jeudi 28 février 2013

Pour les obsessionnels ...


... le papier peint bibliothèque :




vendredi 22 février 2013

Un repas en hiver (Hubert Mingarelli)















2ème guerre mondiale, quelque part en pologne, en plein hiver. Pour ne pas avoir à fusiller, comme chaque matin, les juifs tout juste arrivés au campement, trois soldats allemands partent dès l'aube dans la campagne glacée à la chasse ... au juif, bien sûr !

Un roman court au style plus que dépouillé mais... d'une intensité !!!
C'est Aifelle, trop tentatrice, parlant une première fois de coup de coeur, de roman à lire absolument puis revenant à la charge une seconde fois dans un autre billet en évoquant l'un des meilleurs livres de la rentrée, qui m'a fait succomber. Comment résister, d'autant plus que je suis toujours attirée par les récits portant sur cette période si sombre de l'histoire. Et pour être sombre, ça l'est. Avec peu de moyens, très peu de mots, l'auteur fait d'une anecdote isolée dans ce grand chaos, un symbole universel de son absurdité. Ces trois soldats sont hantés jusque dans leurs nuits par les fusillades de juifs renouvelées chaque matin, pourtant en demandant la permission de partir en "chasse", ils ne font qu'alimenter encore et toujours cette horreur puisque leur "gibier" ramené au campement fera à son tour partie de la fusillade du lendemain. Mais pas moyen d' y échapper ou alors il faudrait trouver le courage de se rebeller... pour lors, épuisés par la faim, le froid, la culpabilité, ils ne pensent qu'à grapiller quelques instants de repos, de plaisir purement matériels... un peu plus de chaleur dans le froid polaire, une cigarette à faire durer, un vrai repas chaud. Ce repas, celui du titre, ils le font, dans une maison polonaise abandonnée après avoir capturé un jeune homme juif. Il fait aussi froid dedans que dehors mais il y a une cuisinère et des volets, des portes à faire brûler pour se réchauffer et faire mijoter une soupe.Le résultat est long à obtenir mais c'est aussi une parenthèse dans l'horreur infinie, un moment de répit que chacun savoure, plongé dans ses propres pensées ou les partageant pour se soulager. Jusqu'à ce qu'un polonais, d'un antisémitisme primaire, s'impose à son tour avec eux dans la cabane... et la fin que j'avais cru anticiper n'est finalement pas celle à laquelle je m'attendais, plus terrible encore peut-être !
Un roman au suspense purement psychologique mais très marquant qui, avec une économie d'effets manifeste, un style sec et saisissant dont la force est de souligner encore le propos, fait réfléchir à la façon dont les guerres cassent les hommes.

Le billet d'AifelleAlex Mot-a-Mots a aimé et Brize est un petit peu plus mitigée ...


lundi 18 février 2013

Une place à prendre (J.K.Rowling)















Pagford, petite ville anglaise où il fait bon vivre... du moins en apparence car la mort soudaine d'un membre du conseil paroissial, en laissant une place à prendre, va révéler l'envers du décor. Dans ce microcosme très fermé où tout le monde se connaît et s'observe, la noirceur et les manoeuvres mesquines de certains vont finir par mettre le feu aux poudres...

Je n'avais au départ aucun à priori sur le talent d'écriture de madame Rowling ni sur son changement de registre puisque je n'ai jamais lu aucun Harry Potter (vu des morceaux des films que mes enfants passaient en boucle, ça oui mais passons...) et je n'aurais par ailleurs sûrement jamais fait la démarche de l'acheter mais comme le hasard me l'a mis entre les mains... après tout, pourquoi pas ?
Et je dois dire que je me suis plutôt prise au jeu de ces presque 800 pages sans jamais m'ennuyer et même avec un peu d'impatience de retrouver l'intrigue et les personnages. Personnages nombreux, présentés petit à petit individuellement ce qui rend le démarrage un peu long mais c'est un passage nécessaire pour bien se familiariser avec chacun et finir de planter le décor. Une fois bien habituée à eux, je n'ai plus eu aucun mal à savoir qui était qui et je me suis attachée à certains même si la plupart ne sont pas très "aimables". On peut peut-être penser que c'est un brin manicchéen et caricatural d'ailleurs mais je pense que l'ambiance de certaines petites villes de province, quelle que soit le pays, n'est certainement pas loin de ressembler à ça ! Une sorte de Wisteria Lane en moins glamour en quelque sorte, où les secrets sont bien profondément dissimulés sous un vernis de façade mais finissent inexorablement par remonter à la surface un jour ou l'autre ...
C'est drôle car je viens de lire coup sur coup deux récits de séquestration et si tout se passe ici à l'air libre , j'ai pourtant ressenti à nouveau de façon très claire une impression d'enfermement qui revient sans cesse... que ce soit dans les limites de la ville, dans les pensées de chacun des protagonistes, leurs peurs, leurs faiblesses, dans la comédie hypocrite des conventions, dans l'étroitesse des ambitions, dans la férocité des rancunes.
C'est sûr, à Pagford, noir c'est noir... et c'est tout le propos ici de J.K. Rowling qui, avec un argument de départ plus mince qu'une feuille de papier à cigarette, crée tout un petit monde impitoyablement passé à la loupe. Pour finir, je ne sais pas si c'est par nostalgie du fameux sorcier et de ses amis mais l'auteure en profite pour camper plusieurs portraits d'adolescents, bien d'aujourd'hui et bien ancrés dans la réalité la plus crue cette fois-ci, qui sont plutôt plutôt réussis, parmi ceux que j'ai préférés...
En résumé, une plutôt bonne surprise et un agréable moment de lecture qui ne sera toutefois pas forcément très marquant à terme...

