dimanche 21 octobre 2012

La vallée des masques (Tarun Tejpal) - Format numérique















Un homme attend dans la nuit qu'on vienne le tuer et déroule l'étrange récit de sa vie. Une vie passée dans une communauté fermée au fond d'une vallée isolée, à poursuivre sans cesse un idéal d'excellence, de pureté jusqu'à devenir un Wafadar, un guerrier d'exception. Ces mêmes Wafadars qui viennent l'éliminer parce qu'un jour, enfin, il a ouvert les yeux et s'est enfui ...

Impressionnée, scotchée, fascinée ... voilà comment je me suis sentie tout au long de ma lecture et toujours, après, avec un peu de recul ! Un livre atypique, tout à la fois conte ensorcelant, fable philosophique et épopée ambitieuse. Cet homme attend une mort qu'il sait inéluctable car on n'échappe jamais totalement au monde d'où il vient ... en entreprenant de nous raconter sa vie entière au plus près, au plus intime, il dessine peu à peu un système implacable, imparable, un univers dans lequel il croit aveuglément puisqu'il est conditionné pour depuis sa naissance. Abandon de l'individualisme et de la propriété, partage absolu de tout, recherche du meilleur de chacun pour le bien de tous, contrôle du corps et de l'esprit par la méditation ... les valeurs de la Confrérie visent à créer une entité unique, libérée des faiblesses habituelles de toute organisation humaine. Une société parfaite en somme, qu'il nous décrit comme telle alors même que ses dérives apparaissent aux yeux du lecteur, de plus en plus monstrueuses, de plus en plus intolérables. Tellement dedans, si bien endoctriné, lui ne voit rien, ne sent plus rien, réduit peu à peu à l'état de robot déshumanisé, prêt à commettre des horreurs en toute bonne foi jusqu'à ce qu'un jour, enfin...  il voit et comprenne. Une fois le doute, la réflexion personnelle sévèrement réprimés et la pensée unique devenue un dogme auquel on ne peut déroger, les idéologies les mieux intentionnées ne peuvent déboucher alors que sur les pires cauchemars.
Servie par un vrai souffle dans le récit, malgré quelques longueurs que je pardonne aisément, cette démonstration habile, impeccable, du mécanisme des sectes en particulier et des totalitarismes et des religions en général m'a vraiment subjuguée. Un livre qui ne ressemble à aucun autre.
Et une couverture à la hauteur du propos ...

Extrait : "Puisse-t-il faire germer en eux le seul état -s'il en existe un- qui dépasse en grandeur la musique ou l'amour. Le doute. Puisse-t-il toujours alterner avec la foi comme la nuit et le jour."

Les avis d' YvYspaddadenClara, impressionnés également ... mais si Mango et Sandrine le qualifient de bon ou beau roman, c'est toutefois avec un léger bémol.


12 commentaires :

  1. Je l'ai noté depuis le billet d'Yv, je le prendrai à la bibliothèque dès que je pourrai.

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  2. PS. Toi aussi tu as succombé à Lou Doillon, ça nous fait au moins un goût commun :-)))

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    1. Et c'est si rare en matière de musique que ça mérite d'être souligné, en effet ! :-D

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  3. Encore un à emprunter, à acheter, à lire en tout cas ! J'avais beaucoup aimé Loin de Chandigarh, malgré un début un peu laborieux, mais pas accroché à L'histoire de mes assassins. Les avis sont meilleurs sur ce dernier.

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  4. j'avais bien aimé loin de chandigarh aussi...mais je ne sais pas si je suis tentée...
    par contre Lou Doillon je dis oui!!!

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  5. Impressionné effectivement, c'est le mot.

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    1. Tes avis me sont particulièrement précieux en ce moment , on est totalement d'accord sur 2 livres , coup sur coup ! ;-)

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  6. Réservé à la BM, je l'attends avec impatience.

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