jeudi 31 janvier 2013

Ils désertent (Thierry Beinstingel)















Elle, diplômée d'une école de commerce depuis quelques années, vient tout juste d'être embauchée dans cette société qui vend des papiers peints. Une aubaine lui permettant enfin de progresser professionnellement et financièrement.
Lui, surnommé l'Ancêtre, est le plus vieux commercial de cette boîte qui ne comptait au départ que lui et le fondateur. Ses chiffres sont toujours bons mais la direction estime qu' il n'est plus "raccord".
Et soudain, elle se rend compte qu'elle a été engagée en tout premier lieu pour le licencier, lui. 

Banlieues déprimées, laideur de centres commerciaux excentrés, monotonie de l'asphalte sans cesse renouvelée, aires d'autoroutes interchangeables, chambres d'hôtels impersonnelles, appartements trop vides et bureaux standardisés dans lesquels se tapit une cruauté feutrée au service d'une logique économique déshumanisée, tels sont les décors qui forment la trame de ce roman. Un roman gris. C'est comme ça que je l'ai vu tout au long... Le gris uniforme de vies mornes se dévidant sur leur lancée parce qu'il faut bien continuer.
Le portrait de l'ancêtre déroule une histoire qui semble obsolète, celle des commerciaux à l'ancienne que l'on appelait encore VRP. Toujours seul, toujours absent, cotôyant plus ses clients que sa propre femme qui un jour, inévitablement, est partie, connaissant mieux ses magasins que ses enfants, si distants maintenant. Pour seul horizon, la route et deux plaisirs : la dégustation de bons vins de bourgogne et celle des vers de Rimbaud, voyageur de commerce tout comme lui, et qui l'accompagnent partout. Et puis, une fierté, celle du travail bien fait dans lequel il a su insuffler un peu de poésie, une touche toute personnelle. C'est sa signature et qu'on la lui laisse ! On ne le forcera pas à vendre des canapés dorénavant, ça non ...
Elle, 30 ans,  n'a pas non plus un parcours palpitant : école de commerce suivie contre l'avis de sa mère qui trouvait que ça coûtait "bonbon"et  un rêve bien modeste mais qu'elle poursuit en mémoire de son père trop vite disparu : s'élever dans la société et pouvoir accéder à la propriété, d'abord un appartement et puis un  jour, enfin, une maison. Rien qu'à elle. Pour l' appart, ça y est, c'est fait : un trois pièces trop grand pour elle, dans lequel elle n'arrive pas à vraiment s'installer. Pour le boulot : elle se donne à fond dans le remaniement de l'équipe des ventes car la promotion n'est pas loin et ce sera la consécration mais virer l'ancêtre, ça non ... elle ne peut pas, d'autant qu'il a toujours les meilleurs chiffres même si ce n'est pas en se calquant sur les dernières trouvailles du service marketing.
Et puis un jour, trop c'est trop, tout volera en éclats. De la rencontre de ces deux êtres jamais nommés autrement que par des pronoms, du croisement de ces deux existences anonymes, ternes et solitaires, va naître une lueur d'espoir, une étincelle de vie, une volonté de renouveau, aussi timide soit-elle. Et c'est cette petite bouffée d'air frais bienvenue qui vient clôre un récit sans concessions sur la violence au travail,  la dureté de nos sociétés mais aussi la vacuité de nos vies...

Les avis de Cathulu et de Mango.



mardi 29 janvier 2013

A la vue, à la mort (Françoise Guérin)















Des cadavres attachés, énuclés, les carotides tranchées et toujours cet oeil noir dessiné au-dessus d'eux au plafond ... pour cette raison, le tueur en série qui sévit depuis quelques temps en banlieue parisienne est bien vite baptisé Caïn. Le commandant Lanester, brillant profileur, est en charge de l'enquête mais sur la 3ème scène de crime, brutalement, inexplicablement, il perd littéralement la vue. Commence alors pour lui une quête à l'aveugle qui va l'amener à s'interroger sur les trous noirs de sa propre vie...

