Mai 68. Flins, l'usine modèle de la Régie Renault, une vraie ville dans la ville, compte alors 23.000 employés. Parmi eux, une bande de copains profite au mieux du système pour mieux profiter de la vie : petites combines, "perruque" et "coulage" améliorent le quotidien dans une ambiance bon enfant. Mais quand la paye des 23.000 salariés est braquée, la petite bande doit faire profil bas. Heureusement, l'attention générale est bientôt monopolisée par les événements...
Belle surprise que ce premier roman rafraîchissant vers lequel je ne serais peut-être pas allée spontanément si le service de presse des éditions Albin Michel ne me l'avait pas proposé !
Ce retour vers une époque qu'on a tous l'impression d'avoir un peu connue et sur laquelle on se penche avec tendresse et une sorte de nostalgie amusée est vraiment savoureux. Et si certaines expressions ou attitudes m'ont semblé familières, j'ai été bluffée en revanche par la description de l'usine et de ce qui s'y passait. Le travail était dur certes et dangereux mais à côté de ça, quelle liberté, quelle latitude pour s'exprimer, se marrer, se rencontrer, se connaître, se lier et bien sûr améliorer l'ordinaire par la débrouille. La solidarité n'est alors pas un vain mot, le syndicalisme, la lutte sociale ont un sens et Flins est un microcosme fascinant, un monde à part entière pour toute une catégorie de la population. Et puis, l'analyse distanciée des événements de 68 et la relation improbable créée par la force des choses entre étudiants privilégiés, ouvriers de base et anarchistes purs et durs ets franchement intéressante.
A travers les aventures loufoques de ce petit clan de pieds nickelés ouvriers, inspirées de vrais témoignages, Richard Gangloff fait revivre avec gouaille tout un pan de l'histoire et du patrimoine français et donne du fond sans en avoir l'air à un livre 100 % divertissant.
Merci, encore une fois, à Albin Michel pour la découverte...
J'adore la citation de fin, en forme d'épilogue, de l'un des héros du roman :
Flins aujourd'hui
"C'est trois mille cinq cent personnes, zéro défaut, zéro accident du travail et zéro pollution. Bravo, mais ils doivent se faire bien chier. "
Quelle note d'humour pour finir un roman.
RépondreSupprimerN'est-ce pas ? ;-)
SupprimerEt qui conclut parfaitement bien le roman de toute une époque, bien loin de cet esprit là !!! :-D
La réalité de la conclusion est un rien différente ! 2800 personnes, pas de zéro défaut (impossible), pas de zéro accident du travail (loin de là!) et bcp de maladies musculo-squelettiques et de dépressions, pas vraiment de zéro pollution ... Et oui ils se font bien chier mais surtout en chient pas mal non plus ! sauf quand il y a grève comme dernièrement ! Une retraitée qui a toujours l'oeil et le coeur vers son usine ... Fabienne
SupprimerBienvenue ici (malheureusement vous êtes anonyme) car ça pourrait être passionnant d'avoir l'avis plus développé de quelqu'un de vraiment concerné ce qui, bien sûr , n'est pas mon cas ... j'ai eu seulement retrouvé dans ce livre l'écho d'une certaine ambiance "ouvrière " que l'on est nombreux à avoir un peu connu, par l'intermédiaire de nos grands-parents notamment ...
Supprimer"par l'intermédiaire de nos grands'parents ?", fichtre, tu me fais peur d'un seul coup. J'étais déjà une très grande fille en 68, qui travaillait et si je n'étais pas à Flins, ce monde-là je l'ai bien cotoyé. Je note ce roman.
RépondreSupprimerHeu ... oui, mes 2 grands-pères étaient ouvrier à la base même si ce n'était pas en usine et moi, en 68, j'avais 5 ans !
SupprimerJe passe vite, je viens de le recevoir
RépondreSupprimerJe lirai ton billet avec plaisir ...
Supprimer