mercredi 30 novembre 2011

En un monde parfait ( Laura Kasischke )















Jiselle, hôtesse de l'air, est toujours célibataire à 30 ans. Alors, quand le beau pilote Mark Donner, qui fait fantasmer toutes les femmes, la demande en mariage, elle pense vivre un conte de fées. Seulement voilà, il est veuf et père de 3 enfants, dont 2 filles adolescentes pas du tout disposées à accueillir la nouvelle venue. Et puis, Mark se met à rentrer de moins en moins souvent tandis que  la mystérieuse épidémie qui décime les Etats Unis s'amplifie, rendant le quotidien de Jiselle de plus en plus difficile ...

Encore un livre  plutôt  étrange (après l'Inaperçu, le précédent lu) qui commence un peu comme une gentille bluette pour évoluer petit à petit vers une situation de crise intense qui fera se révéler les différents personnages !  L'épidémie en question ressemble fortement à une grippe H1N1 qui aurait finalement pris toute son ampleur, nous ancrant donc d'emblée dans une réalité possible, où l'on peut se projeter et pourtant, tout baigne dans une atmosphère un peu bizarre, mystérieuse. La pierre angulaire du récit est Jiselle qui va finalement devenir le seul repère dans un environnement qui se délite complètement. Car la petite hôtesse fleur bleue et un peu mièvre, bien que dépassée par les événements, va devoir réagir au jour le jour et faire appel à des ressources insoupçonnées, se découvrant plus forte qu'elle ne le croyait, devenant le pilier de cette famille à la dérive. Et c'est d'ailleurs le véritable sujet ... comment cette femme sans réelle épaisseur dans "un monde parfait" va finalement donner toute sa mesure et un véritable sens à sa vie dans un monde devenu plus qu'imparfait. 
Elle ... mais nous aussi car c'est ce que semble pointer Laura Kasischke : notre infinie capacité d'adaptation qui peut aboutir, selon la personnalité de chacun, au meilleur comme un pire. 
J'ai aimé ce roman et pourtant j'ai comme un sentiment diffus de frustration, d'inachevé ... peut-être parce qu'il n'y a pas comme, par exemple, dans Rêves de garçons, un retournement final fort et terrible mais que le sort de certains personnages, comme beaucoup d'autres choses d'ailleurs ici, reste à la seule appréciation du lecteur. Et pourtant non, car d'une certaine façon, ça renforce encore le propos alors je ne sais pas ...

Ce qui est sûr en tout cas, c'est que j'ai toujours accroché à ce que j'ai lu de Laura Kasischke (Rêves de garçons : le 1er, un coup de coeur, A moi pour toujours, La couronne verte, même si c'est celui que j'ai le moins aimé ) à tel point que j'ai directement enchaîné avec son tout dernier : Les revenants et qu'hier j'ai acheté son tout premier : A suspicious river.

Le billet, récent, de Kathel qui vous conduira vers d'autres ...


vendredi 18 novembre 2011

L'inaperçu ( Sylvie Germain )
















Sabine a perdu son mari dans un accident de voiture, tente vaille que vaille de faire tourner seule le magasin qu'ils avaient créé et d'élever ses 4 enfants, tout en évitant l'influence insistante de son beau-père, patriarche autoritaire. Par hasard, elle rencontre Pierre et lui fait instinctivement confiance. Sans aucune attache, le jeune homme accepte l'emploi qu'elle lui propose au magasin sur un coup de tête. 9 ans plus tard, Pierre est toujours là et est devenu pour chacun bien plus qu'un employé, secondant Sabine, s'attachant les enfants jusqu'au jour où il disparaît brutalement sans explication ...