Bon ben voilà, ça fait plaisir après le soit-disant "polar" précédent de renouer avec un vrai thriller psychologique intéressant. Il a d'ailleurs reçu le Prix du premier roman du Festival de Cognac. Mais pour moi, il ne figure pas comme premier roman puisque c'est suite à ma découverte de Jeunes filles à croquer que l'auteure, Françoise Guérin, m'a gentiment proposé de m'envoyer la première enquête du commandant Lanester, en livre voyageur. Un commandant attachant, qui prendra encore de l'épaisseur dans l'opus suivant (tout comme son équipe) Jeunes filles à croquer donc, grâce aux séances avec sa psychanalyste, Jacinthe, initiées ici mais qui se poursuivront. Car c'est là la vraie originalité et le principal interêt de ces deux romans de Françoise Guérin : l'aspect psychologique très fouillé de ses personnages à travers un thème donné, l'auteure étant elle-même psychologue clinicienne. La cécité, la somatisation et les conséquences à long terme d'un traumatisme survenu dans l'enfance dans A la vue, à la mort ... l'anorexie, l'image du corps et sa représentation dans l'art pour Jeunes filles à croquer, des questions peu voire jamais abordées dans ce genre de littérature et qui font toute la différence. Il y a l'enquête en elle-même bien sûr, plutôt bien menée, mais c'est cette dimension psychologique inhabituelle qui fait la véritable signature de Françoise Guérin.

A la vue, à la mort est actuellement en cours de tournage pour une adaptation télévisuelle ...

Marci à Françoise Guérin, attentive à ce qui s'écrit sur les blogs (le sien est ici) de m'avoir fait découvrir son premier roman après Clara et Antigone. Il continue d'ailleurs son voyage ...



dimanche 27 janvier 2013

Adieu Kate (Maria Schalckens)















L’action de ce roman policier se passe à New York, plusieurs jeunes femmes y sont assassinées. L’inspecteur Balister, homme obstiné arrivera-t-il à résoudre ces enquêtes sans mobile apparent... En parallèle une belle histoire d’amour entre Katherine et un mystérieux inconnu dont elle tombera follement amoureuse au risque de se perdre…            

Je n'ai qu'un mot à vous dire sur le livre du billet précédent : foncez !
Je n'en ai qu'un également à propos de celui-ci : FUYEZ !

D'ailleurs, pour une fois, je n'ai même pas pris la peine d'essayer d'en faire un résumé et me suis contentée de recopier tel quel le texte de présentation de l'éditeur, que je ne citerai pas par charité ! En effet, je n'aime pas descendre un livre et je ne  le fais que très très rarement mais là, TROP c'est TROP ! Heureusement, il n'existe qu'en version numérique apparemment et tant mieux pour les lecteurs sur support papier. Quant aux lecteurs numériques, passez votre chemin : l'euro payé pour cette nullité étant encore bien trop cher payé !!!
Ayant commandé un autre titre, je me suis laissée séduire dans la foulée par le petit prix et la jolie couverture me promettant une enquête se déroulant à New-York mais franchement je le regrette car il n'y a vraiment rien à sauver ... Le scénario de l'intrigue policière est plus que simpliste, l'histoire d'amour cucul au possible et digne des meilleurs Harquelin que je n'ai jamais lus mais dont j'imagine le style, le désir, brûlant forcément... et l'amour fou, itou... étant expédiés à chaque fois par 2/3 phrases niaiseuses comme pas permis. Quant à l'écriture, alors là cata absolue et je pense qu'on ne peut pas tout inputer à la traduction : platitude affligeante, manque de transition entre les différentes phrases, fautes de français, de syntaxe, de concordance des temps, fautes d'orthographe en pagaille et pour couronner le tout, une mise en page numérique absurde ! Ce n'est pas possible, personne n'a relu ce "truc" et de l'écrivain à l'éditeur (que j'éviterai dorénavant comme la peste, il propose d'ailleurs énormément de livres à petit prix mais je comprends mieux pourquoi) tout le monde semble avoir bâclé son boulot, se moquant carrément du lecteur ...
Une honte !!!



jeudi 24 janvier 2013

Qu'a-t-elle vu, la femme de Loth ? (Ioànna Bourazopoùlou)















Dans un temps indéterminé mais que l'on devine quasiment contemporain, la surface de la terre a changé. Des continents ont disparu ainsi que la majeure partie de l'Europe à cause d'une montée inéxorable des mers qui s'est arrêtée à Paris. La ville est désormais un port et le siège de la toute puissante Compagnie qui exploite un sel mauve aux vertus étranges, se négociant à prix d'or. Un sel qui vient de l'ancienne mer morte, d'où est partie le Grand Débordement et où une colonie totalement isolée du reste du monde, contrôlée à distance par la Compagnie en la personne d'un gouverneur, extrait le fameux sel dans des conditions épouvantables ...

