Une biographie romancée de la petite fée roumaine dont la perfection absolue détraqua le système de notation par ordinateur aux Jeux Olympiques de Montréal en 1976, son incroyable 10 la faisant entrer à jamais dans la légende, mais aussi une réflexion sur bien d'autres sujets liés à l'évolution de Nadia Comaneci...
Que dire qui n'ait déjà été évoqué dans les nombreux billets, tous élogieux, déjà parus sur le sujet ? C'est d'ailleurs un peu grâce à la médiatisation qui a entouré ce livre que j'ai eu envie de le lire car si je me souvenais avoir vu à un moment ou un autre les époustouflantes performances de Nadia Comaneci, le sujet ne me passionnait pas assez pour que j'ai réellement suivi son parcours... tout juste savais-je qu'elle avait "changé" physiquement et qu'elle avait fini par s'enfuir aux Etats-Unis.
Et si j'ai trouvé La petite communiste qui ne souriait jamais en effet passionnant c'est parce que Lola Lafon va bien au-delà de la biographie classique et, de cet argument de départ, multiplie les sujets de réflexion autour de cette période-là, sachant qu'elle a elle-même vécu une partie de son enfance en Roumanie...
Ce qui me frappe, en premier lieu, c'est que le titre parle de petite communiste qui ne souriait jamais alors qu'on se rend compte que, surtout, elle ne pleurait jamais ! Fillette d'une incroyable dureté, mi-force de caractère naturelle, je pense, mi-produit d'un conditionnement surhumain orchestré par un entraîneur tout-puissant, jusqu'à devenir un véritable symbole politique, un enjeu même, pour un pays tout entier. Une quête de perfection éphémère qui excuse tous les excès, déjà, car avec les affaires liées au dopage aujourd'hui, on ne peut que constater que ça s'est encore aggravé ! Et l'on en apprend encore, en tout cas moi, sur l'effroyable régime de Ceausescu dont la folie est allée, entre autres, jusqu'à promulguer des décrets délirants dans lesquels les femmes étaient tenues de "livrer" au moins 4 enfants à la nation, la contraception et l'avortement étant punis comme des crimes d'état et une visite médicale obligatoire attestant tous les mois du bon respect de cette loi ! Eternelle violence faite au corps des femmes alors même que Nadia torture le sien pour rester exactement le contraire : une éternelle petite fille impubère. Et quand la nature reprendra malgré tout ses droits, ce ne seront pas les journalistes occidentaux les plus tendres, fustigeant en un écoeurant lynchage médiatique ce corps qu'ils avaient adoré auparavant, coupable seulement d'avoir pris les formes d'une femme, inévitablement. Pour l'exigence sportive uniquement ? Ou bien également un peu par voyeurisme malsain envers ces petites lolitas de l'est ? On est droit de se poser la question... Des journalistes mais aussi des hommes politiques de l'Ouest étonnamment tolérants d'ailleurs, j'étais trop jeune à l'époque pour en avoir conscience, avec le régime de Ceausescu qui sera même décoré de la légion d'honneur par la France. Et des américains qui, loin de juger les méthodes contestables de Béla Karolyi, n'auront de cesse de vouloir le copier, sans états d'âme, pour fabriquer à leur tour de la gymnaste prodige et monter sur les podiums.
Et Nadia dans tout ça ? Sans cesse utilisée, manipulée, accusée d'avoir été elle-même manipulatrice, complice de la dictature puis tombée dans les pièges du capitalisme à son arrivée aux Etats-Unis, toujours scrutée, observée, suivie : par les agents du régime en Roumanie, par les médias en Amérique où finalement elle ne s'est d'abord pas sentie plus libre ! Oui, qu'a pensé vraiment au fil de sa vie, cette Nadia Comaneci mondialement connue mais dont la vraie personnalité reste inconnue ?
Lola Lafon lui garde tout son mystère et c'est peut-être aussi bien, cela, au moins, lui appartient...
Lisez aussi les avis de Mango lila, Clara, Cuné, Aifelle, Cathulu, Alex mot à mots, Brize, Delphine Olympe...
Ton billet est parfait ! Je suis super contente que tu aies apprécié aussi cette lecture assez surprenante dans le paysage littéraire actuelle. Je ne suis pas encore remise de la lecture musicale de samedi, tellement c'était un complément ... magique. Pour en revenir à Nadia Comanenci, j'ai l'impression qu'elle ne lâchera jamais un mot sur ce qu'elle pense vraiment. A l'époque où tous les gens célèbres sont à vendre, il suffit d'y mettre le prix, elle a une force intérieure qui doit être énorme.
RépondreSupprimerMerci Aifelle car j'ai bien failli ne pas l'écrire du tout... je ne savais pas trop comment traduire mon ressenti et puis j'avais l'impression que tout déjà avait été dit dans les autres billets !