Voici un roman singulier qui a pourtant su m'emmener, m'entraîner, par son étrangeté même peut-être, son lot de personnages cabossés, sa sensibilité, son écriture particulière ... Ce Pierre mystérieux, si neutre, si transparent et pourtant si bienveillant, cristallise finalement la personnalité de chacun, dans cette famille de province apparemment banale, normale, malgré quelques excentricités. Mais quelle famille est vraiment "normale"  ? Et si sa présence a été positive pour la plupart de ses membres, c'est son absence qui les fera véritablement avancer, chacun individuellement, à la recherche de sa propre vérité. J'ai craint un moment qu'on ne sache jamais rien de plus de Pierre et que son histoire à lui (quasiment inexistante) nous soit pour toujours inconnue. C' était une option envisageable, quoique un peu frustrante, son rôle se bornant alors uniquement à celui de catalyseur mais non, il a un passé, et  plutôt lourd, révélé quasiment à la fin. Quête d'identité, normalité, poids de la famille sur la personnalité, fardeau des conventions sociales,  secrets et  non-dits, influence des événement extérieurs,  de la grande histoire sur la petite ... voilà, entre autres, les thèmes abordés dans ce curieux récit qui avance comme la vie, linéaire par moments puis par saccades, imprévisible.
Aussi imprévisible que la rencontre qui va se faire, ou non, avec un livre ! Pourquoi suis-je restée un peu à côte de Laver les ombres ? Pourquoi celui, sans être non plus un coup de coeur,  m' a-t'il plus parlé ?  Plaisirs et surprises, toujours renouvelés,  de la lecture ...

Sur ce roman sorti en 2008, de nombreux avis, certains plutôt mitigés : Papillon ("j'ai refermé ce livre avec un grand sentiment de frustration"), Cathulu ("guettant mais en vain l'étincelle qui ferait flamber mon enthousiasme"), Amanda ("le tout était un peu trop ampoulé"), Aifelle ("En bref, j'ai l'impression d'être passée complètement à côté de ce livre"), Mango carrément"déçue" ... et d'autres vraiment enthousiastes, Clara ("Une lecture envoûtante et très belle par l'écriture"), Sylire ("j'ai lu le livre quasiment d'une traite") voire super enthousiaste, je pense à Anne ("Non, ma Sylvie Germain ne m'a pas déçue! Oui, j'ai encore aimé lire ses mots! Non, pas un instant je ne me suis ennuyée! Oui, son écriture me parle encore!") grande fan de l'auteure, vous l'aurez compris ! ;-)


mardi 15 novembre 2011

Librairie tout juste née ...


L'info m'a été envoyée par ma copine de blog  Géraldine (et  pas uniquement virtuelle  puisqu'elle est venue 2 fois déjà à l'Arrajou) ouverture d'une toute nouvelle librairie à Tarbes, la ville où elle habite : 


Bonne nouvelle ! 


dimanche 13 novembre 2011

Laver les ombres ( Jeanne Benameur )
















Léa, 38 ans, danse à corps, à coeur perdu ... car danser, c'est maîtriser. La seule façon pour elle de trouver un point d'équilibre dans sa vie, ses relations compliquées avec les hommes. Un soir de grosse tempête, elle part sans réfléchir pour la petite ville côtière où habite sa mère, Romilda. Au téléphone, sa voix lui a paru différente, dissonante, comme si un secret, confusément perçu, allait sortir de l'ombre, enfin, là, ce soir ...

Encore une fois, vous n'en saurez pas plus et, en cherchant des billets pour les liens à la fin du mien, j'ai été estomaquée qu'on puisse tout dévoiler, comme ça tout à trac,  alors que l'intérêt du roman réside dans le crescendo qui va peu peu porter à son paroxysme le malaise latent depuis si longtemps, celui que ressent Léa et qui n'est en fait que le miroir de celui de Romilda. L'écriture est à la fois belle et efficace. Les mots sont choisis, les phrases sont courtes, nettes mais en disent pourtant long sur la complexité des sentiments, la profondeur de la souffrance, le poids de la honte et du silence ! Alors, pourquoi suis-je malgré tout restée extérieure à cette histoire de relation mère/fille, de femme, sans empathie réelle pour les personnages ? Mystère !  Peut-être une mauvaise passe de lecture ...

