mercredi 19 octobre 2011

Nagasaki ( Eric Faye )















Célibataire, la cinquantaine, Shimura-San a une vie plutôt terne. Après sa journée de travail appliquée, sans surprises, il regagne toujours seul sa petite maison de la banlieue de Nagasaki. Enfin, sans surprises, ce n'est pas si sûr car depuis un moment, il ressent comme une présence invisible chez lui et de la nourriture disparaît ... 

C'est le billet récent de Cathulu qui m'a donné envie de lire ce roman. Il avait fait pas mal parler de lui à l'époque de sa sortie et comme il vient de paraître en poche, il n'y avait donc aucune raison de s'en priver et ... il n'y a rien à regretter ! Extrapolant à partir d'un fait réel qui a bien eu lieu au Japon,  Eric Faye nous livre un texte court et précis, sans fioritures, qui aborde pourtant une grande variété de thèmes et de sentiments mais tout en retenue, sans démonstration, comme on se plaît à imaginer les japonais. L'argument de départ est celui de la violation de l'intimité, du cocon protecteur où chacun d'entre nous a besoin de se replier à l'abri du monde (ayant souvent des "inconnus" dans ma maison de part mon activité,  j'y ai été particulièrement sensible) mais solitude, indifférence, difficulté des rapports humains, poids du passé, attachement aux racines, honte, culpabilité aussi bien que crise économique, précarité sociale et déshumanisation de la société sont autant de questions abordées en peu de pages et peu de mots. J'avais été intriguée par le sujet et le récit a donc su maintenir mon intérêt  jusqu'à la fin, plus inattendue qu'on ne l'aurait crue.

Extraits : 

"Des collègues que d'ordinaire rien ne détournait de leurs écrans (A quoi bon mettre au point de couteux robots puisqu'ils existent déjà ?) allongeaient le cou, haussaient les sourcils, échangeaient des regards, à ce seul mot prononcé sur un ton empressé, anxieux, police ? "


"Dans le bac à sable où les enfants jouaient au capitalisme, on vient d'égarer la règle du jeu."


"Même chez nous, dans les services météorologiques, on évoque des compressions d'effectifs, à croire qu'il y a moins de phénomènes climatiques ou que l'on va fermer des mers, ce qui ne serait au fond que justice puisque certaines sont vides."


"Le nous meurt. Au lieu de se regrouper autour du feu, les je s'isolent, s'épient. Chacun croit s'en sortir mieux que le voisin et cela, aussi, c'est probablement la fin de l'homme."


"Je lisais un roman pris au hasard , dans la bibliothèque du salon. C'était un livre prenant, sur l'idée du double. J'avais oublié le monde; je n'entendais plus rien des autos en orbite autour du centre, plus rien des jappements du petit shiba d'à côté."



11 commentaires :

  1. Tous les thèmes que tu cites me parlent à moi aussi. Je le note.
    ( Par contre, celui que tu lis en ce moment, je l'ai lâchement abandonné en son temps)

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  2. Pour l'instant, c'est un peu tristounet, c'est vrai ...

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  3. Bon... Je l'avais zappé à sa sortie parce que j'avais l'impression qu'on m'en avait tout dit mais il semble que ce soit à lire pour apprécier pleinement, même quand on sait de quoi il retourne.

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  4. Je te confirme, l'intérêt ne réside pas uniquement dans la résolution du "mystère" !

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  5. Le sujet ne m'attire pas du tout. J'essaierai un autre roman pour faire connaissance avec l'auteur.

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  6. Je ne savais pas qu'il était sorti en poche. Bonne nouvelle! Il va vite rejoindre la pile.

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  7. Aifelle : ah non ? comme quoi, tu vois ...

    Voyelle et consonne : et c'est un petit poche donc aucune raison de s'en priver !

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  8. je n'ai lu qu'un seul livre de eric Faye, Nous aurons toujours Paris et j'avais trouvé son écriture et sa sensibilité très intéressantes.

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  9. C'est un livre qui m'a marquée beaucoup plus que je ne l'aurais soupçonné au départ.

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