lundi 9 avril 2012

Enola game ( Christel Diehl )















Une nuit, il ya eu des explosions et puis une "grande lumière" et puis ... plus rien ! Depuis, elle reste seule chez elle cloîtrée avec sa fille de 4 ans, respectant les consignes criées au  mégaphone par des militaires, le 2 ème jour. Il n'y a plus d'électricité, plus de communications, aucune info ... juste une distribution journalière de vivres de survie et d'eau. Alors elle vit sur ses réserves, pensant à son compagnon et à sa fille aînée au loin, réinventant chaque jour comme elle peut un semblant de vie normale pour la petite, malgré la faim, le froid, la solitude,  la peur terrible ... 

Après une fille vivant seule dans des conditions particulières avec son père (voir billet précédent) j'enchaîne avec le huis-clos d'une mère et de sa petite, non choisi celui-ci. Comme l'ont déjà souligné Ys et Kathel, c'est un thème récurrent en littérature depuis quelques temps, l'enfant seul avec l'un de ses parents dans des circonstances extrêmes ou apocalyptiques : La route,  Sukkwan Island, Room, l'Abandon ... avec Enola game, j'ai tout de suite pensé moi aussi à En un monde parfait de Laura Kasischke, dans une version plus dramatique encore ! Car si la mère a choisi d'appeler" le jour de la grande lumière " Enola game, par un jeu de mot rappelant le nom de l'avion qui largua la 1 ère bombe atomique sur Hiroshima, on comprend vite que ce n'est pas par hasard, que oui, la catastrophe est très certainement de cet ordre là et ... que les choses ne vont pas aller en s'arrangeant. Et c'est d'un coup l'occasion  de mesurer les choses à l'aune de leur importance réelle : la longue hésitation entre 2 smartphones, tous les 2 aussi inutiles l'un que l'autre à présent, les milliers de morceaux de musique enregistrés sur un MP3 jusqu'à la saturation, jusqu'à ne plus savoir quoi écouter, le manque de temps pour soi, tout d'un coup devenu illimité, terrifiant ! C'est aussi le moment de revenir sur les grands moments de sa vie : les chagrins, les joies, les naissances,  les êtres chers disparus ... celui de s'angoisser pour les autres, encore vivants, déjà morts peut-être et alors, où, quand  comment  ... celui encore de laisser libre cours à une passion longtemps contenue, lire et écrire, écrire au long des nuits pour conjurer l'angoisse, l'incertitude,  l'insomnie ... celui, enfin,  de tout tenter pour protéger  sa fille, le seul trésor encore en sa possession, le plus longtemps possible, contre le manque, les privations, l'horreur, la barbarie qui vient ...
Voilà un petit livre (à la jolie couverture) bien grand finalement ! Petit par le nombre de pages, grand par sa force et sa puissance d'évocation car si, comme la mère, on oublie preque par instants l'extrême gravité de la situation, au fil de la nostalgie et des jolies choses convoquées par la mémoire, on sait bien malgré tout la menace qui grandit, la tension qui monte inexorablement, l'évolution tragiquement prévisible ....
Grande douceur et atroce violence mêlées, un premier roman fort et marquant !

Comme je n'ai pas beaucoup de temps, je vous renvoie simplement vers le billet tout récent de Kathel qui vous conduira vers celui d'Aifelle et vers plein d'autres encore (merci Kathel d'avoir déjà fait le boulot ! ;-))


22 commentaires :

  1. pour quelqu'un qui n'a pas le temps, tu as écrit un très joli billet ! ;-)

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    1. Merci Kathel ! Je voulais juste l'esquisser et puis je me suis laissée un peu emballée, laissant en plan les chambres à faire et les draps à repasser ... maintenant , j'ai interêt à y retourner dare dare !!! ;-)

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  2. Mais oui, les chambres attendent.... Voilà à quoi on reconnait une vraie lectrice, et une vraie blogueuse. Terrible, non?
    ceci étant, je vais bientôt être le seule à ne pas l'avoir lu, j'assume!

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    1. Oui, terrible ! Heureusement que je n'avais pas d'autres hôtes qui arrivaient, quand même !!! Ah ... la peur d'être déçue à force de ne lire que des avis positifs , une mésaventure qui m'est arrivée il y a peu avec La liseuse ! :-(

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  3. Douceur et violence, oui, c'est cela ! Une lecture marquante...

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    1. Oui, j'ai lu ton billet ! Et c'est vrai que je trouve " l'objet livre " très beau aussi ...

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  4. J'attendais ton avis, tu es presque une spécialiste du genre, j'ai l'impression que tu n'en manques aucun. Il a sa petite musique personnelle celui-là et son point de vue bien à lui. J'ai beaucoup aimé .. jusqu'au bout.

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    1. Spécialiste ... non quand même mais c'est vrai que j'aime beaucoup et si j'en repère un, je le laisse rarement passer !

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  5. Je n'ai lu que des bonnes critiques sur ce livre. Je le lirai si je tombe dessus, c'est certain !

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  6. Voici ce que j'avais écrit chez Aifelle:

    "Des billets élogieux ici et là mais je crois qu'actuellement le huis clos n'est pas trop pour moi.
    J'avais découvert l'a passé cette maison d'édition mais il me semble qu'à l'époque ils publiaient surtout et essentiellement des nouvelles.
    Ce que j'avais trouvé innovant c'était la possibilité de télécharger le livre sur une tablette directement depuis un code sur la couverture du livre.
    Je ne sais si notre Pyrénéenne est passée à la tablette mais voila qui devrait l'intéresser "

    Bonne soirée

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    1. Je ne suis pas passée à la tablette mais j'envisage sérieusement de me faire offrir une liseuse SONY pour mon anniversaire dans un mois et demi. Le code en question se scanne avec un Iphone ou Androïd ( smartphone Samsung ou tablette Kindle entre autres) et je n'ai rien de tout ça mais il il y a aussi un lien pour aller télécharger sur son ordi ... en tout cas, je trouve l'objet livre en lui-même très beau ( format, grain et couleur de la couverture, illustration et pagination ... )
      Bises et bonne journée ...

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  7. Je viens tout juste de le refermer. Billet à venir... un de ces jours ;-)

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  8. Surprenant ce thème récurant du huis clos, nos auteurs sont donc bien sombres quant au présent ou à l'avenir ?! je me suis fait la même réflexion que Kathel, pour quelqu’un qui manque de temps tu nous a concocté un billet bien alléchant...

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    1. Il faut croire que la période n'incite pas à l'optimisme, effectivement ! Quant au billet, je l'ai vraiment rédigé sur le vif, me laissant entraîner au-delà de ce que j'avais prévu au niveau de mon temps car encore sur l'impression laissée par ma lecture ! Je suis sûre qu'il te plairait énormément : il est fin et délicat, sensible ... d'ailleurs, depuis le temps qu'on en parle, il va falloir qu'on finisse par se voir, pour s'échanger des livres déjà et puis pour le plaisir avant que ma saison d'été ne me prenne complètement ...

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  9. C'est vraiment un très beau roman sur la maternité. Mais pas que...

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