WAOUH ! Alors, si vous avez envie d'un livre surprenant, qui sorte complètement des sentiers battus, celui est à découvrir absolument ! Remarqué et noté cet été chez Keisha, je ne l'ai revu ensuite sur aucun des blogs que je fréquente et je n'en avais plus qu'une très vague idée quand je l'ai commencé ... le choc en a été d'autant plus grand. Car au début, c'est vraiment déroutant et le monde décrit là, s'il est familier par certains aspects, fait en même temps sauter tous les repères. Repères temporels d'abord car même si la Compagnie à Paris fait irrésistiblement penser aux dérives actuelles des grands trusts dans une société où l'argent prédomine au détriment des individus, la colonie, elle, semble avoir régressé dans un système archaïque, privé de tout moyen moderne et de toute communication, régi par un potentat local doté de tous les pouvoirs. Repères de la raison ensuite car les 6 personnages principaux de la colonie qui alimentent le récit par leurs lettres au siège de  Paris ont non seulement des doubles identités mais semblent en outre avoir totalement pété les plombs suite à la mort du gouverneur.  Et l'on ne sait plus ce qui est de l'ordre de la paranoïa, de la pure invention, de la folie dure ou de la réalité la plus effrayante.  Pour tenter de démêler cette correspondance insensée, la Compagnie fait appel à Paris à Philéas Book, spécialiste depuis 30 ans pour le Times d'une rubrique de Lettres croisées, des sortes de mots croisés mais à base de plusieurs véritables lettres entières, faisant apparaître en solution un sens caché.
Je me rends compte que tout cela doit vous paraître bien abscons (tout comme m'a paru le roman au début à tel point que je me suis demandée si ça allait être pour moi) et que ça ne sert à rien d'essayer d'expliquer plus avant, c'est mission impossible. Je me contenterais donc de vous dire que c'est  brillant, éblouissant d'imagination (il fallait quand même l'inventer) de richesse narrative et de maîtrise.  C'est violent, angoissant, oppressant, délirant mais aussi picaresque, burlesque (un terme qui revient dans au moins 2 autres billets mais tellement approprié) et faussement absurde (la littérature par l'absurde n'étant vraiment pas ma tasse de thé).  Car il y a tout de même un fin mot à toute cette histoire abracadabrante et quelle conclusion ! Mais ça ... chut !!! Satire des totalitarismes étatiques, économiques et religieux, fable écologique, étude sociologique et psychologique, pamphlet sur la colonisation et l'esclavagisme, les niveaux de lecture sont nombreux et habilement abordés.  Bref, dans ce bouquin au titre à coucher dehors, il y a du Georges Orwell, du Kafka, du King aussi peut-être pour le côté surnaturel et le suspense mais il y a surtout la patte géniale d'une auteure grecque dont je n'avais jamais entendu parler, créant un univers foisonnant, marquant et très personnel qui mérite grandement d'être plus connu...

Les billets de Keisha, la tentarice, elle-même tentée au départ par A girl from earth ... et en cherchant un peu, j'ai aussi trouvé 2 autres avis : ici et  !


lundi 21 janvier 2013

Le livre qui rend dingue (Frédéric Mars)















Le narrateur est un auteur qui vient de réussir un coup de maître dans le monde de l'édition : son 1er livre est LE best-seller, celui que tout le monde s'arrache. A cela, une bonne raison qui lui échappe totalement, lui qui n'a voulu que raconter ses souvenirs d'enfance dans la ferme de ses grands-parents : le livre s'auto-écrit, est différent pour chaque lecteur qu'il touche donc en particulier et en plein coeur. Idem pour l'étranger : il s'auto-traduit ! Jusqu'à ce que ça se mette à déraper ... 