J'ai retrouvé ce même sentiment (sans explication rationnelle non plus) sur un billet que je ne citerai pas car il en dévoile trop, trop vite. Les autres sont dithyrambiques : Clara, Leiloona, Sylire, Antigone ...


mercredi 9 novembre 2011

Alice Kahn ( Pauline Klein )
















Quand William l'aborde à la terrasse d'un café, la prenant pour une certaine Anna, elle ne dément pas. Lui est photographe, elle (dont on ne saura même pas le vrai prénom) passe son temps à se réinventer à travers le regard des autres ...

Voilà c'est l'argument de départ, le prétexte à une réflexion sur la recherche d'identité, le regard que l'on porte sur soi-même, l'influence de celui des autres ... couplée à une petite analyse plutôt corrosive du milieu de l'art contemporain. Du moins c'est ce que j'en retiens. Et oui, vous l'avez sans doute déjà deviné, ça ne m'a pas captivée le moins du monde. Les thèmes abordés sont pourtant passionnants  mais Pauline Klein n'a pas réussi à m'intéresser et ces petites variations ( courtes, c'est déjà ça : une centaine de pages en petit format ) m'ont paru assez vaines !

Maintenant, ce n'est pas parce que je n'aime pas que je dois en dégoûter les autres, comme on dit. Alors, pour faire bonne mesure, voici les billets de Clara, Laurence, Cathulu, Keisha, Voyelle et Consonne, tous conquis !
 Peut-être que je n'ai rien compris ?!

lundi 7 novembre 2011

Travail soigné ( Pierre Lemaître )
















Aïe, aïe, aïe ! Comment faire un résumé sans trop en dévoiler ? Alors, disons juste que le commandant Verhoeren, policier hors normes qui ne craint pas les affaires atypiques, va pour le coup être servi et plus que servi ! Les crimes, horribles, s'enchaînent et  la presse se déchaîne, entraînant notre homme au coeur d'une vraie tourmente ...

Et voilà ... maintenant, vous vous dites "mouais, un polar de plus, quoi, et qui a l'air bien classique qui plus est !" et moi je suis obligée d'écrire très gros, comme si je vous le disais très fort "MAIS NOOOON, ABSOLUMENT PAS !!!" surtout ne passez pas à côté  à cause de ce résumé peu éloquent, c'est vrai, mais justement ... croyez moi, moins on vous en dira et meilleur ce sera ! Sachez seulement que :

1) Ce commissaire là n'est pas tout à fait comme les autres, effectivement  ...
2) Les crimes horribles sont vraiment HORRIBLES et qu'il vaut quand même mieux avoir le coeur bien accroché à la lecture de certaines scènes, gores !
3) Les personnages secondaires ont tous des caractères fouillés qui les rendent très intéressants
3) C'est plutôt bien écrit
4) C'est super malin, bien mené, bien raconté
5) Le dénouement vous cueillera totalement
6) Les lectrices (lecteurs) que nous sommes toutes (tous) ici ne peuvent qu' être séduits par l'hommage à la littérature contenu dans ces pages ...

Bon, ça vous donne un peu plus envie déjà ? Pour finir, je dirais que j'avais déjà globalement du mal à m'en détacher mais sentais quand même aux 3/4 une très légère baisse de régime de mon intérêt quand ...  a commencé la seconde partie, une cinquantaine de pages avant la fin, et là,  sincèrement, je crois qu'il aurait pu se passer n'importe quoi autour de moi, je ne l'aurais pas lâché avant la dernière ligne !!!
J'ai découvert Pierre Lemaître avec Robe de marié que j'avais bien aimé puis j'avais lu Cadres noirs qui m'avait beaucoup plu aussi par son côté original, enraciné dans la réalité sociale.
C'est Sandrine qui, sur son blog,  m'avait plus que tentée avec Alex, le dernier roman sorti de l'auteur, mais elle m'avait alors conseillé de commencer par Travail soigné (prix Cognac 2006) annoncé comme le 1er de la trilogie Verhoeren dont Alex est aujourd'hui le 2ème opus et je l'ai écoutée.  Si Travail soigné est donc mon 3 ème roman de Pierre Lemaître (bien que ce soit en réalité le 1er qu'il ait écrit, heu ... vous me suivez toujours, là?) c'est aussi mon préféré !  Et je n'ai plus qu'une idée en tête : me ruer au plus vite sur Alex et espérer que le 3ème volet de cette trilogie Verhoeren ne tarde pas trop à sortir ...
Un auteur à suivre, vraiment !

