lundi 28 avril 2014

Désordre (Penny Hancock)

















Sonia, la quarantaine, vit quasiment seule dans la maison de son enfance au bord de la Tamise car sa fille est partie faire ses études et son mari voyage beaucoup. Il aimerait d'ailleurs vendre mais Sonia ne veut pas quitter ce lieu empli de souvenirs. Des souvenirs profondément enfouis qui vont brutalement remonter à la surface quand Jez, jeune garçon de 15 ans et neveu de l'une de ses amies, vient frapper à sa porte pour lui emprunter un disque. Elle décide alors de le garder avec elle...

Et il serait criminel d'en dévoiler plus et de priver ainsi les futurs lecteurs du plaisir de la découverte !
Car Désordre est un thriller psychologique impeccable, où l'on sent monter la tension petit à petit, se doutant bien que ça va mal se terminer d'une façon ou d'une autre mais la question est de savoir pour qui, comment, et bien sûr pourquoi ! Alors pas de gore, de sang ou de crimes monstrueux ici mais une fine analyse des motivations et du mode de fonctionnement des principaux personnages. Et puis, et peut-être avant-tout, l'auteure nous offre du même coup un brillant roman d'atmosphère dans lequel la Tamise, omniprésente, est un personnage à part entière. Je me suis laissée envoûter et bercer par ce fleuve envahissant, cette ambiance singulière,  alors que dans le même temps, l'angoisse distillée et les indices semés ça et là dans le récit me poussaient à tourner les pages, toujours plus, pour en arriver au dénouement... dont je ne dirais évidemment rien, sinon qu'il recèle une surprise finale que je n'avais pas vue venir !

En conclusion, Désordre est vraiment un thriller de bonne facture, qui change du tout-venant, et je remercie Camille du Livre de poche grâce à qui j'ai pu le choisir dans la sélection du mois d'Avril...


dimanche 6 avril 2014

La fortune de Sila (Fabrice Humbert)


















Paris, juin 1995, dans un grand restaurant, un enfant traîne au milieu du passage et gêne le serveur. Quand celui-ci l'attrape gentiment par le bras pour le ramener à sa table, le père du gamin lui casse le nez d'un coup de poing. Une violence totalement injustifiée et pourtant personne ne réagit, ni la femme de cet homme, ni le couple russe ni non plus les 2 amis français qui dînent aux tables voisines. Une indifférence ou une lâcheté qui seront le signe avant-coureur de leur déclin car tous ces protagonistes ne vont cesser de se recroiser et de leurs destins entremêlés se dégage une peinture sans concession de notre société dominée par l'argent et la spéculation à outrance...

J'ai laissé ce roman en plan je ne sais combien de temps sur ma PAL car j'avais vu qu'il y était questions de finance, de traders, de spéculation immobilière, d'oligarques russes, autant de thèmes qui ne m'intéressaient à priori pas le moins du monde. Plusieurs copinautes m'avaient pourtant bien dit que ce n'était pas un souci, que ça allait bien au-delà, que tout y était abordé de façon claire sans prise de tête et que c'était au final passionnant mais rien à faire, je freinais des 4 fers. Et vous savez quoi ? Et bien, j'aurais dû écouter ces conseillères avisées bien plus tôt car tout ce qu'elles m'avaient dit était vrai et j'ai aimé ce récit choral très bien construit, on ne peut plus en phase avec notre époque...
La façon dont la Russie s'est transformée en nouvel état mafieux, la crise des subprimes, l'impunité indécente de ceux qui tirent les ficelles et déclenchent les catastrophes économiques tout en s'enrichissant toujours plus, j'ai eu l'impression pour une fois que j'avais tout compris. L'analyse est certainement on ne peut plus réaliste et le constat amer mais sans surprise : de tous les personnages, au profil psychologique très fouillé, que l'on prend plaisir à suivre, ce sont, comme dans la vraie vie, les plus durs, les plus égoïstes, les plus dénoués de scrupules qui s'en sortent le mieux, du moins apparemment...

Les billets (plus anciens donc) d'Aifelle, de Cécile et de Sylire...


mercredi 2 avril 2014

C'est dans la boîte (Frédéric Ernotte)

















Jeff Marnier, flic solitaire et désabusé (comme de bien entendu) enquête à la fois sur un sérial killer, dit le tueur aux piercings, et sur un assassin de flics. Surmené, insomniaque, il surfe la nuit sur une site internet réservé aux policiers, la boite noire. Ils créent ainsi des liens, échangent et partagent. Une réunion ludique, la ronde des boites, est organisée. Au cours de la soirée, 8 membres du site devront apporter chacun une boite avec dedans 5 indices à partir desquels les autres devront deviner de quelle affaire il s'agit. Sur un coup de tête, Jeff s'inscrit...

Je suis un peu mitigée sur ce coup-là car si le roman n'est pas inintéressant, loin de là, il ne m'a pas non plus totalement conquise. L'intrigue est assez originale et fonctionne bien, donnant lieu à de petites histoires successives au sein même de l'histoire, au fur et à mesure que les différentes boites sont ouvertes et ça, c'est plutôt sympa ! L'ambiance est dans le même temps au huis-clos façon Agatha Christie, le suspense va crescendo sans faiblir et ferre parfaitement le lecteur jusqu'à une fin plutôt... intéressante. Aucun temps mort, aucun ennui... Alors, me direz-vous, qu'est-ce que j'ai à lui reprocher ? Et bien, c'est plutôt dans l'écriture que j'ai ressenti une petite gêne : certaines tournures ou images m'ont semblé quelque peu approximatives, incongrues, voire lourdingues... le fameux petit grain de folie belge, peut-être, puisque c'est la nationalité de l'auteur et que le ton général est à l'humour noir et à l'ironie mais ça ne m'a toujours convaincue. Je ne vous donnerai pas d'exemple concret car je n'ai rien noté et je n'ai aucune envie de m'y replonger. Cependant, parmi les différents avis que j'ai lus ensuite au hasard de la toile, je suis bien la seule à avoir pensé que l'écriture n'était pas tout à fait au top donc ça vient peut-être de moi...