Voilà un court récit découvert chez Mot-à-Mots, très vite lu (c'est le principe de la collection dans laquelle il est édité) mais pas inintéressant, loin de là ! Parce qu'il pose des questions pertinentes sur la création littéraire, le monde de l'édition et le système des prix prestigieux, souvent bien éloignés des succès populaires de librairie et parce qu'en plus, tout simplement, il est très marrant et plaisant à lire ! Je me suis bien amusée, reste à espérer qu'il ne m'ait pas rendue encore plus dingue que je ne le suis déjà ! Et plutôt que de longs discours sur un texte aussi court, le plus parlant sera le nombre de passages que j'ai surlignés :

"Lorsque Frédéric Beigbeder a reçu mon livre, il l'a trouvé "infernal". Lui qui a pourtant cet art consommé de la formule, il ne trouva rien de mieux à dire et à répéter à tue-tête que : "Putain, c'est génial, c'est génial, c'est génial". Il se trouvait bien court, l'ex-jeune home énervé des lettres françaises."

J'adore !

"Sept cent quatre-vingt huit autres romans que le mien sont sortis cette rentrée-là, rien que dans l'Hexagone... Ca virait vraiment au n'importe quoi. Combien de vocations inutiles ai-je tué dans l'oeuf ? Au moins des centaines, probablement des milliers et c'est tant mieux. Mon livre a dit tout haut ce que les éditeurs n'avaient plus le courage de répondre même tout bas : "Franchement, franchement, on n'a pas besoin de vous. Rentrez chez vous, ça vaut mieux. Votre livre est pas mal ... Mais on va en imprimer trois mile, en mettre en place deux mille, en vendre cinq cents, vous filer mille euros d'à-valoir et perdre quelque chose comme dix ou quinze mille euros... Ou, je sais pas moi, diffusez une version numérique sur internet et ça évitera de gâcher de l'encre et du papier. Ou alors, auto-éditez vous ! Vous n'avez pas quelques copains pour vous aider? "

Aïe !

"Le Prix Renaudot, réputé être le prix de consolation du Goncourt et donc incompatible avec celui-ci, c'est Goncourt ou Renaudot, fromage ou dessert, Sarkozy ou Hollande, pas les deux... sauf pour moi bien sûr ;
Le prix des Deux Magots, n'assurant en rien les magots évoqués ;
Le Prix Maison de la Presse, assurant une populatité sans égale dans son quartier ;
Le Grand Prix RTL-Lire, assurant une popularité sans égale dans son immeuble ;
Le Prix Roger-Nimier, assurant une popularité sans égale auprès de Marie Nimier ..." 

Excellent !

"Je craignais moins les critiques des professionnels que celles des simples lecteurs, sur leur blog ou leur profil Facebook. Les premiers ne lisent pas les livres et ne se lisent que très peu entre eux ; sauf quand on leur a rapporté qu'ils étaient eux-même cités ou mis en cause. Parmi les seconds, en revanche, on trouve parfois de véritables teignes. Des coupeurs de couilles de lombric en huit mille. Des gens qui mettent tant de hargne et de frustration à n'être "que" lecteurs qu'ils finissent par voir dans le texte ce que vous, l'auteur, n'avez jamais eu l'intention d'y mettre. Y a une thèse à écrire sur la méchanceté du lecteur attentif."

Ah oui ? ;-)

"L'effet... L'effet dépend toujours de celui qui lit. Je crois que le lecteur apporte au moins 50% de ce qu'il y a dans le texte. A moi, en tant qu'auteur, de savoir trouver des lecteurs talentueux."

Tiens, tiens ... ce fameux "effet" corroborerait donc ce que je disais dans le billet précédent au sujet de La vérité sur l'affaire Harry Quebert, quand je m'obstinais à voir Nola brune alors qu'il est avéré qu'elle est blonde ...

Bref un bon petit moment de lecture et une excellente initiative que ces éditions Storylab qui "proposent des fictions et des documents d'actualité à lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et inédits pour un nouveau plaisir de lire." A réitérer si j'y pense ...