SupprimerElle a l'air vraiment particulière cette Lola Lafon, je crois que je vais m'intéresser à ce qu'elle a écrit d'autre, du coup...
Je pense qu'elle ne le fera plus maintenant, quant à sa force de caractère elle n'est plus à prouver !
:-)
J'ai acheté "nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce" samedi. Joli titre n'est-ce-pas ?
SupprimerTrés évocateur ! Mais on drait qu'elle aime les titres longs...
Supprimer;-)
Et voilà un billet qui finit de mon convaincre. Merci! (Et hop: dans la pile!)
RépondreSupprimerIl mérite d'être convancant et donc convaincu pour ceux qui ne l'ont pas encore lu ! :-)
SupprimerTon billet reflète en effet toute la richesse de ce magnifique livre, et je comprends que tu aies eu du mal à te lancer pour l'écrire. C'est vrai que, comme toi, lorsque je lis un livre qui me semble éblouissant, je crains toujours de ne pas être à la hauteur et d'en restituer une image affaiblie... Èn tout cas, là, tu évoques brillamment toutes les thématiques qu'il contient.
RépondreSupprimerComme toi, et comme Aifelle, je vais suivre Lola Lafon de près. Cependant, j'ai acheté - et lu- les Oiseaux. Je suis impatiente de savoir ce que tu en a pensé, Aifelle : quant à moi, j'ai décidé de ne pas le chroniquer. En effet, c'est très rare, mais j'ai le sentiment d'être passée complètement à côté... Non pas que je l'aie trouvé mauvais (dans ce cas, soit je ne vais pas jusqu'au bout, soit je ne me prive pas de dire ce que je pense), mais il m'a totalement déroutée. Il est très différent de La petite communiste (et c'est heureux d'ailleurs), et très particulier. Peut-être ai-je été surprise ? Il y a une voix, un ton, quelque chose de très personnel, incontestablement, mais aussi de très déroutant...
Quoi qu'il en soit, je guetterai son prochain livre !
Je trouvais, entre autres, que tu en avais tellement dit dans ton billet et brillamment en plus (bon, on va peut-être arrêter de se lancer des fleurs sur ce blog car que va t'on penser de nous, à la fin ? ;-)) que mon billet serait vain, ou au mieux une redite de tout ce qui avait déjà été écrit à son propos et puis c'est parfois si dur de retransmettre un sentiment global... bref, ce que tu dis de ces fameux oiseaux qui annoncent la tempête m'intrigue et me donne encore plus envie de le découvrir du coup, pour me faire ma propre opinion, je guetterai bien évidemment avec impatiencecelle d'Aifelle, apparemment totalement tombée sous le chrame de l'auteure ! :-)
SupprimerA suivre donc (Lola et les commentaires que ses livres suscitent) !
SupprimerEt les fleurs, c'est comme les livres : ça rend la vie quand même bien plus jolie ; -))
:-)
SupprimerA travers ce roman, j'ai découvert une vraie personnalité qui ne regrette rien.
RépondreSupprimerCe n'est pas son genre, je pense...
SupprimerJe l'avais noté, tu confirmes. Ce livre a été un des grands succès de cette rentrée littéraire, traitant de la Roumanie de Ceausescu sous un angle original. Quant aux dictateurs à qui on a remis la Légion d'Honneur ou à qui la France a ciré les pompes, ce n'est malheureusement pas le seul (je me souviens de Kadhafi avec un peu la nausée quand même...)
RépondreSupprimerC'est vrai ! Je suis quasiment sûre que ce livre te plaira...
SupprimerC'est mon époque Nadia Comanecci, j'étais bouche bée devant la télé, je compte bien le lire.
RépondreSupprimerBienvenue sur ce blog ! Ca te replongera direct dedans alors...
SupprimerVraiment beaucoup d'enthousiasme pour ce roman ! Je n'ai pas beaucoup de souvenirs de Nadia Comaneci, je n'ai jamais été passionnée par la gymnastique, mais je pense bien le lire !
RépondreSupprimerMoi non plus je n'ai jamais été passionnée par la gym mais pourtant cela m'a plu...
SupprimerUn livre qui a beaucoup été lu et que j'espère découvrir un jour à mon tour... ;)
RépondreSupprimerN'hésite pas, il en vaut vraiment la peine !
SupprimerJe l'ai vu à plusieurs reprises sur les blogs, il a l'air passionnant.
RépondreSupprimerIl l'est, il l'est !!!
SupprimerTon billet est très intéressant ! Je me plonge bientôt dans ce bouquin...
RépondreSupprimerPlonge corps et âme , il mérite bien ça ! :-)
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