D'autres avis mais uniquement de celles qui savent suffisamment, selon moi,  tenir leur langue : Sandrine (on a eu exactement le même ressenti sur la fin),Cuné et lili du blog des livres et moi.


dimanche 6 novembre 2011

Polisse



Vu hier soir, ça tourne encore en boucle dans ma tête ce matin !
 Le quotidien, comme s'y on y était, d'une unité de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs).Violent, terrifiant, insoutenable par moments, prenant, poignant  mais aussi terriblement humain et drôle, oui ... drôle, vraiment, dans quelques scènes irrésistibles, comme autant de petites soupapes de sécurité, indispensables, pour désamorcer le sordide !


vendredi 4 novembre 2011

Rose ( Tatiana de Rosnay )















Paris 1868. Sous l'impulsion du baron Haussmann, préfet de Napoléon III, la ville ne cesse de changer, sacrifiant des quartiers entiers pour se moderniser. Rose, 59 ans, habite toujours la maison de famille de son époux Armand, décédé 10 ans auparavant. Celle-ci est pourtant promise très prochainement à la démolition, alors dans une longue lettre à Armand, Rose décrit ce nouveau Paris qu'elle ne reconnaît plus, retrace leur vie de couple heureux et tente de révéler enfin son secret toujours tu ...

J' ai aimé revisiter ce Paris oublié en compagnie de Rose, au rythme lent de ses lettres et de sa confession peu à peu distillée. A travers son récit, c'est toute une rue disparue, tout un monde envolé qui reprend vie avec ses petits commerces si nombreux à l'époque, ses caractères bien marqués, ses voisins qui se connaissent tous, comme dans un village. Et on s'y attache et on y est, dans la rue Childebert ou dans la rue des Ciseaux, de plus en plus envahies par la poussière des travaux ... vraiment ! D'autant que sous ses airs sages et doux, Rose cache une âme bien trempée, une détermination plus grande qu'on ne l'aurait d'abord imaginé et nous livre son vécu parfois doux-amer sur les relations filiales, par exemple. Et puis, cerise sur le gâteau, guidée par son ami libraire, Rose se prend peu à peu de passion pour les oeuvres de Flaubert, de Baudelaire, d'Edgar Allan Poe, oubliant pour un temps le présent si menaçant en se perdant dans leurs pages ... Mais ce qui m'a vraiment emballée dans ce roman, c'est l'impression fugace de renouer, par moments, avec certains grands bonheurs de mes lectures adolescentes, quand je dévorais littéralement  Zola, auquel je n'ai pu m'empêcher de penser ! Je me rend compte que je n'ai  pourtant jamais lu La Curée, qui se situe dans le même contexte ... c'est peut-être l'occasion d'y remédier !

Merci à Sandrine qui a fait voyager Rose jusqu'à moi !

Saxaoul, Clara, Laure et Stephie en parlent aussi ...


jeudi 3 novembre 2011

Et s'il n'y avait plus de libraires ?


C'est la couverture du Télérama de cette semaine, c'est aussi le thème d'un article de 3 pages ... je ne l'ai pas encore lu mais je me suis dit que ce serait peut-être intéressant d'en faire profiter celles et ceux qui auraient envie de le parcourir sans pour autant acheter le magazine :





Cliquez pour agrandir (un peu) car il faut quand même avoir de bons yeux ... bonne lecture !