Extrait de la biographie de l'auteur : 

"Depuis qu'il a renoncé au salariat -sur prescription de son psychanalyste- Frédéric Mars se rend dingue avec les concepts à la noix qui occupent constamment son esprit. Alors, il s'est dit qu'il serait vraiment dommage de ne pas partager cette chance avec d'autres. Car, comme chacun le sait, plus on est des fous, plus on lit."

Au sujet du Livre qui rend dingue, les billets de Mot-à-MotsSaxaoul et L'Irrégulière.



samedi 19 janvier 2013

La vérité sur l'affaire Harry Quebert (Joël Dicker)














Marcus Goldman, jeune écrivain new-yorkais, a publié un an auparavant un premier roman qui l'a propulsé au faîte de la gloire. Le contrat passé avec son éditeur l'oblige à en écrire une second très rapidement mais, panique totale, Marcus est en panne d'inspiration et rien ne vient. C'est alors qu'il apprend que son ancien professeur de faculté, un écrivain reconnu qui est aussi son mentor, est accusé du meurtre d'une jeune fille de 15 ans, Nola Kellergan, survenu 30 ans plus tôt à Aurora, une petite ville du Massachussets où il réside toujours. Ne pouvant le croire, Marcus décide de voler au secours de son ami Harry, fuyant ainsi par la même occasion ses propres problèmes...

"Un bon livre, Marcus, ne se mesure pas à ses derniers mots uniquement, mais à l'effet collectif de tous les mots qui les ont précédés. Environ une demi-seconde après avoir terminé votre livre, après en avoir lu le dernier mot, le lecteur doit se sentir envahi d'un sentiment puissant ; pendant un instant, il ne doit plus penser qu'à tout ce qu'il vient de lire, regarder la couverture et sourire avec une pointe de tristesse parce que tous les personnages vont lui manquer. Un bon livre, Marcus est un livre que l'on regrette d'avoir terminé."

Cette phrase d'Harry Quebert s'adressant à Marcus introduit le dernier chapitre du livre et je suis bien d'accord avec ce qu'elle dit. Le seul hic c'est qu'elle ne fonctionne pas vraiment pour moi avec ce roman là précisément. Alors, je mentirais en affirmant que je ne me suis pas attachée aux personnages dont la plupart sont vraiment bien brossés mais je n'ai pas regretté d'en arriver au dernier mot et même j'en ai été presque soulagée, tant je commençais à trouver que toute cette affaire n'avait que trop duré et devait trouver son épilogue !

Arrivée aux3/4 du livre, il me semblait vraiment qu'on tournait en rond, qu'il y avait trop de répétitions et un certain ennui s'installait mais bien sûr, dans le dernier quart, ça s'accélère et l'attention du lecteur est relancée par moult rebondissements et retournements de situations. Tout dans l'intrigue n'est pas très vraisemblable d'ailleurs ni super crédible ni même bien nouveau mais passons, c'est assez fréquent dans ce genre d'histoires... et je le répète je me suis quand même bien prise au jeu.
Ce que j'ai vraiment beaucoup beaucoup aimé, c'est le côté "chronique d'une petite ville ordinaire de l'Amérique", vivante et intéressante, avec une réelle ambiance très réussie, on y est ! J'y suis d'ailleurs encore un peu ... J'ai apprécié aussi la réflexion sur la création littéraire, ressentie du point de vue des auteurs et j'ai carrément adoré la satire sanglante et désopilante du monde de l'édition tel qu'il est de nos jours, se fichant complètement des écrivains et dérivant de manière totalement absurde vers le profit commercial à court terme uniquement.
Maintenant, il y a aussi ce que j'ai beaucoup moins aimé et j'ai un peu construit mon billet sur le même modèle que celui d'Aifelle (les+/les-) car je rejoins son avis ! D'abord, on ne croit jamais vraiment à la relation d'amour totalement improbable entre Nola (15 ans) et Harry (la trentaine à l'époque) tant elle en reste au stade purement théorique. Aucun argument, aucun sentiment, aucune exaltation, passion ou violence ne vient jamais étayer ce postulat de départ. Idem pour les morceaux choisis du soit-disant chef-d'oeuvre du siècle écrit par Harry, d'une telle banalité, d'une écriture si inintéressante  tant dans le style que dans le propos qu'il aurait mieux valu ne rien citer du tout et laisser le lecteur imaginer. Enfin, même si le roman posséde des qualités indéniables, citées plus haut, on peut effectivement quand même s'interroger sur le bien-fondé du Grand prix du Roman de l'Académie Française pour ce récit qui, s'il attise sans cesse la curiosité du lecteur par le fond, ne le retient pourtant pas par la forme, son écriture étant loin d'être remarquable.