Les billets sont déjà si nombreux sur ce roman que je renonce à tous les citer...


jeudi 14 février 2013

Des noeuds d'acier (Sandrine Collette)















Theo Beranger, 43 ans, sort tout juste de prison. 19 mois pour avoir battu son frère, qui lui avait "volé" sa femme, au point de le rendre totalement infirme. Il croit qu'il vient de vivre l'enfer mais n'imagine pas qu'il va connaître bien pire encore ! Parti quelques jours dans une campagne désolée, pour se faire oublier, il se retrouve prisonnier de 2 vieillards dans la cave d'une maison isolée. Leur but ? En faire leur esclave ...

Pas très longtemps après le Séquestrée de Chevy Stevens, je replonge à nouveau dans une histoire d'enfermement. Et c'est encore bien plus violent que le précédent ... pas vraiment violent au sens "gore" d'ailleurs mais terrible dans le sens où l'inhumanité dont est capable l'être humain est ici poussée à son paroxysme. Car si Theo s'est fait capturer, on ne peut pas dire que c'est parce qu'il était fragile ou sans défense, non ! Il est en bonne forme physique et plutôt hyper violent, dangereux même. Il s'est simplement fait piéger et ce qu'il dévoile de son passé et de ses sentiments ne le rend d'emblée pas sympathique. L'enchaînement des évènements horribles qu'il va subir, pourtant, vont peu à peu amener le lecteur à l'empathie envers lui. Car si fort qu'il se croit, persuadé d'arriver à maîtriser bientôt les 2 vieillards, il va peu à peu se laisser humilier, casser, briser totalement par la façon dont ils le traitent. Pour eux, il n'est pas plus, et même moins, que "le chien"comme ils l'appellent, tout juste bon à travailler jusqu'à épuisement et à attraper à la volée ce que les maîtres daignent lui envoyer à manger directement sur le sol. Aucune compassion, aucun état d'âme, aucune humanité chez ces 2 vieux proches de la folie. Et c'est cette lente descente aux enfers vers la déchéance physique, l'épuisement psychologique et finalement la négation de soi-même que Théo décrit même si toujours malgré tout, un incroyable instinct de survie à la fois si fragile et si tenace, tel une petite flamme près de s'éteindre, le pousse à tenir encore et encore !
A ce moment-là, on ne peut s'empêcher de penser à la shoah, non ? En tout cas, pour moi, ça s'est imposé. Car ce que l'auteur décrit là, c'est la façon dont un être humain est capable d'en traiter un autre, sans aucun sentiment, sans aucun ressenti, juste comme un objet utile, dont on se débarrasse tout simplement quand il ne l'est plus. Et ce n'est pas de la fiction sortie du cerveau d'un auteur perturbé puisque nous savons tous QUE C'EST ARRIVE, que ça arrive encore tous les jours dans le monde. C'est tout simplement implacable, à la limite de l'insoutenable parfois mais salutaire aussi car ça nous rappelle de quoi chacun pourrait être capable, peut-être...`
Chapeau à Sandrine Collette pour avoir allié sans avoir l'air d'y toucher un thriller haletant, lu en apnée, à une réflexion sur la façon de considérer "l'autre" qu'il soit un parfait étranger ou un membre de sa propre famille et les conséquences que cela implique.
Un premier roman très très dur mais passionnant, servi par une écriture sans affect ni affectation, qui va à l'essentiel du propos...



vendredi 8 février 2013

Les saisons de l'envol (Manjushree Thapa)















Prema gagne une green card lors d'une loterie organisée au Népal par le gouvernement américain. Du jour au lendemain, elle décide alors de partir, laissant son père et sa soeur, enrôlée par les maoïstes, fuyant la guerre et la pauvreté de son pays. Arrivée à Los Angeles pour un nouveau départ, elle connaîtra les affres du déracinement, de l'exil et des différences culturelles jusqu'à ce qui, ni vraiment américaine, ni plus tout à fait népalaise, elle trouve peut-être enfin sa place...

