vendredi 5 mars 2010

Julius Winsome ( Gerard Donovan )
















Julius Winsome, 50 ans, vit seul depuis des années dans un châlet très isolé au coeur du Maine. A l'amitié virile des chasseurs, nombreux dans cette région, Julius préfère la compagnie des milliers de livres que son père lui a légués ainsi que celle de son chien Hobbes. Le jour où celui-ci est abattu par un chasseur, tout dérape et le fusil que le grand-père a rapporté de la 1ère guerre mondiale reprend du service ...





Même si je n'en avais pas entendu parler sur les blogs, je pense que la couverture m'aurait à coup sûr attirée ( et oui , encore ! ). Mais j'ai  lu plusieurs avis positifs, je venais à peine de finir Sukkwan island qui parle aussi (même si  le choc ressenti avec le 1er est incomparable) d'isolement dans une nature hostile et de dérapage psychologique et puis, un homme qui passe 6 mois d'hiver à lire des livres dans un châlet en buvant du thé .... qu est-ce que vous voulez faire ! Il a fallu que je l'achète , là tout de suite ! Et je ne le regrette absolument  pas. Car vraiment je l'ai aimé ce Julius là, avec toute son originalité, son étrangeté ... il faut bien reconnaître en effet qu' il est vraiment singulier, un peu misanthrope mais  pourtant si doux, si délicat, si raffiné. Opaque, impénétrable à certains moments, peut-être un poil inquiétant  ... oui , inquiétant  quand il finit par péter les plombs, même si, bien que ne cautionnant pas ses actes, je ne suis jamais arrivée à lui en vouloir réellement ! Car surtout Julius est sensible ... trop ... jusqu' à l'hypersensilité ou jusqu'à ... l'  insensibilité, pour se protéger, parce que ça a appuyé trop fort là où ça fait mal, parce que la beauté mais aussi la cruauté du monde extérieur sont venues  le chercher jusqu'à la porte de son châlet, l'ont rattrapé. Entraînée par l'ambiance et les événements, je n'ai pas prêté attention à l'écriture de façon consciente ou appliquée mais elle m'a paru simplement belle , m'a portée. Et là où je déplorais il y a peu dans la Librairie des ombres l'échec à communiquer la magie de la lecture, elle est ici partout présente, visuelle et très sensuelle ... sons, odeurs, sensations au bout des doigts, rêveries , réminiscences ... avec un plaisir à manier la langue qui explose littéralement par l intermédiaire de Shakespeare, comment ne pas y être sensible ?  J' ai d'ailleurs appris avec bonheur (malgré l' horreur contenue dans le mot , et  là on change d' époque , rien à voir avec Shakespeare) l'origine du mot sniper. Il est aussi question de guerre et de paix, de silence et de bruit, de violence et de sérénité. Amour des mots, de la nature, amour tout court ... la puissance des éléments et  des sentiments y  vibre avec force , à l' unisson.
Je pense que vous l'aurez  déjà compris , j'ai beaucoup aimé ce livre ...

Extraits :

" La bibliothèque couvrant les murs de tout le châlet et certaines pièces , plus éloignées du poêle , étant plus  sombres  et plus froides que d' autres , il y avait donc des romans chauds et des romans froids."

" Mon père appelait le châlet " un avant-poste d' Alexandrie dans le Maine " en hommage à la bibliothèque grecque, et son grand plaisir , au retour du travail ,était d' étendre ses chaussettes devant le poêle , qui se mettaient bientôt à fumer, puis , vêtu de son épais chandail et après avoir allumé sa pipe , il me demandait d' aller lui chercher tel ou tel livre. "


" En été , j' avais un cercle de fleurs pour arrêter la forêt , en hiver un cercle de livres pour arrêter le froid ... "


" Seules les phrases courtes et les longues pensées peuvent survivre en ce lieu ... un hiver dure cinquantaine  livres et vous fixe au silence tel un insecte épinglé , vos phrases se replient en un seul mot , le temps suspend son vol , midi ou minuit c' est bonnet blanc et blanc bonnet . Chaque coup d' oeil rencontre de la neige. Chaque pas s' enfonce vers le Nord. Voilà l' heure du Maine , l' heure blanche. "