Un petit aparté très bête et tout personnel : dès le début, je me suis imaginé Nola brune et j'ai eu beau lire ensuite à plusieurs reprises qu'elle était blonde, sans aucun doute possible, il n'y a rien eu à faire : chaque fois qu'il était question d'elle, je voyais d'abord une fille brune ! Comme quoi, si le pouvoir imaginatif des écrivains est immense, celui des lecteurs est grand aussi ! :-))

En conclusion , j'avais beau avoir lu des critiques négatives, ce bouquin avait fait un tel buzz que j'aurais de toutes façons voulu voir par moi-même ! La seule différence, vu la taille du pavé et son prix est que pour une fois, j' aurais peut-être été raisonnable et aurait sûrement attendu sa sortie poche, je remercie donc la personne qui m'a permis de satisfaire ma curiosité dans le feu encore brûlant de l'actualité ! ;-)

Les avis d'AifelleGambadouBrize et Voyelle et Consonne.



mercredi 16 janvier 2013

Le tag des 9


Depuis le temps que j'étais tranquille avec ça (soupir de contentement) voilà pourtant un tag pour commencer 2013 (soupir tout court !). La coupable, qui en plus avance des arguments spécieux genre "c'est ma fête aujourd'hui" pour qu'on ne puisse pas refuser sans mauvaise conscience, est Liliba et vu le nombre des questions, la coupable des coupables : l'instigatrice de tout ça n'est autre que Cécilequoide9, bien évidemment !

Première phase : les 9 cadeaux à 9 euros.

Il faut se demander ce que l'on offrirait dans les 9 catégories de cadeaux suivantes, avec un budget de 9 euros maximum par cadeau. Il peut s'agir d'un cadeau unique ou d'un lot composé de plusieurs ... 

1. Livres : 4 livres à 2 €




2. Chocolat : une petite boite raffinée avec quelques très bons chocolats



3. Epicerie fine : un pot de miel à la saveur originale


4. Musique : en fonction, bien sûr,  des goûts de la personne à qui c'est destiné mais de bons CD à ce prix-là, ça se trouve très facilement...


 

5. Culture : une B.D, dit-elle tranquillement, elle qui n'en lit quasiment jamais !


Ou bien ça, tiens peut-être... pour voir où elle en est la culture, justement ! ;-)


6. Accessoire de mode : un petit foulard sympa




7. Gadget ou truc inutile et affreux : une boule à neige. Cela dit, celle-ci est tout à fait inutile, d'accord, mais elle n'est pas affreuse ... je la trouve même vachement belle !



8. Boissons : du thé joliment présenté


9. Souvenirs d'ailleurs : des marque-pages



Deuxième phase : 9 cadeaux pour ?

Là, il faut se demander ce que le Père Noël (ou un bon génie) apporterait pour faire plaisir aux personnages ou célébrités ci-dessous. C'est sans limitation de budget et ça peut aussi bien être un bien matériel qu'un voeu à réaliser...

1. Le président de la république : beaucoup de courage et un peu plus de dynamisme

2. Fillon ou/et Copé : le sens du ridicule et un calumet de la paix



3. Gérard Depardieu : une cure de désintoxication, une psychothérapie et une petite visite des prisons de Poutine, qui est un si grand démocrate !

4. Un blogueur ou une blogueuse : à tous les blogs de littérature que je fréquente, de très belles lectures

5. Un candidat à une émission de télé-réalité débile ( je ne cite même pas tant il y en a) : une greffe de cerveau et un stage en langue française



6. La famille Simpson : une interruption des programmes ! Comme Liliba, je les déteste !!!

7. Le chat de Gelluck : de belles bulles


8. Le Père Noël : qu'il choisisse lui-même dans son vaste stock



9. Une célébrité de votre choix, réelle ou imaginaire, vivante ou pas (la nommer) qui, selon vous, mériterait( ou aurait besoin d') un beau cadeau : à Bachar El-Assad, de l'humanité...