C'est le service de presse des éditions Albin Michel qui, voyant sur mon blog que j'avais chroniqué et beaucoup aimé La vallée des masques, m'a proposé de découvrir un autre roman népalais. J'ai accepté d'autant plus volontiers que  dans mes chambres d'hôtes, je venais de recevoir durant dix jours une famille : le père népalais, la mère américaine, vivant avec leurs enfants en Australie mais projetant sérieusement de venir s'installer dans mon coin des Pyrénées. J'avais eu, avec lui en particulier, une longue discussion un matin au moment du petit déjeuner sur les raisons de son départ de Katmandou, les difficultés d'intégration en Australie, le nouveau changement de vie radical qu'ils s'apprêtaient à faire en décidant de déménager en France ... j'avais donc tout naturellement envie de donner un prolongement aux thèmes que nous avions abordé ensemble en découvrant ces Saisons de l'envol.
Et les questions posées interpellent car si le Népal reste un endroit très "exotique" que les américains savent à peine situer, je pense que même sans venir d'un pays si éloigné culturellement, économiquement et politiquement, le fameux American dream qui nous anime tous plus ou moins consciemment pâtit forcément de la confrontation à la réalité.
Et tout un chacun émigrant aux Etats Unis peut finir par se dire"alors finalement, c'est ça en vrai, l'Amérique ?". D'autant plus pour Prema qui quitte tout, du jour au lendemain, avec dans l'idée de faire table rase du passé, de se réinventer, de se créer une  nouvelle vie toute neuve. Mais on ne renie pas si facilement ce qui nous a construit et les modes de pensée trop différents finissent forcément par se télécosper. Les préoccupations purement matérielles des américains choquent Prema qui vient d'une culture beaucoup plus "spirituelle" et d'un environnement si dur que LA grande question existentielle est d'abord de survivre....

"La dissonance qui avait retenti dans l'esprit de Prema n'avait pas disparu, pourtant. Pourquoi les Américains étaient-ils d'humeur si légère ?"

Même l'amour qu'elle trouve en la personne de Luis ne suffira pas à l'ancrer, à la retenir dans sa nouvelle réalité où elle n'a plus d'identité, ne se sentant plus à sa place nulle part, un sentiment poignant qu'elle ressent intensément, autant par la réflexion consciente que par les émotions brutes et soudaines...

"Mieux elle discernait le shéma auquel obéissait la vie de Luis, moins Prema se sentait à sa place là où elle se trouvait. Un soir, de la salle de bains, elle aperçut le parking du centre commercial. Complètement désert à cette heure, long comme plusieurs pâtés de maison, ses lignes diagonales blanches évoquaient les peintures abstraites accrochées au mur du séjour d'Esther : elles représentaient l'habitat des fourmiliers, des kangourous et des tatous, avait dit la vieille dame. Le parking était l'habitat des voitures. 
Qu'est-ce que Prema faisait ici ? 
Mais si ce n'était pas ici, alors où était-elle censée aller ?
Il n'y avait rien à redire à sa vie présente. Elle était plutôt contente de son sort. 
Et puis elle était à sa place avec Luis, non ?"

C'est finalement en se cherchant au plus près de ce qu'elle est que Prema finira par apprivoiser sa sensation d'étrangeté et sa culpabilité, par s'apaiser, se poser et commencer à entrevoir un sens à donner à sa vie ...

Je remercie les éditions Albin Michel pour l'envoi de ce livre à la fois intéressant et touchant, mon deuxième donc d'un auteur népalais, une dimension très nouvelle par rapport à ce que je lis habituellement en littérature étrangère...



mercredi 6 février 2013

L'écrivain de la famille (Grégoire Delacourt)















A sept ans, Edouard écrit un poème, pas vraiment extraordinaire, juste un poème d'enfant, mais quand il le lit devant sa famille réunie, tout le monde s'extasie et le déclare d'emblée futur écrivain. Une vocation révélée pour lui par d'autres, en somme, et qu'il n'aura de cesse d'essayer d'assumer mais la vie n'est pas si simple et les mots ne s'apprivoisent pas facilement...

