidera peut-être à mieux comprendre mon ressenti...
Ce genre de "roman" ne me tente pas trop, ça tombe bien (je préfère les non fiction sur le sujet.
RépondreSupprimerAh tu lis Miette? ^_^
Ca n'a de toutes façons rien d'un roman et c'est plutôt de la non-fiction pour le coup !
SupprimerOui et , en confidence, j'ai hâte d'avoir fini !!!
ce n'est pas le premier avis assez mitigé que je lis sur ce livre. J'avais bien aimé Val de Grâce de Colombe Schneck, mais n'ai rien lu d'autre d'elle
RépondreSupprimerRien lu d'autre non plus et ça ne donne pas très envie de réitérer...
SupprimerJ'ai "Val de Grâce" dans ma PAL depuis un bon moment, ça me suffira pour l'instant. Je n'aime pas trop ce genre de littérature et l'auteur est un peu énervante.
RépondreSupprimerJe ne l'ai jamais vue interviewée ni entendue nulle part...
SupprimerEn dépit des plutôt bonnes critiques que j'avais lues ou entendues ici ou là lors de sa sortie, ce livre ne m'avait guère tentée, et force est de dire que tu ne fais qu'enfoncer le clou...
RépondreSupprimerQuant à la question que tu poses à la fin, il me semble qu'au-delà des Juifs c'est l'humanité même qui a été bafouée avec la Shoah et qu'à ce titre il est légitime, et sans doute nécessaire, pour tout être humain de s'interroger sur ce qui est arrivé pour que cela ne se reproduise JAMAIS. Et malheureusement, l'Histoire nous a déjà démontré qu'on n'était jamais à l'abri du pire...
S'interroger bien sûr mais juger le livre de quelqu'un qui raconte l'histoire de sa famille, directement impliquée, c'est là que je me sens un peu mal !
SupprimerOui, mais en même temps, c'est elle qui a fait la démarche de rendre cette histoire publique. Et il me semble que lorsqu'on écrit - et qu'on publie - c'est justement parce qu'on éprouve le besoin de partager et, d'une certaine manière, qu'on en attend un retour...
SupprimerC'est vrai ! Mais en même temps, elle a l'air elle-même si mal à l'aise avec ça...
Supprimerbon ben... je passe
RépondreSupprimerTu peux, honnêtement !
SupprimerJe l'ai en version numérique depuis un moment déjà mais je n'ai pas vraiment envie de le lire et ton avis ne fait que me conforter dans mon idée.
RépondreSupprimerJe l'avais depuis longtemps aussi avant de finalement me décider...
SupprimerJ'ai un a priori vis à vis de cette auteure, et je ne pense pas le dépasser pour plonger dans cette histoire personnelle... Je préfère la fiction, même sur des sujets aussi douloureux.
RépondreSupprimerDécidément, elle ne soulève pas les foules cette pauvre Colombe Schneck ! ;-)
SupprimerBof voila ce que j'avais pensé à la fin de la lecture de ce livre
RépondreSupprimerPour aller un poeu plus loin
http://www.franceculture.fr/emission-carnet-nomade-des-livres-des-vies-2012-09-15
Bises
C'est un bon résumé, oui ! ;-)
SupprimerMerci pour le lien...
Bises à toi aussi.
J'avais plutôt aimé pour ma part... mais c'est vrai que le récit de Colombe Schnek n'est pas très fort, et n'emporte pas comme d'autres récits. Cela dit, j'ai trouvé qu'elle avait raison d'en parler à sa mesure si elle en avait besoin.
RépondreSupprimerTu es bien le comm le plus indulgent sur ce sujet depuis le début ! :-)
SupprimerJ'avais détesté ! http://www.lecturissime.com/article-deception-et-abandon-du-mois-de-novembre-112230532.html
RépondreSupprimerJ'avais rencontré l'auteur lors d'un jury littéraire Elle et je l'avais trouvée très désagréable...
Je vais aller lire ton avis mais décidément... que de mauvais points pour elle !!!
SupprimerVoilà qui ne me tente absolument pas.
RépondreSupprimerSans surprise ! ;-)
SupprimerJe vous trouve très durs ! Voire injustes...
RépondreSupprimerBon, moi Colombe Schneck je la connaissais d'abord par l'émission de radio qu'elle anima sur FranceInter à une époque, et par son premier?roman , l'incroyable monsieur Schneck, qui était totalement atypique et assez scotchant.
Pour ma part, je suis rentrée sans difficulté dans le récit, ai été très touchée par celui ci: la famille dans le ghetto, le secret de famille, la sœur survivante qui paradoxalement ne s'en remet pas...avec une pointe d'humour et d'auto dérision de la part de l'écrivain parisienne qui semble avoir agacé bcp de lecteurs, c'est dommage. Pour moi, c'est un témoignage romancé du type " les disparus" de Mendelsohn , même s'il est moins puissant. Il n'est pas à mépriser et ce serait dommage de passer à côté, sauf à assumer une gêne ou un refus de lire sur cette terrible période de l'histoire, ici en Europe et il n'y a pas si longtemps...d'ailleurs c'est aussi de ça que parle Colombe Schneck, comment tant de vie sont oblitérées aujourd'hui encore pas cette catastrophe majeure du XXieme siècle. Je m'excuse de développer autant mais je suis irritée par les comm.de deux lignes pour " descendre" un livre qu'on a peut-être juste pas compris ?
Alors premièrement, je n'ai pas descendu ce livre et j'ai pris assez de pincettes il me semble pour expliquer pourquoi il ne m'avait pas emportée... c'est plutôt vous qui faites preuve de mépris en sous-entendant que je si je ne l'ai pas aimé c'est sûrement parce que je n'ai rien compris, pauvre idiote que je suis ! Deuxièmement, mes avis sont intitulés des ressentis , ce qui dit bien ce que ça veut dire, j'ai quand même le droit en toute liberté de ne pas aimer un livre comme vous même avez le droit de l'aimer ! Troisièmement, mes commentatrices donnent effectivemen t un ressenti aussi, sur 2 lignes peut-être, mais enfin les comms ne sont pas l'espace idéal pour de longues argumentations, ce sont les billets qui le sont et il me semble bien que le mien était assez argumenté ! Enfin, relisez les dernières lignes de mon billet... car effectivement le sujet est délicat ... ce qui ne vous donne pas pour autant le droit d'extrapoler sur un éventuel "refus" de lire sur la question, vous qui ne savez rien de mon passé de lectrice (pour ne parler que du récent publié à ce propos, je fais même allusion à Kinderzimmer, un roman qui m'a fait forte impression, alors là oui, pour le coup !)
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