Phase 3 : désigner à son tour 9 victimes

Vous qui m'avez lue jusque là, vous pouvez respirer librement : j'en resterais  là ...




lundi 14 janvier 2013

Se lover avec des livres à portée ...


Il neige ce matin chez moi :  de quoi avoir envie de rester lovée bien au chaud dans un fauteuil, entourée de livres...

 


... et peut-être même avec, tout à côté, son chien ou ... son chat !


mercredi 9 janvier 2013

Hiver...




L'hiver à Paris
Les manteaux et les nuages
Tout d'un même gris

                                                                                                                                                       



Les nuits d'hiver
Dans les jardins élégants
Tissent des napperons blancs



Les haïku d'Elisa Huttin                         

samedi 5 janvier 2013

Touriste (Julien Blanc-Gras)















Tout petit déjà, Julien Blanc-Gras adore la géographie, s'enflamme devant une mappemonde, ne pense qu'atlas, voyages, destinations lointaines. Adulte, c'est donc tout naturellement qu'il oriente sa vie professionnelle de façon à assouvir sa passion, devenant journaliste pour voyager. C'est le récit d'une partie de ses pérégrinations qu'il nous livre ici ...





Pendant plus de huit mois, Touriste a patiemment attendu son heure sur ma PAL et maintenant, je me demande bien pourquoi je l'y ai laissé traîner si longtemps. D'après les critiques lues au moment de sa sortie, j'imaginais quelque chose de pas mal ... mais pas d'aussi bien ! Ne vous attendez pas à un roman, cependant, mais bien à un récit de voyages, classés par chapitres/destinations (Episode marocain, où l'on apprend la vérité sur le désert - Interlude minuscule, où l'on établit une liste de pays ridicules - Episode brésilien, où l'on voit des pauvres en vrai - Episode proche-oriental, où l'on ne règle pas le conflit israélo-palesttinien  etc, etc...). C'est pourtant loin d' un banal compte-rendu uniquement descriptif. Et si l'humour caustique y est omniprésent, désopilant par moments, la narration est réellement construite. L'auteur, toujours lucide sur lui-même, sur les pays qu'il traverse et les situations qu'il rencontre, y mêle habilement, mine de rien, une analyse plus profonde qui donne au lecteur à réfléchir. Un livre jubilatoire qui sort des sentiers battus alors, ne vous privez surtout pas de l'aventure !

Extraits : 

"Le premier livre que j'ai ouvert était un atlas. L'apprentissage de la lecture m'a permis de déchiffrer "Kamtchatka" et "Saskatchewan" avant se savoir épeler fourchette."

"De tous les touristes, il est une figure redoutable et bien connue, qui fait frémir tous les jeunes gens dotés d'un sac à dos. Je veux bien sûr parler de l'allemandenshort ... contrairement à une idée couramment admise, l'allemandenshort n'a pas nécessairement la nationalité allemande. C'est ce qu'on appelle un faux ami. En effet, le concept dépasse très largement le cadre de la Germanie. L'allemandenshort peut très bien être hollandais ou danois. Il est facilement autrichien, cela va sans dire. Il ne faut pas se voiler la face : il lui arrive d'être français (plutôt au nord d'une ligne Besançon-Le Havre ; un allemandenshort français avec l'accent marseillais, ça ne fonctionnerait pas)."

"On sait pourquoi on va dans le désert ... Le vide qui doit soigner nos trop-pleins."

"Brad est un peu cliché mais on ne peut pas vraiment reprocher ça à un photographe."

"La paranoïa anglo-saxonne appliquée par une bureaucratie africaine : un résultat à faire chialer Kafka."

Les avis de Keisha : "Excellent et à lire absolument"Aifelle : "A mettre à votre programme de lectures" et Géraldine : "Julien Gras nous fait rencontrer de sacrées personnes et rien que pour cela, on aimerait le suivre et voir le soleil se lever ... ailleurs." 



jeudi 3 janvier 2013

Meilleurs voeux pour 2013 et bonne santé à tous les lecteurs ...