C'est la lecture de La liste de mes envies qui m'a donné envie de découvrir celui-ci, en fait le premier roman de l'auteur, parce que le sujet me plaisait. Alors, je suis un peu déçue mais je pense que c'est tout personnel, peut-être parce que j'en ai un petit peu marre de ces récits d'auteurs français tournant autour de leur famille qui pourrait être la nôtre, avec ses lâchetés, ses ratés, ses névroses et ses douleurs. Dèjà dernièrement, je n'avais pas été touchée comme je le croyais par Que nos vies aient l'air d'un film parfait sur le thème du divorce des parents ... et oui, sur les familles fragilisées, tous les romans ne peuvent pas toucher en plein coeur (le mien en tout cas) comme Rien ne s'oppose à la nuit...
Bref, je parle de ça car certes, s'il est bien question dans ce roman-ci de la difficulté de devenir écrivain et de l'importance des mots, il y a surtout, tout au long de la narration, le poids que la filiation et la famille font peser sur nos vies. Comment sortir du chemin bien tracé que l'on a déjà dessiné pour vous, comment ne pas décevoir ses proches, être à la hauteur de la représentation qu'ils se font de vous et surtout comment exister par soi-même et à quel prix ?
Alors, je ne peux pas dire que je l'ai lu sans  plaisir non, et même ... ce qui a pu fâcher certains lecteurs : les allusions nombreuses et détaillées au métier de publicitaire d'Edouard sont presque ce qui m'a le plus intéressée. Et pour une bonne raison, j'ai moi-même été rédactrice publicitaire dans une autre vie et c'est bien connu que si l'on fait ce métier c'est parce que nous sommes  tous des écrivains ratés ! ;-)
Il y a aussi une certaine forme de nostalgie doucereuse pas désagréable pour toute une époque qui me parle (entre la fin des années 60 et la fin des années 80) les livres qui sortaient, les films qu'on voyait, les musiques qu'on écoutait et, bien sûr pour moi, les pubs qui cartonnaient et remportaient des prix. Mais toute l'histoire familiale de l'auteur m'a un peu lassée cette fois-ci pour le coup, d'autant plus que s'il est clair qu'il y a une large part autobiographique, on ne sait jamais jusqu'à quel point ... une spécialité en train de devenir typiquement française il me semble, un peu comme ce que j'imagine des livres d'Olivier Adam, bien que je n'en ai toujours lu aucun. Et puis, il y a encore ce sentiment un peu amer qui reste à la fin de temps perdu et de gâchis, même si c'est effectivement trop souvent le cas pour bon nombre d'entre nous ...
En conclusion, pas une déception cuisante mais un avis en demi-teinte quand même ...

Celui, tout récent, et beaucoup plus enthousiaste que le mien de Géraldine qu'elle a fait suivre immédiatement après sur son blog d'une interview de Grégoire Delacourt, Sylire, quant à elle, l'a trouvé drôle et touchant et Cathulu ne l'a pas lâché...



samedi 2 février 2013

Séquestrée (Chevy Stevens)














Annie O'Sullivan, 32 ans, est agent immobilier sur l'île de Vancouver au Canada. A la fin d'une journée portes ouvertes qu'elle a organisée pour la visite d'une maison à vendre, un homme se présente. Elle hésite, il est déjà tard et son petit ami l'attend mais l'homme a l'air sympathique... jusqu'au moment où il lui enfonce un pistolet dans les reins et l'entraîne vers sa camionnette. Elle restera séquestrée pendant un an dans une cabane perdue en montagne où il lui fera subir les pires sévices...

Acheté depuis un petit moment déjà au vu des critiques positives sur les blogs, je me suis lancée dans la lecture de Séquestrée parce que j'avais envie d'un bon vieux "page-turner" qui fait peur ... et je n'ai pas été trompée sur la marchandise. La surprise a été plutôt dans le mode de narration puisque juste après A la vue, à la mort de Françoise Guérin, nous voilà à nouveau dans le cabinet d'un psy. En effet, quand le récit commence, Annie a réussi à échapper à son ravisseur ... gravement traumatisée par ce qu'elle a vécu, elle s'est enfin décidée à raconter son calvaire à une psy avec pour seule condition d'imposer elle-même son rythme. C'est donc au cours de 26 séances que nous découvrons petit à petit son histoire : son enfance marquée par un terrible deuil, son environnement familial, sa vie tranquille dans la petite ville où elle réside jusqu'au moment du drame. En dévoilant ce qu'elle a vécu au jour le jour dans cette cabane aux mains du "Monstre" comme elle l'a surnommé, Annie essaie d'exorciser la paranoïa et la terreur qui ne la quittent plus au point de fuir la compagnie de ses proches et de ne pouvoir s'endormir que pelotonnée tout à fond d'un placard... Ce qu'elle a enduré pendant cette année enfermée fait frémir, les angoisses qu'elle doit encore affronter captivent et j'ai cru un long moment que le roman ne s'en tiendrait finalement qu'à la recherche de cette lente réadaption post-traumatique, ce qui était déjà plutôt intéressant en soi mais bien évidemment un coup de theâtre va finir par survenir et les rebondissements incessants tiendront le lecteur en haleine jusqu'à la toute fin.
En résumé, un bon thriller qui a tenu toutes ses promesses...

Séquestrée était le premier thriller de Chevy Stevens, elle-même agent immobilier sur l'île de Vancouver en Colombie Britannique, elle vient tout juste d'en sortir un second :