Janvier 1944, Mila et sa cousine Lisette arrivent au camp de Ravensbrück. Elles ne sont pas juives mais déportées pour avoir codé des messages à la résistance. Mila est enceinte et le cache, persuadée que la découverte de son état entraînera une mort immédiate. Une mort promise de toute façon par les conditions de vie du camp mais l'espoir, lui, fou, insensé, refuse de mourir tout à fait...
J'ai déjà lu beaucoup sur le nazisme et les camps et j'ai malgré tout l'impression qu'il y a encore et toujours de nouvelles abominations à découvrir, à savoir...
Les enfants sont ici au coeur de ces révélations car après avoir appris l'existence cet été, par l'intermédiaire d'un roman, d'un Lebensborn sur le territoire français,Valentine Goby m'ouvre les yeux sur une autre réalité que j'ignorais totalement : l'existence d'une chambre des nourrissons au sein même du camp de femmes de Ravensbrück. L'idée que des enfants soient nés dans un camp, y aient survécu et pour quelques rares en aient réchappé est tout bonnement incroyable et... miraculeuse ! Et c'est ce miracle de la vie, envers et contre tout, que l'auteure nous donne à voir et à sentir dans ce texte poignant, si noir, si lumineux pourtant...
Pour perpétuer l'indispensable devoir de mémoire, Valentine Goby use de son pouvoir de romancière avec intelligence et sensibilité. En obligeant Mila à se raconter dans l'instantanéité de son expérience, dans le temps présent d'avant la connaissance et les mots posés sur l'horreur, elle livre des émotions brutes auxquelles l'ignorance donne toute leur force, terreurs glacées et folles espérances mêlées. Tenir, pour les femmes de Ravensbrück, consiste alors à se persuader que non, le camp ne les a pas définitivement coupées du monde, qu'il en fait tout simplement partie... la preuve : on peut même y donner la vie.
Et oui, non seulement on peut mais on doit encore écrire sur ce sujet... merci à Valentine Goby de l'avoir si bien fait !
La page du livre chez Actes Sud, dans laquelle Valentine Goby fait une présentation limpide de son propos : ici !
Ce livre me fait peur, je crains que le sujet soit trop dur...
RépondreSupprimerIl l'est, c'est sûr ! Mais il est plein d'espoir aussi...
SupprimerJe crains aussi ce livre même si je tourne autour... Le sujet des bébés est sensible en ce moment.
RépondreSupprimerSi tu tournes autour, c'est que tu as quand même envie de le lire... mais vu qu'effectivement pour toi, le sujet des bébés est super d'actualité, attend peut-être un peu ! :-)
SupprimerJe lis tous les billets élogieux, mais je suis gênée par l'aspect roman. Peut-être parce que j'ai lu beaucoup de documents et que je m'habitue mal à ce qu'une nouvelle génération qui ne l'a pas vécu s'empare du sujet.
RépondreSupprimerJe comprends que ça puisse gêner mais en même temps, comme pour 14/18, bientôt, il n'y aura plus personne qui l'aura vécu pour en parler et quid du devoir de mémoire ? Alors je trouve Valentine Goby très courageuse de s'emparer du sujet et quand c'est si bien fait...
SupprimerJe connaissais le titre du roman, mais pas le sujet, que je découvre chez toi (tout comme je découvre la réalité qu'il recouvre !).
RépondreSupprimerJ'attendrai de le trouver en bibli mais je pense que je le lirai.
Il vaut la peine d'être lu,oui !
SupprimerHeureuse de te savoir de retour sur ce blog :) ! Tu m'as donnée envie de lire ce livre... Cet été, j'ai lu "Max", en littérature de jeunesse, sur le programme Lebensborn. C'était passionnant et dérangeant à la fois.
RépondreSupprimerMerci Saxaoul ! On a assez peu parlé des Lebensborn, je trouve, et j'ai été stupéfaite d'apprendre l'existence de l'un d'eux sur le sol même de la France. Certains aspects de cette guerre mettent longtemps à émerger...
SupprimerUn titre allemand qui me fait de l'oeil depuis un moment.
RépondreSupprimerLaisse-toi tenter, alors..
SupprimerJ'ai très très envie de lire ce roman... J'aime beaucoup l'écriture de Valentine Goby.
RépondreSupprimerJe suis désolée d'avoir râté ton retour !! Je n'utilise plus aucun générateur de flux alors je râte quelques billets... Bon retour !!! ;)
Oulala, ne t'inquiète pas, ce n'est pas grave ! ;-)
SupprimerSi en plus, tu aimes Valentine Goby alors, oui ... il faut que tu le lises !
Il est à lire, oui , je confirme !!!!
RépondreSupprimerJ'ai lu ton billet...
SupprimerBonjour Véronique, ton billet m'a donné envie de lire ce livre malgré le sujet difficile et je suis tout à fait d'accord avec toi c'est un livre lumineux malgré la noirceur de ce qui est décrit , j'ai trouvé la romancière que je ne connaissais pas particulièrement, extraordinaire de sensibilité et de finesse, quel talent, on pourrait croire qu'elle l'a vécu... elle doit avoir une qualité d'écoute formidable car si j'ai bien compris elle a recueilli le témoignage d'une rescapée et être capable d'en faire ce beau roman, chapeau... je crois que je l'ai lu en apnée la nausée pas bien loin et pourtant jamais eu envie de le poser...
RépondreSupprimermerci à toi de m'avoir donné envie de le lire...
j'en ai eu presque envie de faire un billet de lecture pour reprendre mon blog !
Quelle merveilleuse idée : fais-le et redonne ainsi une impulsion à ton blog qui me manque...
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