" Nous avons appelé le chien Hobbes du nom du philosophe. C'est le premier nom sur lequel on est tombés quand on a choisi un livre au hasard sur l' étagère ... C' aurait pu être tout aussi bien Charles que Hugo , Stevenson ou Léviathan, heureusement qu' on n'est pas tombés sur le dernier à cause de toutes les syllabes. "

 " Si je devais en une phrase résumer ma vie jusque là , je dirais qu' à un certain moment j'ai vécu dans un châlet durant cinquante et un ans."

" Ce que j' avais voulu dire à cet homme, comme il marchait devant moi dans les bois, c' était que je n' avais pas assez de sensibilité là où j' aurais dû en avoir et trop là où je n' aurais pas dû. Evite les types comme moi et tout ira bien pour toi. C' était ce que j' avais eu l' intention de lui dire mais ça n' est jamais sorti. "

Les billets de   L'or des chambres , laure , Brize ( l' explication de la 4 ème de couv concernant le parallèle avec le personnage de Camus ne me satisfait pas non plus ) Dominique ...


12 commentaires :

  1. Je l'avais repéré chez les blogueuses que tu cites, donc un avis positif de plus. Je surligne.

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  2. Je suis ravie de voir que tu l'as aimé autant que moi... Toi non plus tu n'as pas réussi à détester Julius... Un très bon livre et un auteur qu'il faudra surveiller de près. Bonne journée (et merci pour le lien)

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  3. Aifelle : oui , très positif même. J'ai vraiment aimé et je pense que ça te plaira aussi !

    L'or des chambres: je pense qu' effectivement je surveillerai d'autres parutions cer celui-ci m'a vraiment séduite ...
    Bonne journée à toi aussi ...

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  4. En plus il sort en poche ce mois-ci , je vais craaaaquer !:)

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  5. Tu en parles avec passion et je sens que tu n'as été autant perturbée par le personnage (et ce qu'il fait) que je l'ai été.

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  6. Cathulu : alors là , plius aucune raison valable de ne pas craquer effectivement ! :-D

    briez : oui , à la relecture de ton billet , je crois que ça m'a moins pertubée que toi , que j'ai été plus dans l' empathie et moins dans l' indigantion !

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  7. Pas de l'indignation, mais j'étais dans l'incapacité de le comprendre de l'intérieur : à l'opposé de l'empathie, quoi ;) !

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  8. Brize : hé bé déjà , félicitations d' avoir réussi à lire mon billet avec pas mal de lettres un peu beaucoup dans le désordre ... je me rends compte que ça m'arrive de plus en plus souvent !!! :-(
    Sinon , ça corrobore le débat lancé aujourd'hui avec Eric : chaque lecteur a bien un ressenti qui lui est personnel !

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  9. Pas remarqué tes fautes de frappe : ne t'inquiète pas, notre oeil corrige très souvent, sans même s'en rendre compte, ce genre de choses (parce que la plupart du temps nous ne déchiffrons pas mais saisissons les mots globalement)... raison pour laquelle, d'ailleurs, nous ne voyons pas non plus les nôtres !

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  10. J'ai pour principe de noter tes coups de coeur...et quand en plus ils sortent en poche, plus aucune excuse.
    D'accord avec la remarque de Brize sur notre façon de lire. Il m'arrive de passer et repasser sur l'une de mes fautes sans la remarquer. Heureusement Frédéric passe toujours derriére moi et lui, il déchiffre! Normal il ne lit pas ;-)

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  11. Whaou ... il vaut mieux pour toi que je n'en ai pas trop souvent , alors ! Prie pour que mes dernieres folies ne soient pas toutes des coups de coeur car sitôt parues , sitôt achetées ! :-(
    Au fait , en passant ... bises au " déchiffreur " ! ;-)
    D' ailleurs , tu voulais bien dire déchiffreur ou plutôt défricheur ??????
    ;-)))))))))))

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